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Clémentine Martin
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6 déc. 2019
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Dominnico, la marque de luxe millennial qui fait craquer les stars de la pop

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Clémentine Martin
Publié le
6 déc. 2019

Domingo Rodríguez est perfectionniste jusque dans les moindres détails. C’est en tout cas l’impression que dégagent les coulisses de son dernier défilé à la Mercedes-Benz Fashion Week de Tbilisi, qui a eu lieu début novembre dernier. Évoluant comme un tourbillon en backstage, ce créateur originaire d’Alicante, âgé de 24 ans seulement, est la tête pensante de la marque Dominnico. Donnant des instructions précises aux mannequins transformées en lolitas pour l’occasion, il s’active et ajuste les robes en tulle aux tons pastel de sa collection « Harajuku Kids », alors que les invités internationaux se pressent pour venir le féliciter. Une fois l’agitation retombée, FashionNetwork.com a pu s’entretenir avec le phénomène que les divas de la pop s’arrachent.


Les créations de Dominnico ont été présentées en Géorgie - MBFW Tbilisi


"Cette collection s’adresse à une femme plus mature, les silhouettes sont plus amples. Nous avons conservé les signes distinctifs de la marque, comme le travail du cuir ou la fourrure naturelle, et nous les avons associés avec de l’impression 3D, de la découpe laser et des matières innovantes", résume Domingo Rodríguez. Sa collection s’inspire des "club kids des années 90 et d’un voyage au Japon effectué il y a trois ans", ainsi que de "la nouvelle ère des réseaux sociaux, du futur proche où nous emmènent les influenceurs virtuels comme Lil Miquela ou Ruby Gloom et les artistes audiovisuels comme Six N. Five."

Présentée sur le podium Samsung EGO de la dernière édition de la Fashion Week de Madrid, « Harajuku Kids » a reçu le prix Mercedes-Benz Fashion Talent, accompagné d’un voyage à Tbilisi, la capitale de Géorgie. L’occasion pour le créateur de faire à nouveau défiler sa collection et de tenter de séduire de nouveaux marchés étrangers.

De chargé du repassage à habilleur de stars



La marque n’a que trois ans, mais le parcours a été semé d’embûches. Le créateur a participé à un programme pour les jeunes talents à Budapest avant d’être repéré par la Fashion Week d’Alicante. Il a aussi officié en coulisses de l’événement 080 Barcelona Fashion en tant qu’assistant repassage, avant d’y participer grâce à une vente pop-up. Des étapes qui ont précédées la reconnaissance dans la capitale et le succès médiatique. "Dans mon cas, le miracle est arrivé grâce aux réseaux sociaux", concède le jeune homme.



Le créateur espagnol a déjà habillé des stars de la scène musicale comme Rosalía et Lady Gaga - Instagram: Dominnico


Doté d’une solide formation en Haute Couture et fourrure, Dominnico a aussi eu le talent de savoir comprendre le langage de son époque. "Il ne suffit pas que la bonne personne porte l’une de tes créations pour connaître le succès. J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là, j’ai maintenu un contact permanent avec des magazines de mode et des revues, j’ai essayé de développer mes relations publiques", explique-t-il. Et sa compréhension des codes du secteur a joué en sa faveur : "Par exemple, une publication dans Glamour est valorisante pour moi, c’est de la publicité gratuite. Mais si Dulceida porte l’une de mes pièces, je gagne 400 followers d’un coup, ou 600 si c’est Rosalía. Ce sont elles qui sont en mesure de générer ces chiffres. Même si tous ces nouveaux followers ne font pas forcément partie de ma cible", nuance-t-il.

L’étape suivante, ce sont les grandes stars de la pop : "Je crois que dans la mode, il faut travailler sur un secteur de niche, bien le connaître et savoir comment le toucher", analyse-t-il. Cette étonnante assurance pour son âge lui a permis d’habiller l’icône de son adolescence : Lady Gaga. "C’était mon idole, je suis très pop. C’était très important pour moi que ma marque le reflète, en s’adaptant aux besoins actuels", explique-t-il. Le créateur et la chanteuse ont su créer un dialogue entre influences baroques et minimalisme.

« Je travaille main dans la main avec le bras droit de Virgil Abloh pour la maroquinerie »



Une fois ce rêve réalisé, quel est le prochain objectif ? : "Continuer à travailler comme un acharné et après… il y a parfois d’heureux hasards", sourit-il. Il se remémore les débuts de son travail sur la garde-robe pastel de la tournée de Rosalía, en février dernier. Et ce n’est pas tout : le créateur dévoile qu’il aura "bientôt un contact avec Taylor Swift". Il poursuit : "Au final, quand on fait de la mode, on en vient à produire cet effet que certains artistes nous font. On le comprend, on capte les codes qu’ils utilisent à un moment donné", explique-t-il en riant.


La collection printemps/été, intitulée Harajuku Kids, a d’abord été présentée lors de la MBFW Madrid - Ifema


Pour sa confection, la marque fait appel à un savoir-faire artisanal. Son public cible est une femme âgée de 35 à 45 ans avec un pouvoir d’achat élevé. "Je travaille avec Gratacos, la meilleure maison de tissus de luxe d’Espagne. Mes créations peuvent être regardées sous toutes les coutures, la qualité est impeccable. Ce sont des pièces raffinées ; si je crée une robe en tulle, elle n’aura pas l’air d’un déguisement", assure-t-il. Cette année, la marque "a prospéré grâce aux collaborations et des chaussures", distribuées dans 40 pays grâce à un partenariat avec Art Company Shoes. Il faudra attendre janvier prochain pour découvrir les nouvelles bottes à plateforme de 25 centimètres.

Les accessoires sont aussi essentiels pour Dominnico : "Actuellement, je travaille main dans la main avec le bras droit de Virgil Abloh en charge de la maroquinerie de Louis Vuitton et Off-White. Il pourrait suffire de quelques mois pour que tout prenne une autre dimension", soupire-t-il avec émotion. La marque va renoncer à l’utilisation de fourrure naturelle d’animaux exotiques. "Je viens du secteur du luxe, avec des peaux et des créations sur-mesure. Cet univers m’a beaucoup inspiré, mais la prochaine collection sera « cruelty-free »", revendique-t-il. Et pourquoi ne pas faire défiler ces pièces à Paris à l’avenir ? "Je crois que ce sera mon idéal d’ici deux ans, mais il me reste encore des étapes à franchir", médite le jeune créateur. "Actuellement, ma qualité de confection est de 100 % : je dois chercher à atteindre 200 %. Mes coupes sont extrêmes, je vais devoir les aérer et gagner en fluidité pour respecter les codes de la Fashion Week", explique-t-il. Ses projets d’avenir sont aussi précis que les coupes de ses robes de rêve.

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