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7 déc. 2020
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LVMH lance sa "Climate Week" et son programme "Life 360" proposant un luxe nouveau

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7 déc. 2020

A l'occasion du cinquième anniversaire des Accords de Paris et de la Journée mondiale du climat, LVMH réaffirme son engagement durable. Du 8 au 11 décembre, le groupe de luxe organise la "LVMH Climate Week" réunissant virtuellement ses 163.000 employés autour d’une série de conférences pour les mobiliser sur l’enjeu du changement climatique et partager les meilleures pratiques en matière de réduction des émissions de carbone. Une sorte de "co-construction de la stratégie climat du groupe entre jeunes collaborateurs et experts". L’occasion aussi pour dévoiler quelques-uns de ses nouveaux objectifs à travers son programme environnemental "Life 360".


Guerlain participe à un programme de protection des abeilles avec l'Unesco - LVMH

 
LVMH divulguera sur son site certains contenus et conférences au fil de cette semaine dédiée au climat, inaugurée mardi avec entre autres Laurent Fabius, qui présida la COP21 et la paléoclimatologue française Valérie Masson-Delmotte. Au cours de la semaine seront notamment présentées 49 solutions innovantes. En attendant, le groupe a révélé ce lundi, lors d’une visioconférence, les lignes directrices de sa nouvelle feuille de route en matière de développement durable et de performance environnementale.
 
Comme l’a rappelé Hélène Valade, la directrice Développement Environnement, qui a rejoint le groupe en début d’année, "la planète n’est pas au rendez-vous avec les objectifs fixés en 2015 lors de l’accord de Paris pour le climat. Les scientifiques nous exhortent à accélérer et LVMH prend très au sérieux cette question". En cinq ans, le numéro 1 du luxe a réduit de 25% les émissions liées à sa consommation énergétique et multiplié les initiatives au sein de ses maisons. Il souhaite désormais aller plus loin.

Son programme Life 2020, défini en 2016, qui a atteint quasiment tous ses objectifs, va laisser place cette année à Life 360 fixant trois dates butoirs, permettant des points d’étapes à trois, six et dix ans (2023, 2026, 2030). Il affiche des objectifs ambitieux, qui au-delà du climat, concerneront aussi la défense de la biodiversité, considérée comme le prochain grand enjeu pour l’industrie.

Sous l’impulsion de Stella McCartney, pionnière de la mode écologique, qui a rejoint LVMH en 2019 comme conseillère spéciale sur les questions de développement durable, la société va lancer des programmes de cultures agricoles régénératrices. Des projets pilotes, comme celui de la culture du coton en Turquie avec des engrais totalement naturels qui fertilisent les sols et augmentent leur capacité de stockage du carbone.
 

Le bilan carbone du groupe - LVMH


En termes de CO2, LVMH, leader dans le domaine du luxe avec ses 75 maisons, émet 0,5% des émissions liées à l’industrie mondiale du textile. Le groupe a pris en compte jusqu’ici les mesures de bilan carbone liées aux périmètres dit de Scope 1 (les émissions directes de l’entreprise) et de Scope 2 (les émissions de gaz à effet de serre directement liées à la fabrication du produit). Dans son nouveau programme, il souhaite affiner ses mesures en y ajoutant le niveau Scope 3 (les émissions de gaz à effet de serre liées aux autres étapes du cycle de vie du produit tel l’approvisionnement, le transport, etc.). 
 
L’entreprise va donc agir désormais sur les émissions carbone de ses fournisseurs. "Cela signifie une grande mobilisation avec nos dizaines de milliers de fournisseurs. Ce ne sera pas facile, mais nous devons le faire car nous voulons nous inscrire dans la trajectoire de l'accord de Paris", indique Hélène Valade. Autrement dit, cela implique de réduire les émissions, les éliminer et s’il en reste les compenser. Parmi les nouveaux objectifs du groupe, notamment, celui d’atteindre 100% d’énergies renouvelables dans ses usines d’ici à 2030, équiper ses boutiques à 100% d’éclairages LED d’ici à 2023 ou encore éliminer le plastique des emballages Louis Vuitton d’ici à 2026.
 
"Nous voulons proposer un luxe nouveau, un peu comme avait émergé à la fin du 19e siècle le mouvement de l’Art Nouveau remettant la nature au centre de l’art. Il s’agit d’une nouvelle vision du luxe, visant à allier créativité et savoir-faire avec le monde végétal et animal, les sols vivants et les ressources précieuses. Tous nos produits ont un lien avec cette nature vivante. Le génie artistique doit donc avoir la même importance que le génie de la nature. Nous devons rendre à la nature ce que nous lui avons pris", explique encore la manager, en soulignant comment "cette vision et cette alliance sont incarnées dans le programme Life 360".
 
Une politique, qui passe par la certification des filières à travers "des standards plus sévères et robustes". Mais aussi par une réflexion sur les produits et leur durée de vie (à ce titre, LVMH regarde de très près le nouveau modèle de business de la seconde main, tandis que Berluti et Louis Vuitton offrent déjà des services de réparation) et par une réorganisation des transports de marchandises. Par exemple, Guerlain et Louis Vuitton sont en train de revoir la logistique pour acheminer les pièces de leurs collections permanentes par voie maritime et non plus par avion.


Les quatre axes du programme Life 360 - LVMH

 
Le groupe a aussi beaucoup travaillé sur "le temps, le rapport au temps, notamment via la question des défilés", qui pourraient être à l’avenir mois nombreux et davantage hybridés avec un complément digital. Il est clair qu’aller au Brésil à Rio pour un show de quinze minutes, comme l’avait fait Louis Vuitton en 2016 pour sa collection croisière, n’est plus à l’ordre du jour…
 
Interrogée sur le rôle des activistes, Hélène Valade estime que "leurs alertes sont utiles, mais qu'il faut dialoguer. C’est extrêmement utile pour faire progresser tout le monde. Chacun doit faire évoluer ses positions. Parfois, avec certains activistes, c’est difficile". Sollicitée sur le récent abattage d’élevages de visons au Danemark, la directrice Développement Environnement précise que le groupe s’approvisionne en Finlande.
 
"Les maisons ont la liberté de choisir leurs matières, à condition que soient respectés les critères liés au bien-être animal dans la chaîne d’approvisionnement. Ça, ce n’est pas négociable, affirme-t-elle, tout en ajoutant: "Il ne faut pas oublier non plus tout l’écosystème que représentent ces élevages en termes d’emplois. Il faut trouver le juste équilibre entre bien-être animal, protection de l’environnement et protection sociale".

"Près de 90% des questions de nos candidats à l’embauche portent sur les questions de durabilité et d’éthique. Nous nous devons d’être à la hauteur. De manière plus prosaïque, il s’agit aussi de protéger notre business. Si nous n’agissons pas concrètement et rapidement contre le réchauffement de la planète, cela sera une catastrophe pour nos producteurs de vin. C’est pourquoi, tout le monde doit être impliqué dans l’entreprise. A commencer par les designers, qui doivent se faire les artisans de produits éco-conçus", conclut Antoine Arnault, directeur général de Berluti et directeur de l'Image et de l'Environnement de LVMH.

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