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20 févr. 2020
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La mode de seconde main débarque en hypermarché

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20 févr. 2020

Le marché des vêtements d'occasion, qui pesait en France un milliard d'euros en 2019 (selon l'IFM), concerne plus que jamais tous les acteurs du retail. Après les précurseurs du web, puis les enseignes spécialisées (Bocage, Camaïeu…), c'est au tour de la grande distribution de franchir le pas. Auchan vient en effet de faire de la place dans cinq de ses hypermarchés à des corners dédiés à la mode de seconde main. Un relais de croissance au rayon textile pour Auchan, à l'heure où les ventes des rayons habillement en hyper/supermarchés dévissent depuis quelques années. C'est avec le spécialiste français de collecte et revente en ligne Patatam que le géant de la distribution a développé ce projet. Explications.


Auchan est le premier hypermarché en France à s'ouvrir à la revente de vêtements d'occasion en magasin, pour femme et enfant. - Auchan


Depuis trois jours, les clients d'Auchan à Hirson, Melun, Roncq, Bordeaux et Marseille peuvent ajouter dans leur chariot une robe Promod ou un top H&M, et passer en caisse comme à leur habitude. Ces articles de seconde main, mis en exergue par une signalétique verte XXL, sont situés à proximité du rayon textile classique ou de l'espace essayage.

C'est l'entreprise basée au pays basque Patatam qui fournit au distributeur ces articles d'occasion, qu'il collecte en ligne et via des sacs spéciaux (le "patabag") auprès des particuliers. D'ailleurs, chez Auchan, ces sacs sont mis à disposition des clients pour qu'ils les remplissent de vêtements non portés, qu'ils pourront échanger contre un bon de 5 euros au rayon textile.

C'est la première fois que la jeune entreprise née sur le web en 2013, au départ sur le créneau de la mode enfantine de seconde main, s'allie à un acteur retail : "Tout le monde veut s'y mettre mais il faut avoir les outils. Nous fonctionnons comme un fournisseur classique d'Auchan, qui nous achète des stocks", explique Eric Gagnaire, le cofondateur de Patatam.

Dans le corner seconde main, le prix est unique selon le type d'articles, soit par exemple 3 euros pour un top et 8 euros la robe. Une façon pour les clients de s'y retrouver facilement et pour l'étiquetage d'être réalisé plus rapidement. Les vêtements que collecte Patatam sont de toute façon situés sur un créneau milieu de gamme, et permettent à Auchan de diversifier son offre plutôt axée sur les basiques, puisqu'on peut aussi retrouver dans l'espace seconde main des robes de soirée ou des blazers par exemple.


Le "totem" où sont disponibles les sacs Patatam pour déposer ses vêtements, et la politique prix pour la seconde main. - Auchan


C'est dans son entrepôt de 3 000 mètres carrés à Bayonne qu'une trentaine de salariés s'activent pour réceptionner, trier, prendre en photo, et expédier les vêtements alimentant l'e-shop de Patatam (7 millions de pièces écoulées depuis 2013) et donc maintenant les hypers Auchan. "Trois à quatre personnes interviennent sur chaque produit pour s'assurer de leur qualité et les revaloriser". En pratique, 40 % des habits traités sont non revendables en France, et partent dans un circuit à l'export ou sont donnés à des associations.

"Nous avons peu de déchet car nous traitons les vêtements à l'article et non au poids, et en donnant des instructions précises aux particuliers. On constate néanmoins que les gens sont parfois mal éduqués sur le sujet, du fait notamment du Relais, qui reprend absolument tout en volume avec une qualité médiocre pour la revente. Nous souhaitons que les vêtements restent en France !"
 
Si les premiers tests conduits durant trois mois s'avèrent concluants, le partenariat avec Auchan pourrait s'étendre à tout le réseau du distributeur nordiste. Courtisé, Patatam – qui génère 2,5 à 3 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel - dévoilera également au printemps d'autres initiatives de ce type menées avec des enseignes de mode tricolores… sans pour l'heure en dire plus.

L'année 2020 semble décidément être un tournant seconde main pour les chaînes d'habillement côté déploiement physique : Kiabi va lui aussi implanter ses premiers espaces de seconde main dans son réseau, en partenariat avec le prestataire Disruptual, qui fourmille lui aussi de projets. Reste à évaluer si toutes ces initiatives porteront effectivement leurs fruits à long terme.

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