Marni décortique l’habit féminin

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
23 févr. 2019

Chez Marni, Francesco Risso continue ses explorations. Solidement ancré à la direction créative de la maison milanaise depuis deux ans, le styliste italien a dévoilé samedi à Milan sans doute l’une de ses collections les plus personnelles, emmenant la marque du groupe OTB au-delà de ses horizons habituels.
 

Avec les lèvres peintes de noir, le visage pâle, portant de longues chaînes disparates, enserrant sa taille en ceinture ou en longs colliers tombant jusqu’aux pieds, cette inattendue femme Marni, incapable de sourire, droite dans ses godillots à grosse semelle ou ses bottes à trous aux œillets métalliques, a tout de la figure dark, tendance gothique. Silhouette inquiétante, les mains cachées sous d'interminables manches, avec ses tartans à carreaux punk noirs et blancs et ses fulgurances rouge sang.
 
Pourtant, derrière cette image très typée, à fort impact, se cache autre chose… Une vraie recherche sur le vêtement. Un vêtement qui se défait et se désagrège sous nos yeux pour mieux se recomposer sous une autre forme. Ainsi, les manches des vestes et des manteaux semblent comme tomber, elles se détachent des épaules, laissant apparaître la doublure. Cette même doublure de couleur vive s’étale sur les revers d’un col ou se prolonge sous une manche comme une chemise en trompe-l’œil.

Les jupes plissées se décrochent soudain de la taille, leurs plis partant en vrille dans une direction imprévisible. Des morceaux de tissus en satin de différentes couleurs sont assemblés avec des agrafes métalliques pour composer une robe recousue façon Frankenstein. De très longues écharpes composées d’une suite de différentes matières (cuir, soie, tartan, etc.) viennent s’insérer dans la silhouette, glissées sous la ceinture, pour en bousculer l’allure et le volume.
 

Des robes en soie aux impressions digitales s’ouvrent comme des poupées gigognes pour accueillir d’autres robes dans les mêmes tons, ne formant plus qu’un seul et même ensemble aux contours incertains. D'autres sont boutonnées dans le dos et ouvertes sur le devant.
 
Les cuirs dominent cette collection à travers de superbes manteaux noirs à doublure rouge, dans des peaux usées ou à effet crocodile ou lézard, mais aussi dans des jupes à larges plis ou des robes tabliers en cuir rouge ou noir.