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26 janv. 2021
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Face au boom de l'e-commerce, enseignes pas toujours préparées, salariés "rincés"

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26 janv. 2021

Une logistique à revoir dans l'urgence, des salariés sous pression contraints à la polyvalence: en 2020, "ça a été chaud" pour les travailleurs de l'e-commerce, qu'un éventuel reconfinement pourrait à nouveau mettre particulièrement à contribution.


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Pour le groupe Fnac-Darty, l'année 2020 a représenté "dix ans de croissance" des ventes en ligne, selon son patron. E.Leclerc de son côté, a atteint avec 4 milliards d'euros de ventes via le drive en 2020, un chiffre initialement attendu pour 2024. Quelques sociétés ont profité à plein de la crise sanitaire pour se renforcer dans le commerce en ligne.

Mais il a fallu s'adapter dans l'urgence à cette nouvelle demande. "Lors de la première vague, ça a été chaud", estime Cyril Boulay, délégué de groupe FO au sein de Carrefour, pour qui les enseignes "n'étaient pas préparées". L'élu évoque un "raz-de-marée" de commandes, géré de manière totalement improvisée, avec des dysfonctionnements dans les conditions de travail à la clé.

Ajoutée au manque de masques et de gel hydroalcoolique déploré dans l'ensemble du groupe, la nécessité d'un rendement élevé pour les salariés du "drive" a accouché de "trois premières semaines très compliquées", durant lesquelles est apparue une "grosse, grosse, grosse tension" dans le service.

Deuxième vague mieux appréhendée



Thierry Babot, délégué syndical national CFDT Carrefour, se souvient avoir "dû batailler" pour que la participation au "drive" et à la livraison à domicile se fasse sur la base du volontariat. Mais s'"il y a eu certains magasins où les salariés n'ont pas eu le choix", il assure avoir eu assez peu d'échos négatifs liés à l'e-commerce durant la crise sanitaire.

Les deux représentants syndicaux témoignent d'une deuxième vague mieux appréhendée, les erreurs du premier confinement n'ayant pas été répétées.

Même urgence dans le non-alimentaire. Ikea, contraint de fermer durant le premier confinement et pendant la majorité du second car "non essentiel", a consacré d'importants moyens humains au "drive", permettant à Ikea France de limiter la casse en matière de ventes (-7%) sur son exercice décalé achevé au 31 août 2020, soit avant le deuxième confinement.

Mais là encore, les syndicats y trouvent à redire, évoquant "des salariés qui n'en peuvent plus", selon Jean-Paul Barbosa, délégué syndical central CFDT. Il dénonce le redéploiement de nombreux employés sur le "drive" sans formation suffisante. "Des vendeurs ont fini logisticiens", deux métiers pourtant bien différents.

Dans la plupart des magasins Ikea en France, des salariés ont d'ailleurs effectué des débrayages, en décembre, pour protester contre le non-versement de la traditionnelle prime de fin d'année. Une mesure qui s'explique, selon la direction, par l'absence de bénéfice en 2020, mais que les salariés du géant suédois ont eu du mal à digérer après cette année particulièrement éreintante.

Pas un phénomène de court terme



Autre entreprise de plus en plus exposée à la commande en ligne: La Poste, où Eddy Talbot, membre du bureau fédéral Sud-PTT, n'y va pas par quatre chemins en jugeant la situation "cataclysmique".

Fortement sollicités pendant les deux confinements, puis surtout pendant les fêtes, où "deux fois plus de colis ont été distribués", "les postiers sont rincés"... Mais à ses yeux, "la Poste gagne sur tous les tableaux".

Sondée par l'AFP, la direction de cette dernière explique que "les postiers ont fait preuve d'une très forte mobilisation pour traiter jusqu'à 4 millions de colis par jour contre 3 millions" l'année précédente, indiquant avoir renforcé les équipes "sur la période", "pour soutenir les postiers et leur permettre de prendre des congés en fin d'année".

Et pour la suite? David Gaborieau, sociologue au Conservatoire national des arts et métiers, estime qu'il ne s'agit pas de "phénomènes de court terme". La crise sanitaire a accéléré l'évolution de pratiques qui vont durer. D'autant que, face à la circulation des variants du coronavirus, les appels à un reconfinement se multiplient ces derniers jours en France.

Dans ce contexte, le consommateur a un rôle à jouer s'il veut limiter l'impact de sa consommation sur la pénibilité du travail d'autrui, "en diminuant son recours à l'activité logistique". Car, selon David Gaborieau, "toute activité logistique crée ce type de métier", physique et éprouvant.
 

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