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6 mars 2023
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La région italienne des Marches mise sur chaussure et habillement

Publié le
6 mars 2023

Du 3 au 6 mars, le salon Première Classe a rhabillé le Jardin des Tuileries. Sous les deux vastes tentes dressées le long de l’Avenue Rivoli, c’est une véritable délégation de la région italienne des Marches qui avait posé ses valises, avec pas moins de 17 exposants. Cette opération de promotion régionale n’est que la surface d’une stratégie visant à renforcer les position de la région dans le textile, mais surtout dans la chaussure.


Au centre Andrea Maria Antonini, et à sa gauche Frédéric Maus (Who's Next, Première Classe) et les représentants des Marches - WSW



C’est ce qu’explique à FashionNetwork le Conseiller Régional Andrea Maria Antonini, fraîchement sorti d’une rencontre avec l'ambassadeur italien à Paris, se félicitant de la mise en place prochaine à compter du 27 mai de vols directs entre Paris et Acône, capitale de cette région où le massif Apennin rencontre l’Adriatique au nord de Rome. Région où chaussures et maroquinerie représentent 10,3% des exportations (1,29 milliard d’euros en 2021), auxquels s’ajoutent 4,1% générés par le textile-habillement (513 millions d’euros).

“C’est le district de production de chaussures le plus important d’Italie”, souligne l’élu, fier d’évoquer les productions réalisées pour des maisons comme Gucci ( Kering), Chanel, Loro Piana, ou encore Bulgari et Fendi (LVMH) qui ont investi localement dans leurs propres usines. “Ce sont beaucoup de petites et moyennes structures, généralement familiales, et surtout porteuses de savoir-faire. Et les marques viennent chercher chez nous des savoirs artisanaux de niche, mais aussi de l’innovation.”. 

Outre le vestiaire féminin de Mape Fashion, les chapeaux Atum et les sacs, accessoires d’Arrhe Studio, les Marches étaient donc surtout représentées sur Première Classe par des chausseurs. Avec Alberto Fasciani, Camerlengo, CPB Dei F.lli Pitolesi, Ducanero, Falc et Ottaaviani pour les marques mixtes. Et côté féminin Bruno Trotti, Beppe, Fauzian Jeunesse, Fru.it et Strategia. Sans oublier Gal.men, Frago et King Tartufoli.

La chaussure au coeur de la politique d’export



A l’échelle de l’Italie, les Marches totalisent 5,7% de parts de marché sur les exportations de chaussures et accessoires. Des exportations qui se destinent principalement à l’Allemagne et la France, vers lesquelles les exportations ont progressé de 20 et 27,4% sur les neufs premiers mois de 2022. Viennent ensuite les États-Unis ( +54,9% sur neuf mois), et à la Chine (+133,1%).


Commerce extérieur par pays des chaussures et accessoires produits dans les Marches - Regione Marche


Outre la présence de délégation sur des salons comme Première Classe, les Marches travaillent ce rayonnement international notamment en développant avec la Chambre de Commerce de New York la venue d’acheteurs dans les usines régionales. “Car, aux États-Unis comme en France, on juge à la qualité”. Outre Chine, Japon et Corée du Sud, les Marches ont aussi le regard tourné vers les marchés émergents d’Afrique, tels le Nigeria, où une classe aisée se constitue progressivement.

La Russie est désormais le cinquième plus gros marché pour les chaussures locales. “Un gros problème car c’était notre marché principal !”, souligne Andrea Maria Antonini. “La guerre a réduit nos échanges de plus de 25% depuis un an. Je pensais que cela serait pire, mais les gens ont trouvé des systèmes, en passant par la Serbie, la Suisse, la Turquie, pour continuer le commerce avec la Russie”, indique le responsable.

Le Conseiller régional évoque à ce titre la marque King Tartufoli, qui détient une boutique de chaussures en propre à Moscou, et continue de pouvoir l'approvisionner. “Les ex-pays soviétiques comme le Kazakhstan et l'Ouzbékistan peuvent venir en partie compenser le manque à gagner connu avec la Russie”, pointe par ailleurs le conseiller régional.


La marque Fru.it exposait sur le salon Première Classe - Fru.it


Côté concurrence, les Marches ont le regard tourné vers le Portugal, “qui a aussi une grande tradition de la chaussure”. Mais aussi la France, “qui a un tissu industriel fort dans le cuir et les chaussants”. Mais c’est principalement la Turquie qui est suivi de près par les fabricants des Marches, le pays étant le plus compétitif en termes de prix. “De plus, c’est une filière qui se forme beaucoup en Italie: là où les Chinois nous copient mal, les Turcs nous copient très bien”, sourit Andrea Maria Antonini.

Formation, énergie et éco-responsabilité



A l’instar de leurs voisins français, les industriels italiens de l’habillement et de la chaussure voient dans le recrutement une problématique croissante. Et c’est particulièrement le cas dans les Marches, courues pour le niveau de gamme généralement élevé de ses productions. Pour faire face à la demande croissante, la région développe de nouveaux centres d’apprentissage, et a cette année renforcé les budgets dédiés aux centres de formation spécialisés. “Pour nos chaussures, être généraliste ne suffit plus: il faut une main d'oeuvre toujours plus spécialisée et qualifiée”, explique le conseiller régional, qui pointe que certains établissements de formation sont d’ores et déjà actifs, avec la quasi–certitude de trouver localement un emploi. “Et nous avons impliqué les entreprises dans le processus, pour qu’elles s’impliquent dans la transmission du savoir-faire.”.


La marque Strategia était l'une des 17 marques des Marches venues exposer sur Première Classe - Stratégia



La région n’échappe pas non plus à l’explosion des coûts énergétiques qui menace la filière textile européenne. Assesseur régional à l’énergie, Andrea Maria Antonini a été auditionné par la Commission européenne pour demander des fonds supplémentaires, du fait du cas particulier des Marches. Des fonds obtenus. “La région soufre d’un très grand déficit énergétique, et d’un réseau de faible puissance, ce qui fait que la plupart des projets locaux portent aujourd’hui sur l’énergie”, explique le représentant, évoquant les projets d’alimentation alternatifs à l’hydrogène, au photovoltaïque ou aux éoliennes maritimes. “L’ensemble des industriels régionaux demandent d’être mieux soutenu par Bruxelles, dont nous préparons actuellement la redistribution locales des aides.”.

La responsabilité sociale et environnementale n’est pas oubliée. Les Marches revendiquent être la première région d’Italie a préparer un protocole d’évaluation verte des entreprises, sur des critères présentés comme élevés. “La Région se veut très attentive sur ces questions, mais le fait est que les entreprises avaient de toute façon pris les devants de façon autonome sur ces sujets. D’une part parce qu’ils sont sensibles à ces enjeux. Mais aussi parce qu’au bout du compte ce sont des commerçants, et qu’ils ont compris que ce n’était plus un choix”, souligne l’élu, un sourire en coin.
 

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