La bonneterie roannaise Griffon est reprise par Les Manufactures de Layette et Tricots

Auteur :

Matthieu Guinebault

Publié le
2 juin 2023

Alors qu’elle fêtera l’an prochain son centenaire, la bonneterie Griffon de Roanne rejoint Les Manufactures de Layette et Tricots (MLT). Cette dernière structure, pilotée par Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre, porterait ainsi ses capacités de production à un million de pièces par an.

“On commençait à se sentir à l’étroit”, explique Karine Renouil-Tiberghien en évoquant la manufacture Jean Ruiz, voisine roannaise de Griffon, qui connaît une accélération notable de l’activité. Les équipes des deux structures vont d’ailleurs être réunies sur le site de 7.000 mètres carrés de Griffon, là où l’unité de Jean Ruiz n’en comptait qu’un millier, précise la dirigeante à FashionNetwork.com.

Griffon vient compléter un réseau des Manufactures de Layette et Tricots (ou MLT) déjà riche. Il compte dans son giron La Manufacture de Layette, installée à Morlaàs, près de Pau. S’y ajoute, côté roannais, la Manufacture de Tricots Jean Ruiz, reprise en 2018. Et enfin le spécialiste de la maille technique et coupée cousue Marcoux-Lafay, installé à Sainte-Agathe-la-Bouteresse, au sud de Roanne, une structure rachetée fin 2020 (lire notre article dédié).

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Cette dernière acquisition porte les effectifs de MLT à une centaine collaborateurs et autant de machines devant venir renforcer les capacités de production de métiers à tricoter. “Nous pensons que les deux équipes rassemblées, Ruiz et Griffon, auront beaucoup de choses à partager pour grandir ensemble”, estime Karine Renouil-Tiberghien.

Continuité de la marque Griffon

Griffon n’est pas qu’un atelier, c’est aussi une marque féminine, distribuée via 330 multimarques. Entreprise familiale durant trois générations, la structure avait été reprise en 2014 par son directeur financier Franck Thomas, qui la cède aujourd’hui et quitte l'entreprise. La structure produirait à 40% en France, où se concentre la maille et une partie du chaîne et trame. Pour le reste, elle opère dans le négoce, via des productions tunisiennes.

“Nous, nous ne sommes pas très négoce, donc nous assumerons à terme de n'avoir que des pièces ayant un minimum de productions françaises”, nous indique Karine Renouil-Tiberghien. “Nous essaierons d'internaliser en France certaines parties de production. Il faut aussi que l’on écoute les multimarques qui accompagnent la marque depuis longtemps. Et on se posera la question d’aller vers des collections masculines”.

MLT est aujourd’hui à l’équilibre entre l’activité layette et l’activité maille pour les adultes. L’entreprise est ainsi également à l’équilibre entre une activité pour ses marques propres (La Manufacture de Layette, Griffon) et pour des tiers. La structure affichait sur son dernier exercice un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros, maintenant un rythme de croissance d’un million d’euros supplémentaire par an.

L’activité de tricotage technique, qui représente un quart du chiffre d'affaires, porte sur des chaussettes à neige pour voiture et les orthèses (genouillères, chevillères, coudières…). “Des protections tricotées sur lesquelles nous souffrons beaucoup en ce moment. Beaucoup de marchés étaient partis à l’étranger, et deux nouveaux viennent de partir. Or on parle d’un écart de deux euros sur des produits remboursés par la Sécurité sociale et qui étaient encore uniquement produites en France il y a quinze ans. On ne comprend pas qu’il n’y ait pas une prise de conscience sur ce sujet. En attendant, nous avons remplacé l’activité par des marinières, mais ce n’est pas la même technicité.”

Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre avaient fin 2022 indiqué leur vif intérêt pour la reprise du nom "Camaïeu", mais n'avaient pas remporté ce lot lors de la mise aux enchères des actifs. Leur objectif était de "prouver qu'une marque de grande distribution peut produire 100% de ses collections en France". Une ambition qui pourrait prendre forme d’une autre manière via la marque Griffon... même si le duo reste aujourd’hui intéressé par la reprise de marques avec une notoriété encore plus forte.