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13 oct. 2004
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L'Egypte craint une hécatombe dans le textile après janvier 2005

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13 oct. 2004

Avec plus de 40% du PIB, un quart des exportations du pays et un million de salariés, l'industrie égyptienne du textile et de l'habillement, qui s'est mal préparée à l'expiration de l'accord multifibres (AMF) en janvier 2005, craint d'aller vers une hécatombe. "Seuls les meilleurs survivront", a prévenu Adel Al-Azabi, vice-président de la cellule exportation de l'Union des chambres de commerce égyptiennes, tandis que pour Gamal Nazer, président de l'Association des hommes d'affaires, le secteur a besoin d'un soutien de l'Etat pour franchir la mauvaise passe.

Le secteur public, qui représente 90% du textile (hors habillement), est particulièrement exposé. Lourdement endetté, il a accusé un retard considérable sur le plan technologique, souffre de sureffectifs flagrants (2/3 de ses salariés, selon des estimations) et d'une sous-capitalisation chronique. Un quart seulement des lignes de production fonctionnent bien, 35% ont besoin d'un sérieuse remise à niveau et 40% devraient être remplacées, selon une récente étude de l'Institut de planification. Les "déchets" représentent dans certains cas le tiers de la production. Avec un million d'emplois directs et autant d'emplois indirects dans les plantations de coton, le commerce et les services, et des investissements cumulés sur trois décennies de quelque 30 mds de livres égyptiennes (4,8 mds USD), l'industrie textile reste le noyau dur de l'industrie manufacturière égyptienne. Elle compte plus de 4.000 entreprises. Les marchés populaires égyptiens sont déjà submergés par les vêtements en provenance de Chine, principale bénéficiaire de l'abrogation de l'AMF de 1975. Elle est déjà premier exportateur d'habillement avec 28% du marché mondial contre 19% en 1995. Les industriels égyptiens redoutent aussi la concurrence sur leur propre marché de l'Inde, du Pakistan et de l'Indonésie, qui se sont mieux préparés qu'eux, possèdent un outil de production intégré et profitent d'une main d'oeuvre meilleur marché qu'en Egypte. Depuis janvier 2004, légalement, et depuis mars, en fait, le marché égyptien est ouvert aux importations étrangères de produits textiles, qui n'y étaient pas admises depuis près de 40 ans. La libéralisation du marché a ravi les importateurs, mais fait en revanche grincer des dents les industriels, qui affirment n'avoir pas eu suffisamment de temps pour s'y préparer et avoir pâti d'une récession de plusieurs années, qui ne leur a pas permis de mettre à niveau leur outil de production pour faire face au choc de la concurrence étrangère. L'Egypte a bénéficié d'un crédit de 80 M EUR de l'Union européenne pour la modernisation de son industrie, mais ces crédits sont loin d'avoir été consommés. "La politique protectionniste à outrance n'a pas favorisé la recherche de la qualité de la part des industriels", relève un chef d'entreprise. "Nous ne retrouverons le chemin de la qualité que face à la concurrence internationale", précise-t-il. A l'exportation, le coton égyptien, plus cher que le coton américain généreusement subventionné, se vend moins bien. En 2003, le exportateurs ont profité de la baisse de 50% de la livre par rapport au dollar pour placer plus de 2 millions de quintaux de coton d'excellente qualité sur le marché mondial. En revanche, ils ont importé des fibres de moins bonne qualité pour alimenter les usines locales. L'Egypte est un opérateur mineur sur le marché mondial du textile et de l'habillement. Elle exporte essentiellement vers les Etats-Unis, qui refusent de lui consentir les avantages tarifaires qu'ils accordent à la Jordanie. Amman est associé à Washington et à Israël dans un plan des promotion des exportations, que l'Egypte n'a pas accepté de signer jusqu'à présent.

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