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Le luxe français lorgne sur l'Inde, malgré les obstacles pour y investir

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1 avr. 2007

NEW DELHI, 1 avr 2007 (AFP) - Les grands noms du luxe français lorgnent sur l'Inde et ses dizaines de millions de nouveaux riches, un marché au gigantesque potentiel de croissance mais difficile à pénétrer à cause de barrières douanières et d'obstacles à l'investissement.


Le ministre indien du Commerce Kamal Nath et son homologue française Christine Lagarde, à New Delhi le 30 mars 2007
Photo : Raveendran/AFP

"Après la Chine, l'Inde sera le prochain relais de croissance", a prédit Yves Carcelle, PDG de Louis Vuitton Malletier, filiale du numéro 1 mondial du luxe LVMH.

Le fabricant des célébrissimes bagages en cuir, que l'on s'arrache depuis longtemps, ailleurs en Asie, a ouvert sa première boutique en 2003 dans un grand hôtel de New Delhi et une deuxième l'année d'après dans un palace de Bombay.

"Nous croyons au potentiel du marché indien, mais on n'en est qu'au début", a ajouté M. Carcelle, en marge d'une conférence internationale sur le luxe qui se tenait le week-end dernier à New Delhi. Outre LVMH, les maisons les plus prestigieuses y étaient représentées - Chanel, Hermès, Dior, Cartier, Lanvin ou Lalique - chapeautées par l'association professionnelle Comité Colbert.

Car le géant asiatique en pleine expansion est alléchant pour le luxe français. "A ce stade de l'évolution de l'économie indienne, on a vraiment intérêt à être là", a plaidé la déléguée générale du Comité Colbert, Elisabeth Ponsolle des Portes.

De fait, les chiffres sont éloquents : d'un côté, l'Inde compte 300 millions de pauvres vivant avec moins d'un dollar par jour (sur 1,1 milliard d'habitants) mais, de l'autre, elle abrite le plus grand nombre de milliardaires en Asie.

Et sur les 300 millions d'Indiens des classes moyennes ou aisées, entre 1,6 et 2 millions de foyers gagnent plus de 100 000 dollars par an. Le Comité Colbert a calculé qu'entre 10 et 30 millions d'Indiens sont des clients potentiels de ses produits de luxe.

Mieux, le secteur devrait enregistrer ces cinq prochaines années en Inde une croissance quatre fois supérieure à celle du reste du monde, indique une étude du cabinet Bain and Company. Avec un chiffre d'affaires annuel de deux milliards de dollars, le patronat indien table sur une progression d'au moins 20 % par an.

Mais pour l'instant, le marché est minuscule : pour les 68 marques du Comité Colbert, l'Inde représente tout juste 70 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel sur les 30 milliards d'activité mondiale de ces entreprises françaises.

Car l'Inde est "difficile à pénétrer", relève l'étude de Bain and Company.

"C'est un tout petit marché à cause de droits de douane prohibitifs", a déploré Christian Blanckaert, vice-président d'Hermès. Selon le Comité Colbert, les taxes à l'importation peuvent atteindre 60 % sur certains produits.

Invité à la conférence, le ministre du Commerce Kamal Nath a promis, devant son homologue française Christine Lagarde, d'étudier au cas par cas certains allègements de tarifs.

"Il est très difficile d'expliquer à nos clients qu'ils doivent payer 35 % plus cher en Inde qu'à Londres ou à Paris", a dénoncé Françoise Montenay, présidente de Chanel.

De toute façon, les grands noms du luxe français ont déjà une très grosse clientèle indienne, parfois depuis 150 ans, laquelle n'hésite pas à faire ses emplettes à l'étranger. "Vu les encombrements à Bombay, il est plus facile pour nos clients de prendre un avion pour Dubaï que de se rendre en voiture à notre magasin", a plaisanté M. Carcelle.

Comme beaucoup d'investisseurs en Inde, les professionnels du luxe se plaignent du manque d'infrastructures, notamment l'absence de centres commerciaux prestigieux comme ailleurs en Asie. Et s'ils se félicitent de contrôler, grâce à une loi de 2006, 51 % de leurs magasins, Louis Vuitton ou Chanel souhaiteraient les détenir à 100 %.

Par Nicolas REVISE

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