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Les Chinoises de la classe moyenne prêtes à tout pour un sac de luxe

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2 mars 2011

HONG KONG, 2 mars 2011 (AFP) - Devant la vitrine Chanel de Canton Road à Hong Kong, où s'alignent des boutiques de luxe, une longue file d'attente s'est formée. Parmi les clientes impatientes, Celeste Law et Karina Luh, deux étudiantes prêtes à tous les sacrifices pour s'offrir l'objet de leur désir.


Canton Road à Hong Kong

Ces "fashionistas", venues pour beaucoup de Chine continentale, sont prêtes à dépenser au moins 5.000 dollars de Hong Kong (460 euros) pour un porte-monnaie, un sac ou une pochette, contribuant à faire du marché chinois le plus dynamique au monde.

L'attrait pour les sacs de luxe dépasse le marché des 900.000 millionnaires chinois et atteint la classe moyenne. Quant aux plus fortunés, ils sont prêts à débourser des dizaines de milliers d'euros pour un sac qui les distinguera.

Toutes deux âgées de 20 ans, Celeste et Karina, qui travaillent à mi-temps, ont économisé pendant plus d'un an pour se promener en ville avec, à la main, un sac siglé d'un des grands noms du luxe.

"Nous voulons ce sac car la marque est très célèbre. Ca attire le regard des gens et ça nous donne confiance", assure Celeste, un sac Louis Vuitton en bandoulière.

"C'est un fait culturel. De la même façon que les Asiatiques préfèrent le riz aux pommes de terre, ils préfèrent aussi les sacs de marque", observe Christina Ho, qui tient le blog Hong Kong Fashion Geek.

A mesure que la clientèle accède à un certain pouvoir d'achat et devient plus sophistiquée, ses goûts changent. Les consommatrices qui achetaient des contrefaçons, très répandues en Chine, s'offrent désormais des originaux, assure de son côté à l'AFP Amanda Lee, qui écrit sur le blog hongkongais Fashionography.

"La classe moyenne se doit de posséder un sac Louis Vuitton et celles qui en possédaient déjà un cherchent désormais un produit différent", explique-t-elle.

L'explosion des ventes en Chine est telle que les grandes marques ont du mal à suivre. En 2010, les ventes de sacs Prada en Chine ont augmenté de plus de 80%, celles de la marque Miu Miu - qui appartient aussi à Prada - ont été multipliées par cinq, a expliqué à l'AFP Sebastian Suhl, directeur opérationnel du groupe Prada.

"Nous estimons que nous avons seulement commencé à effleurer la surface du potentiel chinois", a-t-il ajouté.

Zuki Ho, une assistante commerciale, fait partie de ces femmes de la classe moyenne qui contribuent à doper les ventes: elle possède 15 sacs de luxe dans ses placards. Un jour, elle a dépensé 40.000 dollars de Hong Kong (3.700 euros), soit deux fois son salaire mensuel, pour une seule de ces besaces.

Selon une étude de CLSA (Credit Lyonnais Securities Asia), la Chine va devenir le premier marché mondial du luxe d'ici 2020, représentant 44% des ventes mondiales, pour un volume de ventes qui sera supérieur au volume mondial actuel.

La demande va fortement augmenter pour les sacs, les montres ou encore la joaillerie, selon l'étude.

Autre signe d'une passion immodérée pour ces objets de rêve, les boutiques Milan Station revendent à Hong Kong des sacs de luxe d'occasion.

Et même s'ils ont déjà été portés, ces sacs atteignent parfois des niveaux plus élevés que leur prix d'origine, surtout s'il s'agit d'éditions limitées.

"Les gens ne se sentent pas coupables de s'acheter de tels sacs, car ici, ce sont de vrais investissements", assure Jackie Lau, responsable de Milan Station.

Au point que les clientes s'inscrivent sur des listes d'attente de plusieurs mois pour mettre la main sur des modèles de Mulberry ou Hermès souvent à plus de 20.000 dollars de Hong Kong (1.860 euros).

Par Judith EVANS

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