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Japon: à l'assaut des boutiques avant la hausse prochaine de la "TVA" nippone

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24 mars 2014

TOKYO, 24 mars 2014 (AFP) - Vite, vite! acheter avant le 1er avril, avant la hausse de trois points de la taxe sur la consommation: ces derniers jours, les magasins japonais d'électroménager, d'habillement ou d'alimentation sont pris d'assaut par des consommateurs prêts à tout pour épargner un tant soit peu. Quitte à dépenser.

"Aujourd'hui, j'ai seulement acheté des vêtements mais l'autre jour j'ai pris un réfrigérateur", témoigne Reiko Oguma, une quadragénaire au foyer "C'est moins cher maintenant, donc il faut y aller. En tout, j'ai dépensé environ 200.000 yens (1.400 euros), ce qui je pense me fait économiser environ 6.000 yens (42 euros)", se félicite-t-elle. Yukako Murakami,19 ans, étudiante, fait les mêmes calculs et remplit sa garde-robe avant la date fatidique.

Des passantes à Tokyo, photo: AFP/Archives.


"Il faut de toute façon que je change d'ordinateur bientôt, donc mieux vaut le faire avant", renchérit un illustrateur à la recherche d'un modèle Apple dans l'enseigne spécialisée Labi. "C'est la ruée avant la hausse" confirme Masanari Matsumoto, un porte-parole de l'enseigne d'électronique et électroménager Bic Camera.

Conformément à une loi votée sous le précédent exécutif de centre-gauche, le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe a décidé de relever le 1er avril de 5% à 8% la taxe sur la consommation, équivalent de la TVA française, pour sauver le système de protection sociale sans ruiner davantage le pays. La dette publique dépasse déjà allègrement 200%, un record parmi les pays industrialisés. Qui plus est, les dépenses de santé ne cessent de grimper à mesure qu'augmente la population âgée.

Résultat, avant la date fatidique, "réfrigérateurs et lave-linge de grande taille au tarif unitaire de 200.000 yens (1.400 euros), se vendent très bien, c'est exceptionnel", se réjouit Masanari Matsumoto. Gros achats, mais petits aussi car, ajoute-t-il, "il n'y a pas de petites économies: par exemple les cartouches d'encre ou les embouts de rechange pour brosses à dents électriques partent très bien aussi".

Il faut dire que les commerces ne se privent pas de rameuter le chaland avec des affiches placardées partout: "n'attendez pas! Plus que 7 jours avant une augmentation générale des prix!". Mais il ne faut pas être dupe: ils préparent déjà les slogans d'après, quand il faudra déstocker et brader à un tarif encore moins cher les produits devenus obsolètes après le jour-J, à cause de la sortie après le 1er avril de nouveaux modèles plus performants. Le côté un rien moutonnier des clients nippons prompts à "faire des stocks au cas où" facilite le matraquage commercial. La dernière hausse de la taxe remonte à 1997, de 3% à 5%, dont les consommateurs s'en souviennent encore, c'est dire!

Reste que certains ont de bonnes raisons de prendre des précautions: si les prix vont assurément augmenter à cause de la taxe mais aussi d'un retour de l'inflation, rien n'est garanti du côté des rétributions. Les consommateurs sont devenus plus regardants sur les étiquettes et plutôt rétifs à la dépense dans les période d'incertitudes, lesquelles sont de plus en plus fréquentes tant le Japon est devenu sensible aux aléas internationaux.

"Les derniers indicateurs liés à la consommation montrent que les espoirs d'augmentation de salaire ne compensent pas une certaine réticence à délier les cordons de la bourse", explique Hiromichi Shirakawa de Crédit Suisse. Résultat: bien que le plutôt populaire Shinzo Abe se targue d'avoir franchi le Rubicon à la différence de ses prédécesseurs, il a du même coup pris le risque de plomber la reprise amorcée depuis son retour au pouvoir fin 2012. Il a cependant pris soin d'assortir cette hausse de promesses supplémentaires de mesures de relance pour en atténuer les effets négatifs sur la consommation. Mais rien n'assure que cela sera tenu et suffisant, préviennent les analystes.

Selon Crédit Suisse le produit intérieur brut du Japon (PIB) pourrait croître de 5% en cadence annualisée durant le trimestre de janvier-mars, mais diminuer de 3,9% pour les trois mois suivants. Résultat, la banque centrale, déjà mise à contribution depuis un an par Shinzo Abe pour assouplir autant que faire se peut la politique monétaire dans le cadre de la stratégie "Abenomics", pourrait une fois de plus être appelée à la rescousse.

Par Kyoko HASEGAWA, Karyn POUPEE

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