L'inauguration, mercredi 28 mars, du Centre Mondial de Recherche Capillaire, à Saint Ouen (25 000 m², 100 millions d'euros d'investissements) a offert l'occasion à Jean-Paul Agon, PDG du groupe, de rappeler que la recherche est au cœur de la stratégie de développement de L'Oréal. Elle devrait permettre au géant de la cosmétique de gagner de nouvelles parts de marché dans les segments où il est leader (la coloration) et où il aspire à l'être (les soins capillaires). L'Oréal vend actuellement 5,7 milliards de produits capillaires par an.

Jean-Paul Agon lors de l'inauguration du centre de recherche capillaire de Saint Ouen

FashionMag: Que représente ce centre pour L'Oréal ?
Jean-Paul Agon: C'est le fruit de l'immense travail de modernisation que notre recherche a entamé depuis quelques années. Il est non seulement notre laboratoire le plus important, mais aussi le plus grand centre d'expertise sur le cheveu au monde. C'est le temple mondial du cheveu. Dans ces laboratoires, nous allons préparer l'avenir de L'Oréal et nous comptons révolutionner l'offre beauté pour les cheveux car dans ce domaine il y a encore beaucoup à faire.

FM: Quel poids a la recherche sur votre chiffre d'affaires ?
JPA: En 2011, les investissements ont dépassé les 700 millions d'euros. Sur les dix dernières années, notre budget pour la recherche a progressé 1,4 fois plus vite que notre chiffre d'affaires, ce qui veut dire qu'il augmente régulièrement d'année en année. Nous sommes un peu à part dans le monde industriel car la recherche est fondamentalement notre point de départ. C'est notre credo depuis 100 ans et notre raison d'être. Pour mieux vous faire comprendre notre attitude, voici un exemple ; pendant la crise économique de 2008-2009, quand presque toutes les entreprises ont réduit les budgets consacrés à la recherche, nous l'avons accélérée, car c'est par ce biais que nous arriverons à être meilleurs que les autres.

FM: Comment se repartit ce budget pour la recherche ?
JPA: Un quart de nos investissements vont à la recherche avancée, ce qui est exceptionnel. Cela répond à notre pari d'arriver à créer une vraie rupture technologique qui amènera à un changement de comportement chez les consommateurs. D'ailleurs notre groupe figure au quatrième rang en France parmi les déposeurs de brevets, toutes industries confondues. La beauté est un marché d'offre dans lequel les produits se renouvellent constamment et l'innovation est vitale pour séduire, surprendre et satisfaire les consommateurs.

FM: Avec ce Centre, quelles sont les ambitions de L'Oréal dans le capillaire ?
JPA: Nous voulons renforcer notre position. Nous sommes le numéro 1 dans la coloration, mais nous ne le sommes pas encore dans le soin capillaire et nous avons l'intention de le devenir. Ce potentiel de développement sera particulièrement évident dans les marchés émergents. L'Oréal est à un tournant de son histoire: nous visons la conquête de nouveaux territoires comme l'Inde, la Chine, le Brésil, dans lesquels le soin du cheveu est essentiel. Ce sera à nous de répondre aux envies et besoins de ces nouveaux consommateurs. La stratégie de L'Oréal est l'universalisation de la beauté. Dans notre domaine on ne parle pas de globalisation: nous avons des marques mondiales, mais il est important d'adapter nos formules aux souhaits des consommateurs de chaque région du monde car la beauté change selon les continents et les cultures. L'objectif est de conquérir un milliard de nouveaux consommateurs dans les dix prochaines années. Nous estimons en avoir déjà un milliard et nous voulons doubler ce chiffre.

FM: Comment comptez-vous parvenir à réaliser cet ambitieux projet ?
JPA: Nous mettons en place des plateformes de recherche locales (aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, au Japon, au Brésil) dont le Centre de Saint-Ouen est le pôle névralgique car nous estimons que cette forme de travail en réseau est celle qui correspond le mieux au XXIème siècle et offre la clé du succès: la beauté sur mesure.

Par Silvia Manzoni