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15 févr. 2005
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Nouvelle menace sur les Prix?

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15 févr. 2005

Contrairement aux produits alimentaires, à l'énergie, aux loyers et à la plupart des services confrontés à une inflation plus ou moins sensible, les vêtements et les textiles de maison voient leurs prix de vente réels baisser depuis deux ans : après une hausse modérée en 2002 (+ 0,7 %) accompagnant la mise en place de l'euro, les prix effectivement payés par les consommateurs (soldes et promotions inclus) sur le marché de l'habillement ont baissé d'environ 2,2 % en 2002 et de 3,5 % en 2003. Les positions croissantes prises par les donneurs d'ordres en Chine -en anticipation de la disparition des quotas en 2005- et la baisse du dollar sont à l'origine de ce décrochage des prix, sur un marché sursaturé en terme d'offre commerciale. Les marchés de l'enfant et du prêt-à-porter féminin ont été les plus touchés, avec une offre pléthorique sur le segment moyen-bas de gamme autour des discounters périphériques et d'une enseigne comme H&M en centre-ville. Les marchés de la maison, et notamment du linge de lit et des textiles de décoration, sont également concernés par la baisse des prix accompagnant le développement du grand import (Pakistan pour le linge de lit, Inde et Chine pour les textiles de décoration) et une envolée des soldes et promotions en 2004. Le segment de la lingerie, jusqu'à présent épargné du fait de la technicité des produits et de la politique d'innovation des marques, a lui-même "plongé" en 2004 avec une baisse des prix estimée à près de 5 % alors que le soutiengorge était encore protégé par des quotas. Un seul segment de consommation résiste à la déflation : celui du vêtement masculin favorisé par l'intérêt des consommateurs pour une mode moins basique. Depuis le premier janvier 2005, toutes les restrictions quantitatives aux exportations sont tombées. S'il est encore trop tôt pour juger de l'impact de la libéralisation des échanges en ce début d'année, compte tenu du fait que les statistiques dont nous disposons ne concernent pas les flux d'échanges commerciaux mais les demandes de licence d'importations (pour une période pouvant aller jusqu'à six mois), force est de constater que celles-ci sont en très forte progression par rapport à l'année dernière. Si le recours au grand import, et tout particulièrement aux importations chinoises, s'avérait massif, la pression concurrentielle par les prix pourrait s'exacerber en 2005. Des facteurs de résistance à une déflation massive Si les soldes sont, bien entendu, de nature à renforcer la baisse des prix, les résultats du mois de janvier pourraient ne pas trop accentuer cette tendance. Les premiers éléments recueillis sur janvier révèlent en effet des résultats contrastés selon les circuits de distribution. Dans l'ensemble, la part des soldes dans le chiffre d'affaires du mois sera, selon toute vraisemblance, inférieure à celle de l'année dernière, les stocks de produits à solder étant moins importants cette année, en raison de la relative bonne animation des ventes de la fin 2004 et de la volonté des distributeurs de préserver leurs marges en jouant sur la différenciation des produits. S'agissant du coût des matières premières, les prix des matières naturelles devraient rester orientés à la baisse compte tenu du caractère cyclique de l'évolution des prix. Mais les prix des fils et fibres synthétiques qui constituent 75 % de la consommation européenne de fibres, continueront de répercuter la hausse des prix du pétrole. Le prix des transports répercute également cette hausse. Par ailleurs les menaces de clause de sauvegarde rendent le futur moins lisible et incitent d'autant les donneurs d'ordres à ne pas mettre tous leurs œufs dans le panier chinois. En outre, la volonté des industriels chinois, parfaitement au fait des débats occidentaux, de ne pas s'engager dans une guerre commerciale ainsi que la probabilité d'un accroissement des coûts de production en Chine (investissements, coût de l'énergie, montée en qualité), nous conduisent à retenir pour 2005 une baisse des prix de l'ordre de 5 % en France, c'est à dire un peu supérieure à 2004, mais sans commune mesure avec un scénario catastrophe qui pourrait découler de la répercussion mécanique du coût des quotas.

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