Par
AFP-Relaxnews
Publié le
30 mars 2023
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

La fast-fashion à l'assaut de la seconde main pour verdir son image

Par
AFP-Relaxnews
Publié le
30 mars 2023

Antinomique au premier abord, le duo fast-fashion et seconde main semble plus proche que jamais… Les plus grandes enseignes de mode éphémère semblent en tout cas se lancer à corps perdu sur ce créneau pour réduire déchets et gaspillage, et tenter de redorer leur image sur le plan environnemental. Le géant suédois H&M est le dernier en date à avoir sauté le pas, en collaboration avec ThredUp, pour lancer sa propre plateforme aux Etats-Unis.



Il y a quelques mois encore, tout semblait les opposer. D'un côté, la fast-fashion pointée du doigt pour son modèle peu respectueux de l'environnement, et favorisant la surconsommation, de l'autre, la seconde main initialement destinée à réduire les montagnes de déchets textiles, et à limiter le recours au neuf. Deux salles, deux ambiances, et ce même si certains sont montés au créneau pour évoquer le non-sens de plateformes d'occasion sur lesquelles se revendaient - et se revendent parfois toujours - des articles… de fast-fashion. Problématique face à laquelle un acteur a rapidement réagi…

En novembre dernier, dans le cadre du Black Friday, Vestiaire Collective a annoncé son intention de bannir les marques de fast-fashion jusqu'alors présentes sur sa plateforme. Un véritable coup de tonnerre qui n'est pas passé inaperçu, et que le spécialiste de la seconde main a justifié par le fait que "le plus gros challenge de l'industrie de la mode" était "les déchets de la fast-fashion". Le tout appuyé par des hashtags qui ne laissaient alors aucune place au doute quant à la guerre déclarée à la mode éphémère : #saynotofastfashion.

Shein, Asos, Boohoo, Missguided, Nasty Gal, Pretty Little Things, ou encore Topshop comptaient alors parmi les premières enseignes concernées par ce boycott. Si certaines grandes marques de fast-fashion, comme Zara et H&M, figurent aujourd'hui toujours sur le site de seconde main, cela ne les a pas empêchées de prendre les devants et de développer leur propre plateforme d'occasion. Un engagement en faveur de la planète, expliquent-elles, bien que certains crient déjà au greenwashing. Mais c'est aussi un moyen de redorer leur image, et de ne pas rester sur le carreau, car on ne peut le nier: le marché de la seconde main peut rapporter gros.

Zara, H&M, et même Shein



Dès l'automne 2022, Zara a annoncé le lancement de sa propre plateforme de seconde main, Pre-Owned. Celle-ci permet aux clients de l'enseigne de vendre et/ou d'acheter des produits d'occasion Zara, voire de les donner, et même de les faire réparer. Une initiative d'ores et déjà accessible au Royaume-Uni, qui sera par la suite déployée dans d'autres pays. Le géant de l'ultra fast-fashion Shein a lui aussi flairé le bon filon, et lancé de son côté Shein Exchange, une plateforme d'échange et de revente d'articles d'occasion de l'enseigne, pour l'instant uniquement accessible aux Etats-Unis. Une annonce qui n'a pas manqué de faire grincer des dents tant la marque est critiquée pour ses pratiques, comme pour la qualité de ses vêtements.

Plus récemment, c'est l'enseigne suédoise H&M qui s'est lancée sur le marché de la seconde main, en association avec le spécialiste américain en la matière, ThredUp. Là encore, l'objectif est de posséder sa propre plateforme de revente, aux Etats-Unis dans un premier temps, avec la possibilité d'accéder aux vêtements d'occasion via les sites des deux acteurs de la mode. Il s'agirait aussi ici d'œuvrer en faveur de l'environnement, et il faut reconnaître que H&M multiplie les initiatives en ce sens depuis plusieurs années déjà… Reste que l'occasion demeure un marché porteur, et une véritable manne financière pour ces acteurs.

7 milliards d'euros en France



Début 2022, une étude menée par l'entreprise de fintech Tripartie estimait à 7 milliards d'euros le marché de la seconde main dans l'Hexagone, tous secteurs confondus, et à 86 milliards d'euros en Europe, témoignant de l'intérêt des consommateurs pour ce nouvel usage - et permettant de comprendre celui des enseignes de mode. Au niveau mondial, le marché de la mode d'occasion était estimé à 36 milliards de dollars en 2021, tandis que les prévisionnistes s'attendent à ce qu'il double dans les cinq ans pour atteindre 77 milliards de dollars, d'après un rapport publié par ThredUp.

Un marché porteur qui n'a pas fini d'attirer de nouveaux acteurs de tous horizons, et ce même si certains embrassent une alternative écoresponsable sans même avoir tenté - ou très peu - de transformer leur propre modèle d'origine.


(ETX Daily Up) 

Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 AFP-Relaxnews.