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21 janv. 2022
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Livraisons: où en sont les réseaux de consignes automatiques et points relais en France ?

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21 janv. 2022

La crise sanitaire a accéléré l'activité de l'e-commerce tricolore, mettant sous pression les différents acteurs de la livraison. La livraison en personne (à domicile ou au travail) reste privilégiée par 80% des Français, selon une étude Fevad-Médiamétrie, mais ces derniers sont aussi 67% à se tourner vers les points de retrait. Dans ce domaine, si 25% des répondants se tournent vers les boutiques (click&collect, e-reservation…), les cyberacheteurs sont surtout 62% à opter pour les relais (commerces, particuliers…) et consignes automatiques. Un domaine fortement concurrentiel dont les acteurs se disputent âprement les locations et partenariats stratégiques. Alors que l'e-commerce français a en 2021 franchi le cap symbolique des deux milliards de transactions, pour quelque 130 milliards d'euros, FashionNetwork.com fait le point sur le déploiement de ces réseaux de livraison. 


FashionNetwork



L'un des domaines illustrant le mieux la concurrence à l'œuvre dans le secteur est sans nul doute celui des consignes automatiques. Notamment parce que les déploiements s'y font à coup de centaines d'emplacements signés avec les réseaux de centres commerciaux, enseignes de grande distribution ou infrastructures publiques.

Acteur historique de la livraison, La Poste a à ce titre pris les devants en déployant quelque 600 consignes automatiques via des partenariats noués avec les groupes Carrefour, Casino (Monoprix) ou encore la RATP (transports parisiens). Et pour cause: La Poste nous indique que la livraison hors domicile a concerné 18% des 500 millions de colis livrés l'an passé.

Autre grand acteur de la livraison sur les marché français, UPS a fait le choix de ne pas se lancer dans la course aux casiers postaux. En revanche, son concurrent allemand DHL s'y est engouffré. En France, son réseau se limite cependant pour l'heure à 75 consignes, nous indique le logisticien.

Des investissements qui répondent à la montée en puissance du géant Amazon dans ce domaine. Les premiers Amazon Lockers ont été déployés en 2016, et l'américain signait deux ans plus tard un accord avec la SNCF pour le déploiement d'un millier de consignes dans les gares françaises. Depuis, c'est avec le groupe Casino qu'a été signée la création d'un autre millier de consignes aux portes de magasins Géant, Casino et Monoprix. A ceux-ci s'ajoutent des partenariats avec Intermarché et Leclerc, les stations-service Esso, Total et BP, ou les centres commerciaux URW, Klepierre, Galimmo ou Nhood. 

A ce jour, Amazon France nous indique pouvoir compter sur un réseau de 3.000 consignes automatiques, dont 400 Lockers SNCF. " Ce service permet de désenclaver et redynamiser certains territoires peu pourvus en points de collecte et d’améliorer ainsi le service rendu aux habitants", nous explique l'entreprise.



Shutterstock


Un point qui explique pourquoi les consignes automatiques font également des émules parmi les acteurs historiques du commerce relais. Ainsi, Mondial Relay revendique avoir terminé l'année 2021 avec un réseau d'environ 300 consignes. La filiale du groupe polonais InPost compte porter son réseau automatisé à plusieurs milliers d'unités en 2022.

La structure indique être "en train de nouer des partenariats avec de nombreux acteurs du retail pour implanter des lockers sur leurs parkings afin d’augmenter leur trafic de clients". De son côté, son concurrent historique Relais Colis s'est donné pour objectif de déployer quelque 500 consignes au cours des trois prochaines années

Les relais commerçants partenaires



Si elles sont accessibles au-delà des heures d'ouverture des commerces, les consignes automatiques n'en sont pas moins de coûteux investissements, tant en termes d'installation que d'entretien, et sont par définition limitées en termes de formats de colis. Une réalité qui conforte l'ensemble des acteurs dans la multiplication des commerces partenaires constituant leurs réseaux de relais.

Dans ce domaine, La Poste reste un incontournable, revendiquant 33.000 points d'accès. D'un côté, la maison mère du spécialiste de la livraison de colis DPD peut compter sur 17.000 "points de contact", dénomination regroupant les bureaux de poste, agences communales et relais commerçants (amenés à prendre en charge le courrier en milieux ruraux, ndlr). De l'autre côté, la Poste revendique le premier réseau de relais en France, avec près de 16.000 relais commerçants PickUp.

"En termes de développement, l’objectif du nouveau plan stratégique de La Poste est un passage à 40.000 points d’accès à au moins un service postal en France en 2025", avance la direction.


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De son côté, Mondial Relais indique aujourd'hui être à la tête d'un réseau de 12.000 points relais chez des commerces à travers la France. Née à l'époque pour accompagner les livraisons du vépéciste 3 Suisses, l'entreprise nous explique viser les 13.000 adresses pour l'année qui vient de s'ouvrir.

Issu de son côté du giron de La Redoute, Relais Colis revendiquait en 2021 un réseau de 5.200 commerces partenaires. Sa direction nous confie cibler les 8.000 points de retrait "d'ici deux ans au plus tard en fonction de la croissance du e-commerce". 

Au fur et à mesure de la constitution de ces maillages, transporteurs et réseaux de relais multiplient les partenariats. C'est ainsi que GLS revendique 10.000 ParcelShops, ses points de retrait des colis. Car les logisticiens se sont fait forts de se constituer leur propres solutions alternatives à la remise en main propre et aux consignes automatiques.

C'est ainsi que l'américain UPS revendique à ce jour 5.700 points de retrait sur le territoire français. Son concurrent DHL nous explique de son côté pouvoir compter sur 4.900 commerçants relais à travers le pays. Ce dernier table sur plus de 7.000 d'ici à la fin de l'année 2022, quand bien même les colis distribués en France via consignes et relais ne représentent que 4% des volumes transportés.

Des réseaux de relais chez des particuliers



Reste que même les commerces relais ne sont pas sans limites, qu'il s'agisse de la surface de stockage disponible limitée chez les commerces de centre-ville ou le manque de relais potentiels dans certaines zones rurales. Une réalité qui crée, autour de la livraison du dernier kilomètre, un nouvel espace à investir: la transformation de particuliers en relais de livraison. Avec des acteurs spécialisés nouveaux et anciens se retrouvant autour de cette "livraison collaborative", sur laquelle s'était penché FashionNetwork.com en septembre dernier.


Welco


Welco s'est ainsi lancé en 2016 avec pour ambition d'identifier et convaincre des particuliers à même de centraliser les commandes destinées aux résidents de leur quartier. Cinq ans plus tard, l'entreprise revendiquait un maillage conséquent de plus de 30.000 particuliers relais, ou "Welkers".

A l'occasion du récent salon CES de Las Vegas, ses fondateurs ont par ailleurs présenté leur nouvelle application permettant de suivre les flux et colis en temps réel. " Nous souhaitons grâce à cette application simplifier le quotidien des transporteurs et limiter au maximum les échecs de livraison à l'aide de notre communauté de particuliers", nous indique l'entreprise, qui revendique 109.190 colis livrés en 2021, et viser le million en 2022. 

En plus des Welkers, les transporteurs peuvent compter sur les "Keepers" de la société PickMe, qui espère ainsi  remédier aux 30% d'échecs lors des premières livraisons. L'entreprise s'est progressivement déployée dans les grandes villes françaises, fédérant une communauté de 50.000 inscrits sélectionnés pour leur capacité à absorber un flux suffisant de colis. Une approche qui a attiré l'attention de Mondial Relay, qui nous indique mener actuellement un test avec un partenaire. Et qui intéresse également Relais Colis, qui a respectivement annoncé en juillet et novembre des phases de test menées avec Welco et PickMe.
 
"Les pilotes ont permis d’identifier le potentiel clients et les facteurs clés de réussite opérationnelle", indique aujourd'hui à FashionNetwork.com Relais Colis, qui évoque 53 points desservis par 191 particuliers voisins. "Nous planifions maintenant les prochaines étapes avec nos partenaires pour déployer ce système à plus grande échelle. L’idée est également de pouvoir le développer sur l’ensemble des flux dans toutes les zones où l’on identifie un besoin, et d’en faire une solution alternative d’hyper proximité lorsque le relais initialement choisi n’est pas disponible".


PickMe


Le transporteur DHL s'est lui aussi positionné sur cette alternative aux commerces relais. Le groupe allemand nous indique même pouvoir déjà compter sur un réseau d'environ 200 relais particuliers à travers la France. UPS indique de son côté avoir noué un partenariat avec Welco, et précise être ouvert à d'autres collaborations dans ce domaine.

Mais ces acteurs de la livraison doivent aussi jouer avec l'émergence de nouvelles solutions "uberisées" dédiées à la livraison elle-même. Solutions qui, là encore, visent à éviter aux enseignes les risques (et le coût) des échecs de livraison.

C'est là l'approche de Shopopop, qui revendique 300.000 particuliers livreurs, ou "Shoppers". Ceux-ci prennent en charge la livraison des achats entre les enseignes partenaires et le client. Un dispositif qui concerne pour l'heure très majoritairement l'alimentaire, avec des partenariats noués avec Auchan, Carrefour, Casino, E.Leclerc, Intermarché et Système U. Mais, forte d'une récente levée de fonds de 20 millions d'euros, l'entreprise entend élargir son périmètre, et évoque ses ambitions pour le commerce non alimentaire. Ambition née de l'expérience déjà acquise auprès de d'acteurs comme le groupe Eram, Decathlon ou Intersport.

Face à la multiplication des possibilités de retrait des commandes, la livraison en personne est amenée à rester majoritaire, pour le délégué général de la vente en ligne (Fevad), Marc Lolivier. "Mais l’élargissement du concept du relais va permettre d’accroître les choix possibles du consommateur en termes de livraison, sans lui imposer un moyen. Et ce choix de relais particulier répond à un vrai besoin, et aux transformations récentes des comportements", indique le responsable.

Selon Médiamétrie, parmi les 62% de Français ayant déjà opté pour le retrait d'une commande ailleurs qu'en magasin, 59% se sont essayés aux différentes formes de relais, contre 7% pour les consignes automatiques. Une part amenée à grandir face au foisonnement actuel de ces casiers à travers les territoires.

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