Par
AFP
Publié le
29 juin 2011
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Inde: les cheveux rasés des pèlerins ornent les crânes des coquettes occidentales

Par
AFP
Publié le
29 juin 2011

MADRAS (Inde), 29 juin 2011 (AFP) - Beaucoup des cheveux transformés en extensions pour orner les têtes des coquettes occidentales proviennent des temples en Inde, où les pèlerins se font tondre. Mais là aussi, la modernisation du pays transforme les habitudes.


Le temple de Sri Meenakshi à Madurai, dans la région de Tamil Nadu. Photo Corbis

L'Inde est depuis longtemps le premier exportateur mondial de cheveux humains, une activité dont le chiffre d'affaires est estimé à 8,5 milliards de roupies (133 millions d'euros) par an.

Les pèlerins se rendent dans les temples et offrent en sacrifice leur chevelure aux milliers de dieux du panthéon hindou, pour se prémunir de la maladie, la pauvreté, ou attirer la chance.

La pratique est notamment répandue dans le sud de l'Inde, dans l'Etat du Tamil Nadu, où affluent les croyants de tout le pays.

Lors d'un festival religieux, le temple de Tiruttani attire sur une seule journée un millier de personnes venues se soumettre à la tonte rituelle, dont 50 à 60 femmes.

Anandi Perumalswamy, 45 ans, est l'une d'elles. Sa vie est à mille lieues de celle des jeunes Européennes ou Américaines, qui achèteront ses cheveux dans un salon de coiffure.

"Nous avions beaucoup de difficultés, des dettes. Notre dieu favori est Lord Muruga", raconte-t-elle à l'AFP. "J'ai prié pour que mon fils trouve à se marier et j'ai promis que s'il y arrivait, je donnerai mes cheveux en offrande".

Le mariage a eu lieu il y a quelques mois et Anandi s'est rendue au temple pour tenir sa promesse.

Des tonnes de tresses sont coupées chaque jour dans les temples à travers le pays et vendues aux enchères à des grossistes, qui les préparent à l'exportation. Avec les revenus qu'ils en tirent, les temples financent des activités caritatives.

Certains se sont même lancés dans la vente directe à l'étranger, sans passer par les grossistes.

Mais la modernisation à grand pas du pays s'accompagne d'un recul de ce rituel religieux, soulignent les acteurs du secteur.

"On note un changement de tendance. La jeune génération se rend moins souvent au temple et ils sont moins nombreux à se faire tondre entièrement la tête", déclare George Cherian, directeur général de Raj Hair International, une société de Madras.

"Ils raccourcissent leurs cheveux mais ils ne tondent plus entièrement leur tête", ajoute-t-il.

Or la demande en Occident est plus forte que jamais.

Les cheveux synthétiques étaient en vogue dans les années 90 et avaient entraîné une baisse des prix des véritables cheveux. Mais la demande a aujourd'hui nettement rebondi.

Un kilogramme de cheveux humains vaut maintenant en moyenne 250 dollars US (176 euros), contre 20 USD il y a vingt ans, indique George Cherian.

Très loin des temples hindous et de leurs pèlerins venus supplier les dieux, de jeunes femmes en Europe ou aux Etats-Unis déboursent plusieurs centaines d'euros pour épaissir ou rallonger leur chevelure, à l'instar des stars d'Hollywood.

"Je demande la qualité pour mes extensions. Ce sont à 100% des cheveux humains et ils coûtent assez cher, mais vous avez ce que vous êtes prêts à payer", déclare Fereena West, 25 ans et cliente du salon de coiffure londonien ColourNation.

Il faut le refaire tous les un à quatre mois. "Cela me coûte 600 livres (668 euros), avec le prix du coiffeur. Trois fois par an, cela vaut le coup", estime une cliente du salon londonien Michaeljohn, qui se présente comme Natasha.Par Karishma VYAS

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.