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Financement des jeunes créateurs: la filière fait le point à Hyères

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9 mai 2012

Alors que le Festival de Hyères faisait émerger de jeunes talents côté concours fin avril, les Rencontres permettaient dans le même temps aux acteurs du secteur de débattre de la manière dont ceux-ci pourront financer leur marque propre. Trois ans après une première table ronde dédiée à ce sujet, cette conférence a permis de faire le point sur les progrès et les reculs. Rapidement, le constat de départ des difficultés particulières que rencontrent les entreprises de mode s'est lui montré inchangé. Les banques et investisseurs privés étant, de l'avis de tous, toujours aussi frileux pour aider de jeunes créateurs dans leurs projets de marque.


De gauche à droite: le consultant Jérôme Helffer, Isabelle Ginestet-Naudin DG de CDC Entreprises, Sylvie Zawadzki déléguée générale de la Fédération Française de la Couture, et Sébastien Saunier, responsable du crédit aux entreprises à l'IFCIC. Photo Pixelformula.

Le consultant spécialiste de cette problématique Jérôme Helffer a par exemple souligné "le caractère cyclique de la création, puisque se superposent trois saisons à financer en même temps, une dimension internationale des revenus et une longue attente du retour sur investissement qui paralysent les banques". Un financement qu'il a qualifié "d'atypique" et dont il a fixé le point mort à "au moins cinq ans, voire plutôt dix".

Tout en partageant ce constat des raisons du découragement des banques, la déléguée générale de la Fédération Française de la Couture Sylvie Zawadzki a rappelé que "les entreprises de mode ne subissent pourtant pas plus de défaillances que les autres secteurs. D'où l'utilité d'outils d'aide pour remédier aux conséquences de cette mauvaise réputation". La conférence a ainsi permis de mettre en avant les deux nouvelles possibilités d'aide aux marques émergentes.

Gérés par l'IFCIC (Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles), les nouveaux fonds de garantie dédié et fonds d'avances remboursables sont effectifs depuis l'automne 2011. "Nous agissons comme un organisme de prêt, notre but étant surtout de rassurer et donc d'inciter les banques à prendre le relais ensuite", a expliqué Sébastien Saunier, responsable de la branche "Crédits aux entreprises" à l'IFCIC. "C'est un système qui a fait ses preuves dans les industries musicale et cinématographique", a-t-il ajouté.

"L'espoir c'est que la création de ces deux outils de prêt qui manquaient vraiment permette au fonds Mode & Finance de jouer véritablement un rôle d'investisseur, et plus seulement de palier à cette lacune", a souhaité Sylvie Zawadzki. Un souhait partagé par la DG de Entreprises, gestionnaire de Mode & Finance. "Il faudrait également que nos finances soient renforcées, a-t-elle ajouté, car pour l'instant les équipes sont frustrées par le budget de 400 000 à 1 million d'euros en fin d'investissement. Mais comme le fonds est jeune et que nous avons rallongé notre durée d'intervention depuis 2009 pour mieux nous adapter au secteur (une durée d'intervention qui peut atteindre une dizaine d'années ndlr.), les retours sont encore peu appréciables et il est donc difficile de convaincre des investisseurs", explique-t-elle.

Autre demande pour aider encore davantage les créateurs dans leur lancement: un relèvement du plafond du crédit d'impôts dédié, limité à 200 000 euros sur trois ans depuis 2011. "Ce plafond est beaucoup trop bas, certains secteurs culturels comme la musique ou les jeux vidéos sont bien mieux lotis, or le crédit d'impôts a un vrai impact sur la trésorerie et donc sur les banques", a affirmé Sylvie Zawadzki. "Avec un système d'agrément comme dans les autres secteurs cités, qui pourrait par exemple être confié au Défi, cela serait qui plus est labellisant pour les marques concernées", a-t-elle ajouté.

Car la labellisation a été considérée pendant la table ronde comme l'une des clés pour rassurer banques et investisseurs à l'avenir. "Tous les organismes doivent être impliqués les uns avec les autres, a ainsi estimé Sébastien Saunier, cela fera gagner en crédibilité auprès de nos interlocuteurs dans les années à venir".

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