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Objets connectés : la "French Tech" veut capitaliser sur la vitrine de Las Vegas

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5 janv. 2017

La « French Tech » cherche à utiliser la vitrine du salon d'électronique CES de Las Vegas pour vanter ses objets connectés, poursuivant un effort mené depuis plusieurs années et qui semble commencer à payer.

Le CES Las Vegas - AFP


Jérôme Pasquet amène pour la deuxième année sa start-up 10-vins à Las Vegas, avec une version connectée de sa sommelière électronique, une machine à doses individuelles qui sert des verres de vin dans les conditions idéales de dégustation.

Les contacts noués l'an dernier ont ouvert « des opportunités sur des marchés qu'on n'attendait pas », poussant l'entreprise à s'orienter vers les professionnels de l'hôtellerie en plus du grand public, mais aussi à se lancer à Londres et Singapour, détaille-t-il.

Le CES 2016 avait aussi permis une rencontre avec LVMH, qui les a accueillis dans son incubateur, le groupe coopératif InVivo, entré le mois dernier au capital de l'entreprise, et « un grand manufacturier industriel » qui négocie un partenariat de fabrication pour une version « plus compacte » de la machine. Le premier modèle s'est écoulé à 500 exemplaires, et 10-vins espère doubler cette année son chiffre d'affaires pour atteindre le million d'euros.

10-vins n'est toutefois qu'une des 260 entreprises françaises attendues cette semaine à Las Vegas. On y retrouve quelques grands groupes comme Valeo, venu présenter ses technologies de conduite autonome, ou L'Oréal, dont la filiale Kerastase a conçu une brosse connectée en partenariat avec le spécialiste des objets connectés liés à la santé Withings, fraîchement racheté par Nokia.

Mais ce sont avant tout des start-up, représentant près de 30 % des exposants de l'Eureka Park, l'espace réservé aux jeunes pousses innovantes : la France a la deuxième délégation nationale derrière les Etats-Unis, avec énormément d'objets connectés.

Au « CES Unveiled », premier aperçu avant l'ouverture officielle jeudi, on a vu entre autres un bracelet surveillant le taux de glycémie des diabétiques ou celui de lactate des sportifs (PKvitality, Paris), une canne qui alerte les proches d'une personne âgée en cas de chute (Nov'in, Saint-Etienne), ou encore une chaussure de sport à « l'amorti actif » (Digitsole, Nancy).

« La chaussure détecte la posture et modifie automatiquement l'amorti », grâce à des stimulations électriques qui modifient la dureté d'un polymère dans la semelle, explique le patron-fondateur, Karim Oumnia, qui présente aussi d'autres prototypes allant des bottes de randonnée chauffantes aux escarpins à talon télescopique et aux chaussures pour enfants, et espère commercialiser ses premières paires cette année.

Karim Oumnia en est à son troisième CES : « ça nous a permis de signer des contrats de partenariat avec de gros fabricants mais aussi avec des distributeurs », et "l'étiquette French Tech nous a permis de participer au forum de Davos ».

Accompagnement

Signe du volontarisme des pouvoirs publics, les ministres Michel Sapin et Axelle Lemaire, ainsi que le candidat Les Républicains à la présidentielle François Fillon vont venir au salon, où beaucoup de start-up bénéficient aussi d'un accompagnement.

La Poste en amène plusieurs à Las Vegas, tout comme l'agence publique Business France, qui insiste sur des produits commercialisables dans les six mois et permettant de « bien montrer la diversité de l'offre française en termes d'objets connectés », explique Eric Morand, chargé des services innovants : « On aide les startups à optimiser leur présence, mais c'est aussi une vitrine » pour « attirer des investissements étrangers en France ».

D'après CB Insights, les financements de la French Tech ont atteint un sommet depuis quatre ans à 1,5 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de 2016 (+71 % comparé à l'ensemble de 2015) et au troisième trimestre, « la France a attiré plus de financements que les start-up technologiques allemandes et s'est approchée des niveaux des start-up britanniques ».

« Paris commence à sérieusement faire concurrence à Londres et Berlin en termes de nombre de transactions financées par du capital-risque et de volume de transactions », relevait aussi la société de capital-risque Atomico début novembre.

Les « licornes » françaises restent néanmoins rares (le service de covoiturage BlaBlaCar, l'expert du ciblage publicitaire sur internet Criteo ou encore la biotech DBV), et les investisseurs très nationaux: d'après CB Insights, la banque publique Bpifrance a la part du lion dans les transactions du troisième trimestre, suivie par le fonds Kima Ventures de Xavier Niel.

Le spécialiste des technologies du son Devialet vient quand même de boucler un tour de table remarqué de 100 millions d'euros avec beaucoup d'investisseurs asiatiques et américains.

« On a été contacté depuis 18 mois par des fonds d'investissement de pays qui n'avaient pas du tout la France sur leur radar sur la tech », notamment hongkongais ou russes, assure aussi Eric Morand, qui n'exclut pas non plus une recherche de « bonnes affaires » des fonds anglo-saxons rafraîchis par les valorisations élevées aux Etats-Unis.

Par Sophie ESTIENNE

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