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Frédéric Lener : "Nous avons relancé notre nom en misant sur le savoir-faire"

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6 sept. 2016

Lener Cordier est sorti au printemps de procédure de sauvegarde. Peut-être par souci familial, Frédéric Lener, à la tête de l’entreprise, n’avait pas su réduire la voilure, en termes de masse salariale entre autres. Aujourd’hui, le plan de développement, avec une structure mieux adaptée, mise sur les marques maisons (Chemins Blancs et Lener  Fabrique de manteaux) en plus de la sous et cotraitance, initiée fortement dans les années 1980.

Frédéric Lener.


FashionNetwork.com : Lener Cordier, l'entreprise, a connu des périodes délicates. Mais l’entreprise familiale est toujours là. Quel est le secret ?

Frédéric Lener : L’histoire de Lener est importante, son héritage nous singularise par rapport à d’autres sociétés. On met cette histoire en scène depuis longtemps. Lener a été une marque. Regardez ce magazine de 1962 avec Lener Créations Vêtements. Il y avait de nombreuses marques, parisiennes aussi, mais souvent associées à des tissus. Il y a une empreinte dans l’histoire.

FNW : Les années 1980 ont été compliquées ?

FL : On vit d’un métier très chahuté dans un monde qui change. Les années 1980 ont été l’avènement des distributeurs, aujourd’hui c’est le digital. Nous, en tant qu’industriel, sommes alors devenus cotraitants et Lener Cordier était une marque industrielle alors.

FNW : Un label ?

FL : Oui, exactement. Nous avons alors lancé Chemins Blancs dans les années 1990 et Lener était devenu un label fabricant. Or, a la fin des années 2000, nous souhaitions nous réapproprier notre nom. D’où le lancement en 2009 de la marque Lener Fabrique de manteaux.

FNW  : La sous-traitance vous a sauvés ?

FL : Sur cette période, en effet, cela a sauvé l’entreprise. Nous avons externalisé, non pas délocalisé, notre production. En clair, nos usines propres sont en partie en Ukraine. Le sourcing reste européen, notamment réalisé auprès de fournisseurs en Belgique, en Italie ou encore au Portugal Nous appelons cela du made in Lener, avec des process et une traçabilité éthique. Nous maîtrisons notre filière.

FNW : Et la sauvegarde ?

FL : Nous en sommes sortis au printemps dernier et cela n’a pas remis en cause notre stratégie. C’est une entreprise familiale et la décision de réduire les effectifs au siège (à Hazebrouck, près de Lille) de 174 à 105 personnes n’était pas évidente. Nous avons revu l’outil industriel et adapté les structures en augmentant les gammes et en baissant le volume. Cela a eu un impact sur la vie de l’entreprise. Le fait que les gens comprenaient en interne a facilité la mise en place du plan.

FNW : Vous étiez au Who’s Next  le week-end dernier, mais aussi en mars dernier à Shanghai. L’export est-il l’enjeu du développement de vos marques maison ?

FL : La stratégie est aussi de développer nos deux marques et de ne pas être que dépendant de notre activité de cotraitance. Avec plus de 60 années d’histoire, nous avons un story telling dont la portée est plus grande en Asie qu’en France. Pour les Chinois, le luxe et la mode viennent d’abord d’Italie et de France. Avec nos soixante années d’existence, nous avons en quelque sorte les codes du luxe. Or, nous vivons une période où la Chine souffre de son luxe, des très grandes griffes, et avons là une carte à jouer.


Collection automne-hiver 2016-2017


FNW : Et le monoproduit est tendance, selon vous ?

FL : Ne faire que du manteau est plus facile en effet et, de par notre passé industriel, nous avons sur ce produit une légitimité forte. Sur le manteau, vous trouverez peu de spécialistes monoproduits. Or, nous avons relancé notre nom en misant sur le savoir-faire et non le marketing. Nous habillons une femme qui reconnaît la qualité d’un produit et n’a pas besoin d’une croyance en une marque. Elle aime ou elle n'aime pas le produit que nous proposons.

FNW : Du coup, c’est plus facile dans la durée ?

FL : On détient les machines et allons à l’encontre de la tendance. Lener s’appuie sur son outil de production, mais l’entreprise ne dépend pas de cet outil et ne dépend pas de prestataires situés loin du siège. Avec nos marques et le travail de sous-traitants, nous avons une stratégie pérenne. Ainsi, le fait de travailler pour telle ou telle marque nous donne une légitimité à l’international pour vendre nos marques maison et inversement d’ailleurs. Nous misons pour 2016 sur une stabilité du chiffre d’affaires (environ 19 millions d’euros, ndlr).

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