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Gilets jaunes : un impact économique durable, selon un rapport

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Reuters
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28 juin 2019

L’impact sur tout un pan de l’économie française des violences commises en marge des manifestations de « gilets jaunes » depuis le 17 novembre dernier est sous-estimé et se fera encore sentir au second semestre 2019, malgré l’essoufflement de ce mouvement, estime un rapport sénatorial.


Photo prise le 16 mars 2019 sur les Champs-Elysées - REUTERS/Philippe Wojazer


La sénatrice Les Républicains des Français de l’étranger Evelyne Renaud-Garabédian, rapporteure du groupe du travail qui s’est penché sur ces conséquences, prédit même que celles-ci s’aggraveront au cours des six prochains mois.

« Il ressort des auditions menées par le groupe de travail que les difficultés économiques subies aujourd’hui par les commerçants devraient s’accroître au courant de l’année », écrit-elle, alors que des milliers de « gilets jaunes » continuent de manifester chaque samedi, même s’ils peinent à mobiliser plus de 10 000 personnes, contre près de 300 000 le 17 novembre.

Selon le rapport, les dégradations commises lors des manifestations de « gilets jaunes » ont déjà coûté, au 21 mai, 217 millions d’euros d’indemnisation de dégâts matériels. Il évalue par ailleurs les pertes d’exploitation des commerçants et artisans des centre-villes dues à ces violences à 30 % en moyenne de leur chiffre d’affaires.

« Un tel niveau de pertes est insoutenable », écrit Evelyne Renaud-Garabédian. « Elles sont liées tout à la fois aux fermetures le samedi et à la baisse de consommation, y compris les autres jours de la semaine, en raison de changements structurels d’habitude de consommation. »

Les conséquences sont aussi indirectes, fait-elle valoir, avec un assèchement de la trésorerie des entreprises concernées qui se traduit notamment par des difficultés pour régler cotisations sociales et impôts et par des retards ou des défauts de paiement à leurs fournisseur.

Le plus grave à venir ?

« Bien que la participation au mouvement s’estompe, les auditions ont révélé que les conséquences les plus graves et insidieuses sont à venir. Tant que l’ordre public n’est pas entièrement restauré, les clients ne reviennent pas et les pertes d’exploitation s’accumulent », ajoute la sénatrice.

Avec pour corollaire un risque accru de faillites et de suppressions d’emplois.
« C’est au second semestre qu’une vague de cessations et défauts de paiements devrait intervenir, de même qu’une augmentation critique du nombre de procédures de sauvegarde, de redressements judiciaires, voire de liquidations judiciaires », lit-on dans le rapport.

Les reports de créances fiscales et sociales décidés par le gouvernement n’ont fait que créer un « effet bosse », en augmentant les décaissements à venir, souligne la sénatrice.

Elle juge également plausible que les images de violence, qui ont fait le tour du monde, aient un impact sur les décisions des investisseurs étrangers. Pour Evelyne Renaud-Garabédian, « l’impact en termes d’attractivité économique se mesurera donc plus concrètement en 2020 et 2021 ».

Le groupe de travail considère que « la responsabilité de l’Etat doit être engagée en raison de troubles qui découlent directement de la carence de ses services ».

Le rapport se montre notamment très critique vis-à-vis des mesures prises par le gouvernement, soit parce qu’il s’agit de dispositifs qui existait déjà, soit parce que certaines d’entre elles « sont inadaptées à la réalité économique des entreprises (ou) s’apparentent à des pansements sur une jambe de bois ».

Le rapport ne tient en revanche pas compte de l’impact potentiel sur l’économie des 17 milliards d’euros annoncés depuis décembre par le gouvernement pour répondre à la crise.

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