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Paul Kaplan
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24 juin 2019
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L'onirisme avant-gardiste de Loewe à l'Unesco

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
24 juin 2019

Un tour de force signé Jonathan Anderson pour Loewe, qui renvoie aux heures de gloire de la maison dans les années 1970 - le créateur réinvente la garde-robe masculine et embellit ses codes, tout en les disséquant.


Loewe - Printemps-été 2020 - Prêt-à-porter masculin - Paris - © PixelFormula

 
Oui, encore un défilé Loewe au siège de l'Unesco. Mais par un samedi matin ensoleillé, le designer d'origine irlandaise nous a conviés dans un espace cubique, un bunker en béton, aménagé comme un salon moderniste avec à peine 200 confortables fauteuils en tissu et une série d'écrans plats diffusant des vidéos d'Hilary Lloyd.
 
Orchestré par le plus iconoclaste des créateurs, un défilé subtilement subversif. Peu d'hommes portent des salopettes et des ponchos, mais ils le feront au printemps prochain étant donné la qualité de la proposition de Loewe : soit en daim brut couleur sable, avec un logo estampillé à l'épaule, soit en indigo coupé à la cheville.

Jonathan Anderson apporte un souffle nouveau sur la mode masculine en coupant un superbe blazer allongé à huit boutons assorti à une djellaba surdimensionnée en lin brut à larges rayures. Peu d'hommes peuvent vraiment porter des caftans au genou, mais ici aussi, il est difficile de résister à ses versions spectaculaires en robuste daim espagnol. Comme une belle journée d'été sur une île des Baléares. 

« Le grand moment de Loewe, c'était dans les années 1970. Je voulais revenir à ce moment crucial où la marque est vraiment devenue quelque chose... Construire un langage aujourd'hui enraciné dans les traditions de la marque », a expliqué Jonathan Anderson après le défilé.

C'était un défilé à l'ambiance curieusement mystique, avec plusieurs combinaisons monochromes en coton, façon soutanes de curé, portées avec des pantalons gris. Côté accessoires, le défilé regorgeait d'idées : des mocassins imprimés tigre aux espadrilles, en passant par les petites bottines rayées estivales, sans oublier les bottes de randonnée en daim brut beige, les plus belles que nous ayons vues au cours de cette saison des défilés européens, qui a particulièrement mis à l'honneur la campagne et l'arrière-pays. Citons encore les spartiates fermées par des chaînes, une autre grande tendance.


Loewe - Printemps-été 2020 - Prêt-à-porter masculin - Paris - © PixelFormula


Quant aux associations de tissus de Jonathan Anderson, comme sur ses sacs à dos plat en laine tricotée et peau de vache, elles étaient impeccables.

En un mot, le créateur londonien donne à la mode une saveur intellectuelle jalousée par un grand nombre de ses confrères - ceux qui le font ont tendance à échouer. Son décor à la fois confortable et austère, il le décrit ainsi : « non-réalité avec écrans numériques » - comme une photo de quelqu'un qui regarde la télévision, l'hyper normalisation.

« Nous avons essayé de faire une collection enracinée, pleine de rondeurs, tout en continuant à innover. Je voulais créer ce sentiment d'Alice au pays des merveilles, où l'on pourrait très bien tomber et se retrouver à la plage, ou pas. Un état de rêve enfantin dans lequel nous sommes peut-être », a décrit Jonathan Anderson à un groupe de critiques anglo-saxons.

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