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La splendeur de la mode italienne s'expose à Londres

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3 avr. 2014

LONDRES, 03 avr 2014 (AFP) - Des premiers défilés d'après-guerre à Florence aux créations récentes présentées à Milan en passant par les robes des stars de Hollywood, une exposition revient à Londres sur les heures de gloire de la mode "Made in Italy", aujourd'hui confrontée à des difficultés.

Un défilé à Sala Bianca, 1955 (Photo: G.M. Fadigati, Giorgini Archive, Florence)

"Le glamour de la mode italienne, 1945-2014", qui s'ouvre samedi au Victoria and Albert Museum, présente une centaine de créations de designers célèbres ou oubliés, et ramène le visiteur à la naissance de cette industrie, à l'époque du Plan Marshall.

C'est grâce à l'aide américaine, dans un pays exsangue et avide de rêve après des années de privations, que la mode italienne a pu devenir un secteur-clé de la reconstruction nationale. Et se mettre à rivaliser avec Paris, grâce à l'action d'un homme d'affaires, Giovanni Battista Giorgini. Persuasif, il arrive à attirer les acheteurs internationaux, en particulier les grands magasins américains, et organise un premier défilé en février 1951 chez lui à Florence, présentant robes élégantes et tenues de plage plus décontractées.

"Le fait que Giorgini ait convaincu ces acheteurs d'ajouter Florence à Paris sur leur route de la mode a amené la presse internationale et le pouvoir d'achat en Italie", explique la commissaire de l'exposition, Sonnet Stanfill. Les défilés suivants ont lieu dans la "Sala Bianca", somptueuse galerie du Palazzo Pitti. Sur les films d'époque, un homme fume au premier rang tandis que des femmes agitent leurs éventails.

Des designers des débuts, seule la marque Emilio Pucci continue actuellement à défiler. Les autres sont tombés dans l'oubli, comme Vanna ou Emilio Schuberth, dont une superbe robe-bustier en soie déclinant plusieurs nuances de rose est exposée. Les stars de cinéma offrent aussi une tribune exceptionnelle aux designers italiens, grâce aux nombreux films tournés dans les studios de Cinecitta dans les années 1950 et 1960.

L'exposition présente notamment une robe Sorelle Fontana portée par Ava Gardner, ainsi qu'un collier et une bague en émeraudes et diamants Bulgari, offerts par Richard Burton à Elizabeth Taylor, lorsqu'ils tournaient Cléopâtre à Rome.

Les couturiers italiens, avec un savoir-faire apprécié et des prix inférieurs à ceux de Paris, s'exportent de plus en plus. En s'appuyant sur une industrie textile florissante et spécialisée géographiquement: Côme pour la soie, Bielle pour la laine, la Toscane pour le cuir. Dans les années 1980, Milan devient la capitale italienne de la mode et le "Made in Italy" un argument marketing efficace, mondialement connu.

"besoin de sang neuf"

Entre une paire de spectaculaires bottes noires pointues Dolce & Gabbana, incrustées de pierres, et des robes de soirée Valentino et Armani, la dernière partie de l'exposition présente les créations plus récentes des grands noms de la mode italienne. Elle se penche aussi sur l'avenir d'une industrie en proie à des difficultés économiques et au vieillissement de ses designers.

"J'avais en tête le débat qui agite Milan actuellement", explique encore Sonnet Stanfill. "Si (l'influente journaliste de mode) Suzy Menkes décrit Londres comme un laboratoire de mode, où est-ce que Milan se retrouve?", interroge la commissaire de l'exposition. "Je pense que le fait que la chambre nationale de la mode italienne ait nommé comme nouvelle directrice la Britannique Jane Reeve montre qu'elle est consciente de la nécessité d'un changement", dit-elle.

Une volonté également exprimée par les créateurs, dans un film diffusé en conclusion de l'exposition. "La mode italienne doit se réveiller. Pour cela, nous avons besoin de sang neuf", juge ainsi Jacopo Etro, directeur de la création pour la division accessoires, cuir et textiles de Etro, qui s'alarme que des créateurs âgés "de plus de 70 ans travaillent encore".

Tandis que Mariano Rubinacci se plaint des "impôts invraisemblables", Angela Missoni, directrice de la création de la maison Missoni, met en cause un manque de soutien du gouvernement. Un message auquel sera peut-être sensible le nouveau Premier ministre italien, Matteo Renzi, 39 ans, qui a visité l'exposition dès mardi soir, lors d'un passage à Londres.


The Glamour of Italian Fashion 1945-2014
Du 5 avril au 27 juillet
Victora & Albert Museum, Londres.


Valentino posing with models in Rome, July 1967. Courtesy of The Art Archive / Mondadori Portfolio / Marisa Rastellini.

Par Anne Laure MONDESERT

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