998
Fashion Jobs
Publié le
7 juil. 2004
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Fabienne PASTOR, lauréate 2004 du Prix International du Parfumeur Créateur

Publié le
7 juil. 2004

Fabienne Pastor, quel a été votre parcours personnel ? Après mon bac, j’ai fait un DUT de Chimie et je ne me destinais pas du tout à la parfumerie. En fait, je voulais faire de l’aéronautique. Mais un jour, j’ai assisté à une exposition sur la parfumerie et là, j’ai eu le coup de foudre pour cet univers : tout me semblait passionnant, ça correspondait à ce que je sentais en moi. Je me suis donc renseignée pour savoir comment me diriger dans ce domaine. Je me suis présentée au concours de l’ISIPCA et le réussir a été un pas important. Là, j’ai accompli ma première année en stage chez France-Lavande, une société de matières premières dans la Drôme. Mais comme cette approche ne me donnait pas vraiment la possibilité de faire de la composition en parfumerie, j’ai intégré une équipe de Rochas pendant ma deuxième année, où j’ai travaillé au contrôle olfactif. A ma sortie de l’ISIPCA, Rochas m’a proposé un CDI. Là, j’ai été employée au département des produits alcooliques, et j’ai découvert l’importance des problèmes de compatibilité et de couleurs dans cette industrie. L’avantage de travailler chez un grand parfumeur, c’est d’approfondir toute la partie technique du métier, chose que l’on n’apprend pas toujours à l’école… Mais j’étais toujours attirée par la création. Or, il y a 18 mois, une collaboratrice qui travaillait au marketing me demande de réfléchir à un projet pour une nouvelle note. Je rédige donc un brief pour ce projet. J’avais déjà une note en tête avec les matières premières dont je disposais. Je lui ai rédigé un projet et il s’est trouvé que ça correspondait à ce que l’on cherchait. J’ai donc travaillé cette composition et j’ai fait remonter la proposition au marketing. Celle-ci n’a pas abouti, pour différentes raisons, peut-être parce que la création d’un nouveau produit par un parfumeur en interne ne se fait plus beaucoup. Mais comme j’avais mis tout mon cœur dans ce travail, je me suis prise au jeu et c’est ainsi que j’ai décidé de concourir pour le prix.

La règle du jeu, pour le concours 2004, c’était de créer un grand féminin. Comment avez-vous abordé cela ? Quelle dominante avez-vous choisi de donner ? Pour moi, c’était d’autant plus difficile que je ne me sentais pas très à l’aise sur les féminins. Je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais. Et comme j’aime beaucoup les notes boisées, j’ai décidé de travailler ces notes en les déclinant au féminin. J’avais en tête un parfum connu Féminité du Bois (Sisheido), et j’ai donc cherché à développer un produit qui s’y apparente. J’ai abouti à une composition très variée, avec une note de tête légèrement fruitée pêche, une note de cœur florale iris et violette et du santal et du patchouli musqué en note de fond. Je ne suis pas partie en voulant fabriquer un parfum qui m’aurait rappelé quelque chose. J’avais surtout envie de travailler sur ces matières premières que j’aimais bien, sans vouloir copier quiconque. Tout cela à partir d’octobre 2003. Quel est l’avenir du parfum que vous avez inventé ? Va-t-il être commercialisé ? Je ne sais pas encore. Dans une perspective de mise sur le marché, il faudrait que je le retravaille pour arriver à un coût plus modeste. J’ai uniquement utilisé des matières premières naturelles car le concours ne fixait aucune contrainte de prix et là, ça chiffre très vite. Pour vous donner une idée, le concentré devrait revenir à 180 € le kilo, ce qui énorme. Vous lui avez donné un nom, même provisoire ? Oui, il s’appelle « Bois précieux ». Sa petite particularité – j’ai oublié de le souligner – c’est une note fruitée bergamote-pamplemousse et une petite note de cannelle qui rehausse le tout. Pour vous maintenant, avez-vous le sentiment qu’un certain nombre de portes vont s’ouvrir ? C’est sûr que c’est une excellente introduction pour prendre des contacts et développer mon projet. » Rappelons pour mémoire les noms de plusieurs lauréats des concours antérieurs : Harry FREMONT (Firmenich), deux fois lauréat, travaille actuellement à New York. Itsuo ISHINO (Takasago) et Jacques CAVALLIER (Firmenich) : tous reconnaissent avoir été encouragés dans leur vocation et sont fiers d’avoir été distingués. Le prix est ouvert à toute personne de moins de 35 ans, sans distinction de nationalité. Le parfum présenté devra être une oeuvre personnelle, non encore commercialisée. Pour l’année 2004, le montant du prix était de 1600 €. L’attribution du prix se fait après délibération d’un jury technique de Parfumeurs confirmés. C’est l’agence Créassence, 1 chemin de Prunay, 78430 Louvenciennes (Tel : 01 30 82 01 64) qui est chargée de l’organisation du Prix international du jeune Parfumeur Créateur. Mickaël Laustriat

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com