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7 mars 2022
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La BCE devrait attendre le quatrième trimestre pour relever les taux

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7 mars 2022

La Banque centrale européenne (BCE) attendra le quatrième trimestre pour annoncer sa première hausse de taux depuis plus de dix ans, montrent les résultats d'une enquête de Reuters, et les économistes sont de moins en moins nombreux à tabler sur un resserrement avant l'automne.
Le scénario d'une hausse de taux durant les derniers mois de l'année est privilégié par 27 des 45 professionnels interrogés entre le 1er et le 4 mars, en dépit d'une accélération continue de l'inflation, à 5,8% sur un an en février, soit près de trois fois l'objectif que s'est fixé la BCE, qui prévoit encore officiellement un reflux dans les mois à venir.


Christine Lagarde - Reuters



Six économistes seulement ont dit tabler sur une hausse de taux dès le troisième trimestre, alors qu'ils étaient 16 dans l'enquête du mois dernier.

Sur les 33 qui tablent sur une hausse dès cette année du taux de dépôt, actuellement fixé à -0,5%, 18 le voient remonter à -0,25% d'ici fin décembre, neuf en dessous et six au-dessus.
Ces avis divergents illustrent à la fois le défi que représente la situation économique et géopolitique actuelle pour le Conseil des gouverneurs en matière de communication et le décalage avec d'autres grandes banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre, qui devraient avoir relevé leurs propres taux directeurs à plusieurs reprises avant qu'elle ne commence à relever les siens.

"La guerre n'a pas vraiment modifié la conjonction de risques délicate pour l'inflation et la croissance, elle n'a fait que les exacerber. Logiquement, cela ne devrait donc pas modifier fondamentalement la volonté de la BCE de réduire prudemment et progressivement le caractère accommodant de sa politique", estiment les économistes de Rabobank dans une note récent.

"Ce qui a changé, c'est l'incertitude à court terme. Nous pensons que cela pourrait faire pencher la balance en faveur d'un petit report du calendrier de normalisation de la BCE sans aller, et c'est important, jusqu'à un arrêt complet."

L'enquête ne fait pas non plus ressortir de consensus net sur le moment que choisira la BCE pour mettre fin au programme d'achats d'actifs APP. Ces achats sont censés doubler au deuxième trimestre mais près de deux tiers des économistes ayant répondu sur ce point estiment que l'APP sera arrêté d'ici fin septembre.

Parallèlement, la hausse des prix de l'énergie et les perturbations affectant les chaînes d'approvisionnement devraient continuer de soutenir l'inflation. "La guerre a clairement accru le risque d'un scénario de stagflation dans la zone euro, où l'on se dirige vers une stagnation de l'économie et une inflation bien plus élevée avec la hausse des prix de l'énergie", résume Carsten Brzeski, responsable de la recherche macro chez ING.

"Le risque, c'est que l'on observe une double pression sur l'économie de la zone euro: du côté de l'offre, avec un impact sur la production des perturbations des chaînes d'approvisionnement, et du côté de la demande, sous la forme d'une hausse des prix de l'énergie et d'une baisse du pouvoir d'achat."

Les prévisions d'inflation pour cette année sont de nouveau en hausse, comme dans les huit enquêtes précédentes, à 5,4% pour le premier trimestre et 5,3% pour le deuxième, soit respectivement 0,3 et 0,6 point de pourcentage de plus que le mois dernier.

La croissance de la zone euro, elle, devrait atteindre 1% au deuxième trimestre mais retomber à 0,8% au troisième et 0,6% au quatrième, contre 1,2%, 1,0% et 0,7% dans l'enquête précédente.
En rythme annuel, elle devrait atteindre 3,8% cette année et 2,5% l'an prochain, contre 3,9% et 2,5% prévu auparavant.

(Reportage Swathi Nair, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

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