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12 nov. 2013
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Filière: les demandes des professionnels français à Bruxelles

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12 nov. 2013

Les professionnels français du textile et de l’habillement recevaient le 6 novembre à Paris le vice-président de la Commission européenne, Antonio Tajani, en charge des questions industrielles. Un dîner en petit comité durant lequel le responsable européen est reparti avec trois volets de demandes émanant de la filière française. Réclamations qui interviennent après des rendez-vous similaires en Italie et en Espagne, avant une ultime rencontre à Londres.

Antonio Tajani - Photo John Thys/AFP


Délégué général adjoint et directeur des Affaires économiques et internationales de l’UFIH, François-Marie Grau a évoqué les attentes de la France en termes de financement des entreprises. Tout d’abord, un "accélérateur" qui accompagnera pendant 6 à 12 mois les entreprises dans toutes leurs démarches, afin de monter en compétence les chefs d’entreprise. Ensuite, l’instauration d’avances remboursables dédiées aux entreprises de mode, afin qu’elle puissent se développer nonobstant des délais de paiement extrêmement longs. Est également évoqué un fonds de garantie, afin de renforcer les trésoreries et d’intervenir en garantie seule ou contre-garantie. Et enfin une assurance crédit, afin de protéger les TPE et PME, à 80 % confrontées aux impayés de clients en difficulté.

Le chapitre de la compétitivité a été abordé par Emmanuelle Butaud-Stubbs, directrice générale de l’Union des industries textiles (UIT). L’organisme demande que soit relevé de 200 à 500.000 euros le seuil de minimis, au-delà duquel les entreprises doivent se soumettre aux services d’intérêt économique général. Elle souhaite également une simplification des procédures de participations aux projets européens de R&D, et un encouragement des PME à répondre aux appels d’offres via un dispositif d’accompagnement. L’UIT appelle en outre à la constitution d'un maillage européen des organismes de formations disposant de savoir-faire rares. Sans oublier l’instauration d’un marquage obligatoire d’origine pour les articles de textile-habillement commercialisés dans l’Union.

Vice-présidente de l’Union des fabricants (Unifab), Emmanuelle Hoffman a naturellement abordé les questions de propriété intellectuelle et d’origine. La révision de la marque communautaire est ainsi évoquée, avec la demande d’un retour aux contrôles des biens en transit, et la mise en garde contre toute mesure visant à affaiblir le système d’épuisement régional des droits. Du côté de la notion d’origine, l’Unifab pointe le vide juridique actuel au niveau européen, mais également au niveau national, avec une absence de réglementation précise. Outre la mise en place d’un paquet sécurité et surveillance, l’Union souhaite voir aborder la question des IGP (indication géographique protégée), un "levier pour relancer l’export". Reste évidemment la question d’Internet, pour laquelle l’Unifab attend de Bruxelles des recommandations et des moyens d’action, et celle de la sauvegarde des actifs immatériels, afin d’éviter la disparition de grands noms du secteur.

"Je pense que l‘on peut être optimiste"

De très nombreuses interrogations et demandes auxquelles Antonio Tajani s'est efforcé de répondre. Alors que la Commission européenne s’est fixé pour objectif 2020 un PIB à 20 % industriel (tous secteurs confondus, contre 16 % actuellement), le vice-président entend se faire à Bruxelles la voix du textile-habillement. Lors d’une longue et riche allocution, Antonio Tajani a notamment livré son sentiment sur la question du "made in". Sujet sur lequel il travaille depuis 1994 et son arrivée au parlement européen. "Je pense que l'on peut être optimiste", explique-t-il. "L’Allemagne n’est pas contre, voire plutôt favorable. Elle demande un marquage pour le pays d’origine où est mené le travail le plus important. Je pense que l’on peut trouver un accord".

En termes de financement, le responsable évoque un projet de dispositif nouveau. Avec l’espoir de voir émerger une union bancaire en Europe. "Nous sommes en train de travailler à la reprise d’une proposition de la banque européenne d’investissement, explique Antonio Tajani. Celle-ci porte un paquet de financement permettant un effet levier portant jusqu’à 100 milliards d’euros. Nous présenterons cette proposition dans quatre mois. En parallèle, il y aura à l'horizon 2020 COSME, destiné à renforcer la compétitivité et l’innovation en Europe. Car pour l’instant, on voit la Chine utiliser la recherche européenne pour se battre contre nos propres entreprises. Il faut donc défendre notre innovation".

"C’est la première fois qu'est menée une grande action européenne pour le secteur qui vous intéresse", insiste le vice-président, qui voit dans la mode et le luxe une carte de visite pour l’Europe. "Avoir une industrie moderne dans ce secteur crucial, c’est également avoir une forte politique du tourisme. Et pas seulement le tourisme au sens premier: je crois beaucoup au tourisme industriel". Le responsable a ainsi invité les organismes tricolores à participer aux voyages officiels européens. Des déplacements auxquels il souhaite apporter une plus grande modernité, pour un accès facilité aux ambassadeurs comme aux ministres étrangers.

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