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Clémentine Martin
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29 avr. 2020
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La mode britannique annule 2,5 milliards de livres de commandes au Bangladesh

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Clémentine Martin
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29 avr. 2020

L’industrie textile du Bangladesh est dans la tourmente après l’annulation de nombreuses commandes par des marques d’habillement britanniques, s’insurge un ministre du pays asiatique. Les vêtements terminés s’empilent : la plupart des pièces ne seront jamais livrées et le secteur doit maintenant se préparer à une chute libre de ses revenus futurs.


Au Bangladesh, les commandes achevées mais non livrées s’empilent et de nombreuses usines pourraient être forcées de mettre la clé sous la porte


Tipu Munshi, le ministre du Commerce du Bangladesh, a demandé au gouvernement britannique de prendre ses responsabilités pour éviter une catastrophe économique et sociale. Au Bangladesh, le secteur textile emploie habituellement 4 millions de personnes, mais le montant des commandes annulées atteindrait apparemment 2,5 milliards de livres (environ 2,87 milliards d'euros). Parmi les marques en cause, on trouve notamment Arcadia, Debenhams, Asda, Peacocks, New Look et Sports Direct. Les marchandises concernées sont celles des collections printemps/été.

Selon Tipu Munshi, de nombreuses usines textiles risquent d’être forcées de mettre la clé sous la porte, ce qui serait lourd de conséquences sur ce pays déjà durement touché par la crise du coronavirus. "Les usines risquent de ne pas tenir. Elles pourraient ne pas être en mesure de payer leurs charges et ne pas disposer des fonds nécessaires pour redémarrer", a-t-il averti dans une interview accordée à ITV. "C’est un problème majeur, dont le gouvernement britannique devrait se soucier. C’est aussi sa responsabilité. Ici, dans notre pays, le gouvernement a pris des mesures de soutien [aux usines]. Le Royaume-Uni devrait aussi apporter son aide à ses marques afin qu’elles puissent surmonter cette épreuve et nous apporter à leur tour leur soutien."

Au Bangladesh, la population est confinée depuis le 26 mars et des millions de travailleurs textiles sont condamnés à rester chez eux. Cependant, des rumeurs rapportent que certains d’entre eux bravent les mesures de confinement.

Le Bangladesh est une destination de choix pour les marques britanniques, qui y sous-traitent une grande partie de leur production. Mais l’attractivité de ce pays repose principalement sur le coût peu élevé de sa main d’œuvre, une réalité sociale qui signifie que très peu de ces travailleurs sont en mesure d’affronter sans dommages une crise de cette ampleur. De plus, les salaires ne sont pas versés durant le confinement, ce qui représente une double peine pour bon nombre de ces employés. Au Bangladesh, les salariés ne bénéficient pas de mesures de chômage partiel, contrairement aux travailleurs britanniques. Le gouvernement a cependant proposé aux propriétaires d’usines des prêts à taux zéro pour leur permettre de payer leurs charges et leurs travailleurs pendant la crise.

Après avoir annulé leurs commandes, certaines marques britanniques ont été lourdement critiquées par la presse et ont tenté de faire machine arrière, affirmant être en phase de négociation avec leurs fournisseurs. Plusieurs se sont ensuite engagées à payer les commandes déjà passées. C’est notamment le cas de M&S et Primark. La chaîne Asda, quant à elle, s’est engagée à régler 60 % des commandes annulées.

Pour faire amende honorable, New Look a pour sa part déclaré à ITV avoir repassé certaines des commandes précédemment annulées au Bangladesh. "Malheureusement, les fournisseurs doivent savoir que nous ne pouvons pas passer de nouvelles commandes et que nous devons reporter certains paiements. C’est un cas de force majeure. Dès que nous en avons la possibilité, nous soldons nos dettes auprès de nos fournisseurs", assure la marque.

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