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Traduit par
Véronique DOTRAUX
Publié le
17 févr. 2023
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Gabriela Hearst et Brandon Maxwell misent sur les tenues longues et cosy pour l’automne

Traduit par
Véronique DOTRAUX
Publié le
17 févr. 2023

Pour les non-initiés, le simple fait de regarder une montre à complication n’explique pas tout. Lorsque le fabricant de cette montre explique ce qu’elle dissimule, on comprend pourquoi même un horloger amateur s’enthousiasme. On pourrait en dire autant de la dernière collection de Gabriela Hearst. Même si le magnifique savoir-faire de luxe des designs à l’élégance naturelle de Hearst s’est imposé, la présentation n'a pas eu le même impact sur le podium que les collections précédentes. Au-delà des apparences, la complexité et la profondeur des vêtements ont pourtant de quoi ravir.

Gabriela Hearst s'inspire d'Eileen Gray




Gabriela Hearst - Automne-Hiver 2023 - 2024 - Mode féminine - New York - © ImaxTree


Pour cette collection Automne-Hiver 2023, Hearst évoque l'artiste Eileen Gray, qu'elle a découverte lors d'un séjour en Irlande. L'idée d'explorer la designer et architecte irlandaise, pionnière sociale victime du sexisme de son époque et dont l’œuvre n’a quasiment pas été reconnue de son vivant, s'est concrétisée lorsque la styliste a réalisé avant de la découvrir un dessin de forme phallique qui ressemblait aux œuvres de l’artiste.
 
La créatrice américano-uruguayenne s'est inspirée des créations de meubles, des conceptions architecturales et de la palette de couleurs d’Eileen Gray. L’influence de sa célèbre table E1027, une table d'appoint circulaire chromée, se reflète dans deux robes du défilé final présentant des découpes latérales avec une ceinture chromée par-dessous. (Plus d'un invité a remarqué la ressemblance entre Tom Ford et Gucci.) Le paravent Brique en bois noir, qui remonte à 1925, est quant à lui à l'origine du motif de rectangle emboîté que l'on retrouve dans les cuirs apparaissant notamment sur un trench, un cabas et une jupe. Le travail du cuir met en évidence le caractère artisanal du travail de Hearst et démontre le savoir-faire de la marque.

Le défilé a présenté de nombreux exemples de luxe et d'élégance tranquille. Des tricots lourds et somptueux, des costumes à la coupe raffinée passant sans effort de la version masculine à la version féminine, aux touches de couleur qui ponctuent la collection sophistiquée, soulignant une silhouette longue et élancée, une tendance observée sur les podiums. Le tout consolidé par des Derby, des Richelieu et des bottes d'inspiration militaire, témoins d’une collaboration avec la discrète marque britannique Trickers.

L’influence de l’architecte Ricardo Bofill, aujourd’hui disparu, règne sur le vaste espace caverneux du bâtiment Agger Fish excentré où se tient le défilé. Une structure géométrique, suspendue au-dessus de la piste en miroir, rappelle les cellules cubiques et les noyaux, illustrant parfaitement la fascination actuelle de la créatrice pour la fusion nucléaire. Spectaculaire et imposante, tout comme l’ensemble du décor, avec des invités installés dans des gradins.

En voyant son ami le designer Stuart Vevers tandis que la designer salue en coulisses des amis et des sympathisants tels que Lauren Hutton et la bijoutière Ana Khouri, l’on ne peut s'empêcher de se demander si Gabriela Hearst n’aurait pas dû emprunter une pièce au label Coach et réduire la taille de son podium pour que le public puisse voir de près la splendeur de son travail.

Brandon Maxwell, toujours cuir





Brandon Maxwell - Automne-Hiver 2023 - 2024 - Mode féminine- New York - © ImaxTree


Plus tôt dans la journée, le créateur Brandon Maxwell avait présenté sa collection Automne-Hiver 2023 dans une configuration intimiste. En permettant une observation au plus près de ses tenues, le designer s'est rendu service ainsi qu’à son public.

Dans les coulisses de son défilé Automne-Hiver 2023, Brandon Maxwell a confié, lors d'un entretien avec FashionNetwork.com, qu'il n'avait pas dormi la veille de son passage. Rien n’y paraissait puisque Maxwell semblait aussi propre et net que les chemises blanches amidonnées conçues comme des robes auxquelles sa collection fait la part belle.
 
" Je me suis penché sur le passé en me concentrant pleinement sur l'avenir et en faisant le point sur ce qui est au cœur de l’ADN de la marque, et je pense que je suis suffisamment instruit pour faire mieux désormais. Mes créations ont l'air plus raffinées parce que je suis moi-même plus raffiné maintenant," a-t-il avoué.
 
Les manches en forme de cloche d’une de ses tenues et les hanches rappellent sa deuxième collection, qui était formellement exécutée dans un crêpe encombrant. Cette saison, la forme devient fluide avec des tricots doux.

La collection met en avant des pièces familières mais retravaillées et présentées d'une manière qui semble actuelle, bien que ces idées aient déjà été exposées auparavant. La façon dont Maxwell met en œuvre ces idées, notamment les tissus utilisés, est exubérante.

Son look d’ouverture propose une nouvelle façon d'imaginer le bermuda : une jambe complète sculptée avec des détails de revers proéminents exécutés en satin, en laine et en cuir.

Le cuir, qui est une tradition de la maison, occupe cette saison le devant de la scène dans des jupes de bal structurées, des vestes à revers et une intéressante robe longue en cuir brun de style tablier. Le fait d’être allé au-delà du noir basique rend ces pièces d’autant plus fascinantes.
 
Le mot d’ordre était la longueur avec des basiques tels que la chemise pour homme, l’épais cardigan à fermeture éclair et les manteaux qui rasaient le sol. Le tout ajoutant une sensation de confort qui pourrait servir d’armure urbaine. Sans en indiquer les raisons, Maxwell a révélé que cela reflétait sa vie actuelle. "Je me sens bien dans ma vie, et je privilégie la paix pour moi. J'espère que cela se reflète dans la collection", a-t-il ajouté. Ce qui est assurément le cas.
 

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