Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
2 juin 2022
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Louis Vuitton : pour l’automne/hiver 2022, l’homme voyage à Bangkok

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
2 juin 2022

Plus de six mois après le décès de Virgil Abloh, Louis Vuitton a présenté son dernier défilé masculin automne/hiver 2022 à Bangkok, inspiré de neuf looks imaginés par son regretté directeur artistique.


 


 Le résultat : un mélange détonant d’influences athlétiques, de coupes dignes de plus grands tailleurs, de logos répétés à l’excès et d’imprimés issus d’œuvres de Gustave Courbet. Au total, ce sont 74 looks qui ont été dévoilés mercredi soir dans la ville d’Asie du Sud-Est.
 
Dans les images d’introduction du film de 22 minutes, on peut voir un père embrasser tendrement son fils endormi, avec sa guitare posée à côté de lui. Il s’éveille dans sa maison sur pilotis, en bord de mer, et descend les marches à toute allure avant de s’avancer tout habillé dans les eaux troubles pour atteindre une plateforme flottant à l’horizon, une métaphore évoquant le lien fort de la maison avec l’univers du voyage et l’ouverture de ses horizons. Un prélude cinématographique qui porte le titre I Dream of You, réalisé par Sivaroj Kongsakul.

Puis commence le défilé proprement dit, avec des mannequins marchant sur de faux rails de chemin de fer, dans un décor digne de Giorgio De Chirico montrant un pavillon de banlieue renversé. Intitulé “Louis Dreamhouse2 Bangkok, June 2022“, c’est le pendant architectural de la Dreamhouse de Louis Vuitton vue à Paris lors du défilé de janvier.



Photo : Louis Vuitton


Malgré un fort accent mis sur le violet métallisé, les premiers looks présentés étaient noirs, avec des costumes en gabardine de laine, des vestes de chauffeur portées avec des shorts ou de longs manteaux de ville, rappelant les toiles de l’entre-deux guerres d’Otto Dix.
 
Depuis le décès de Virgil Abloh, les collections menswear de Louis Vuitton ont été confiées à son équipe de création, et l’on ressent encore pleinement son influence dans le mélange d’imprimés mêlant des héros de dessins animés, des graphismes presque infantiles, des couleurs dégradées, des motifs bucoliques et des images empruntées à Gustave Courbet et Giorgio De Chirico.
 
Les amateurs d’art moderne reconnaîtront sans peine les images de L’Atelier du Peintre, l’une des toiles les plus fameuses de ce peintre réaliste converti sur le tard à l’impressionnisme ; ils identifieront aussi sans peine Melancholia, l’une des réalisations emblématiques du génie surréaliste italien.
 
Les logos de la maison s’invitent partout : sur des bombers et des blousons violets monogrammés, sur des baskets LV, sur un pantalon démesuré en denim gris délavé ou sur de longues parkas. Le glamour est aussi de la partie, avec des costumes à sequins cuivrés ou des ensembles en velours turquoise, et même des masques satinés.
 

Photo : Louis Vuitton


Les raisons du choix de la bande sonore, en revanche, ne sont pas claires ; pourquoi une maison de l’envergure de Louis Vuitton n’a-t-elle pas fait l’effort de payer pour une création originale ? Les morceaux de Stereolab et Can, entendus mille fois lors d’autant de défilés dans le monde entier, avaient de quoi lasser.
 
Les accessoires ne manquaient ni de panache, ni d’originalité, avec des sacs polochon, des sacs de voyage matelassés et des modèles damier Keepall déclinés en violet vif et matelassés, et même une bombe de peinture aux armes de Louis Vuitton.
 
“Que nous allions en Inde, dans le Kansas ou à Cuba, c’est la jeunesse qui nous intéresse : ce stade de la vie où l’on n’est pas encore programmé, formaté, poussé à faire, penser et porter certaines choses. Et dans cette étude, on se rend compte que les adolescents du monde entier font face aux mêmes difficultés. Cela reflète bien le fait que, fondamentalement, nous ne formons qu’un“, avait déclaré Virgil Abloh en 2019, une citation retranscrite dans les notes du programme.


Photo : Louis Vuitton


À l’exception de quelques looks monogrammés couverts de chrysanthèmes en denim logotypé ou en soie, malgré les modèles d’origine asiatique et la référence à la mode indo-chinoise de porter les casquettes légèrement sur le côté, la Thaïlande était remarquablement absente de ce défilé. Comme lors de la présentation de la dernière collection de Virgil Abloh pour Louis Vuitton, dévoilée à titre posthume à Paris, celle-ci était clôturée par une demi-douzaine d’anges aux ailes en guipure, portées avec des shorts féminins et des tutus de danse, illuminés par un soleil levant jaune qui se déplaçait le long des rails pendant le spectacle.
 
Au cours de sa (bien trop) courte carrière, Virgil Abloh a eu le temps de devenir la référence de la mode masculine de luxe, condamnant à l’obsolescence une flopée de “jeunes“ designers masculins du jour au lendemain.
 
Sa maîtrise de l’effet de surprise et sa capacité à absorber les idées de multiples autres artistes et créateurs ont fait de lui un designer révolutionnaire. Son influence n’est pas près de s’éteindre, et imprègne clairement cette collection et ce défilé.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com