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19 févr. 2023
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Ecartée des podiums, la taille 42 entre en résistance

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AFP-Relaxnews
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19 févr. 2023

La mode est-elle réellement devenue inclusive ? On ne peut nier les avancées réalisées ces dernières années en termes d'identités, de morphologies, ou d'ethnies, mais l'industrie semble toujours exclure certains critères de ses podiums et campagnes. C'est le cas de la taille moyenne, le fameux 42, qui n'a jamais été mis en lumière par les acteurs du secteur, mais entend bien s'imposer dans la fashion sphère.



À en croire la dernière campagne de mensuration nationale organisée par l'Institut français du textile et de l'habillement (IFTH). Plus d'un tiers des femmes (37%) portent un 40 ou un 42 dans l'Hexagone, contre seulement 5% pour un 36 et 9% pour un 46, témoignant de l'importance que devrait avoir cette taille dans la mode. Et même si les mensurations moyennes sont plus élevées aux Etats-Unis, force est de constater que les femmes sont découragées, sinon agacées, de ne pas voir davantage de mannequins de taille moyenne sur les podiums ou dans les campagnes publicitaires, et ce partout dans le monde - ou presque.

Un ras-le-bol qui s'est emparé des réseaux sociaux, au point que les hashtags #midsize et #midsizefashion (taille moyenne, et taille moyenne dans la mode, en français) culminent désormais à 4,2 et 2,7 milliards de vues. Une résistance semble s'organiser pour sonner la fin de l'invisibilité du 42, une taille moyenne dont les femmes ne veulent pas - ou plus - avoir honte. Né en 1996, mais démocratisé il y a quelques années seulement, le mouvement body positive entend faire accepter et reconnaître tous les types de corps humains, dont la taille moyenne fait par essence largement partie. Une chose actuellement peu - voire pas - prise en compte par les mastodontes du prêt-à-porter et de la couture.

Une mode toujours excluante



Les podiums sont devenus ces dernières années plus hétérogènes, avec davantage de mannequins noires, par exemple, mais aussi des morphologies plus diverses. Signée par deux géants de la mode, une charte a exclu dès 2017 les mannequins taille 32 ou âgées de moins de 16 ans des podiums et publicités, puis le mouvement body positive, porté par les réseaux sociaux, a permis de voir apparaître des mannequins plus size. Des avancées à saluer, bien qu'excluantes pour celles - et on l'a vu, elles sont nombreuses - qui se situent entre un 34-36 et un 48-50. Car les mannequins taille 40-42 sont loin d'être légion sur les podiums, comme l'a fait remarquer Alexandra Van Houtte, fondatrice de Tagwalk, au New York Times. La base de données du moteur de recherche spécialisé dans la mode ne répertorie à ce jour que trois mannequins midsize - dont la taille oscille entre le 40 et le 44 - contre plus de 80 mannequins dits 'curve' - dont la taille est supérieure au 44.

La dernière Fashion Week, orchestrée en septembre et octobre 2022, a d'ailleurs été critiquée pour avoir renoué avec un certain culte de la minceur. Chose qui n'est pas sans lien avec le retour de la mode des années 2000, et donc des silhouettes qui la représentent pour porter taille basse, mini-jupe, et autres crop tops en vogue durant cette décennie. Et l'influenceuse ultime, Kim Kardashian, qui a avoué avoir perdu plusieurs kilos pour rentrer dans la robe de Marilyn Monroe pour le Met Gala, et dont la silhouette a considérablement changé, n'y est sans doute pas étrangère non plus. Résultat, toujours selon la créatrice de Tagwalk, plus de la moitié des shows n'incluaient pas de mannequins n'épousant pas les tailles 32-34.

Un nouveau combat



Si les mannequins plus size ou curve sont aujourd'hui davantage représentées sur les podiums des plus grandes maisons de couture, il semble désormais nécessaire, sinon indispensable, de mettre en lumière le corps de la majorité des femmes. La mannequin Jill Kortleve contribue à apporter sa pierre à l'édifice pour changer la donne. La jeune femme, qui a longtemps tenté d'intégrer les standards de la mode de luxe, a un temps été considérée par les grandes maisons et créateurs comme une modèle plus size, alors qu'elle porte du… 42. L'Hollandaise a désormais intégré le cercle très fermé des mannequins plébiscitées par ces marques de renommée mondiale, défilant régulièrement pour Chanel, mais aussi Jacquemus, Alexander McQueen, ou Coperni, mais elle n'est que l'une des rares exceptions qui confirment la règle.

Sur les réseaux sociaux, et notamment TikTok, la résistance s'organise doucement mais sûrement. A travers les hashtags dédiés à la taille moyenne, figurent des vidéos prenant la forme de tutoriels pour aider les femmes à trouver des coupes et pièces adaptées à leurs morphologies, mais aussi de nombreux coups de colère. Il s'agit pour certaines d'évoquer les complexes liés à l'absence de tailles 40 et 42 dans la mode, et pour d'autres de parler de la difficulté de trouver ces tailles dans certains magasins. Et puis il y a celles qui parlent des vêtements qui trônent dans leurs armoires alors qu'ils ne conviennent pas à leur silhouette, du fait de la honte ressentie à l'idée de piocher des pièces dans un rayon 42. Autant de problématiques qui prouvent que la mode n'en a toujours pas fini avec les injonctions, et ce malgré sa propension à dire qu'elle a entamé sa mue pour devenir plus inclusive.

Avec ETX Daily Up

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