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Le parfum, des centaines de molécules traquées par les chercheurs

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10 mars 2007

NICE, 10 mars 2007 (AFP) - Des effluves d'orange, de cannelle ou de rose réduites à l'état de formules moléculaires : pour mieux affronter la concurrence, les parfumeurs de Grasse renforcent leur collaboration avec des chimistes capables d'identifier tous les composants d'une fragrance et d'inventer de nouvelles senteurs.

Le pôle de compétitivité Parfums, arômes, senteurs et saveurs (Pass), lancé il y a quelques mois en région Provence-Alpes-Côte d'Azur - sud de la Drôme inclus - a donné un nouvel élan à ce partenariat.

La soixantaine d'entreprises de la branche parfums et arômes du pays de Grasse - environ 10 % du CA mondial de la filière - ne cultivent plus qu'à la marge les fleurs qui ont fait leur réputation. Elles sont récoltées en Inde, en Chine, au Maghreb, dans les pays de l'Est ou d'Afrique, où les entreprises locales se sont elles-mêmes spécialisées dans la fabrication d'extraits.

"Principe de précaution oblige, les parfumeurs ont des cahiers des charges de plus en plus stricts. L'entreprise qui peut leur fournir la composition détaillée d'un extrait possède une longueur d'avance sur les concurrents, explique Xavier Fernandez, maître de conférences au Laboratoire de chimie des molécules bioactives et des arômes (LCMBA), de l'université Nice-Sophia Antipolis.

Une tendance renforcée par le règlement européen Reach qui instaure l'enregistrement progressif, à partir de 2008, des substances chimiques fabriquées ou importées dans l'UE dans des volumes dépassant une tonne par an.

"De certaines fragrances emblématiques comme l'huile essentielle de rose, nous maîtrisons très bien la composition, poursuit Xavier Fernandez. Mais d'autres senteurs restent partiellement obscures car seule leur composante volatile, celle qui a le plus d'impact olfactif, a été étudiée".

Décoder les odeurs dans leur moindre détail moléculaire est l'un des projets phares du pôle de compétitivité Pass. "En décryptant les parfums, on peut espérer trouver des composés ayant une propriété intéressante - anti-oxydant, anti-vieillissement - qui valorisera le produit".

Pour conserver leur avantage, industriels grassois et chercheurs tentent aussi de découvrir de nouvelles molécules odorantes. "C'est un processus très complexe, dit M. Fernandez. Il ne suffit pas qu'une substance possède une odeur originale pour présenter un intérêt commercial. Il faut qu'elle puisse se marier à d'autres molécules, être fabriquée dans des conditions économiques intéressantes, qu'elle ne soit pas irritante ou allergisante".

Pour toutes ces raisons, une nouvelle odeur identifiée par son équipe dans de l'extrait de cresson n'a pas été retenue par le partenaire industriel du programme de recherche.

Le laboratoire mise sur d'autres découvertes, comme une nouvelle voie de synthèse de composés analogues de l'oxyde de rose: "Ils s'en distinguent par une infime nuance olfactive qui peut devenir très recherchée par les parfumeurs", explique Elisabeth Dunach, directrice de l'équipe arômes-synthèses.

Autre intérêt : ce nouveau composé a été synthétisé par catalyse, une méthode de production "propre" de plus en plus prisée des parfumeurs. "Une part importante de notre travail est consacrée au développement de méthodes de fabrication bio par utilisation d'enzymes ou d'électrons", poursuit Mme Dunach.

Ces processus de bioconversions permettent de produire des arômes de synthèse qui bénéficient du label "naturel", un avantage en termes d'image et de coût : l'obtention de vanilline par bioconversion offre un produit au minimum deux fois moins cher que la vanilline issue des gousses de vanille.

Par Sophie MAKRIS

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