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7 sept. 2015
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Paris, Milan, Londres et New York : des Fashion Weeks presque complémentaires

Publié le
7 sept. 2015

New York, Londres, Milan, Paris… Le marathon des défilés pour les collections de prêt-à-porter féminin du printemps-été 2016 débute ce mercredi 9 septembre à New York, première journée de présentations avant le départ officiel des défilés le 10, et court jusqu’au 7 octobre. Un mois intense, toujours harassant, souvent hystérique, qui, comme à chaque saison, attire l’attention de tous les acteurs de la mode, créateurs, acheteurs, journalistes et autres décideurs.

New York ouvre le bal des Fashion weeks - New York ouvre le bal des Fashion weeks CFDA


Pour les Maisons de mode, le défilé est crucial, même si 75 % des ventes de prêt-à-porter se font désormais lors des pré-collections. « Le défilé constitue le moment d'exposition maximale. L'attention quasi spasmodique qu'il suscite est énorme. Il n'y a qu'à voir l'intérêt qu'il y a aujourd'hui pour le backstage, dont personne ne se souciait auparavant », note le responsable événement d'une griffe italienne. Le show reste essentiel, que ce soit pour véhiculer la part de rêve de la griffe, sa créativité, ou pour donner le ton de la saison.
 
Loin de freiner le phénomène, le Web n’a fait que l’amplifier. « Le show est devenu un moment de communication à 360°. Il retient davantage l'attention que les campagnes publicitaires. Alors que les showrooms ne sont fréquentés que par les acheteurs, les défilés sont vus par toute la planète », rappelle ce manager. « Les podiums des Fashion Weeks ont pour principal objectif de séduire les caméras et d’optimiser le buzz des réseaux sociaux », résume Jean-Jacques Picart, consultant mode et luxe.

Les Semaines de la mode jouent donc un rôle déterminant, chacune avec sa spécificité, même si Paris reste au-dessus du lot. « Il fut une époque où seule la Fashion Week de Paris méritait le déplacement. Aujourd'hui, mondialisation, Internet et marchés émergents ont changé la donne, et même si Paris reste incontournable, les trois autres rendez-vous de New York, Londres et Milan sont devenus très importants. En fait, on peut presque penser que ces quatre Fashion Weeks sont devenues complémentaires », estime Jean-Jacques Picart.


Les défilés parisiens sont les plus spectaculaires. L’an dernier, par exemple, Chanel a recréé une rue de Paris pour son show - PixelFormula


De l’avis général, la semaine parisienne orchestrée par la Fédération Française de la Couture, du Prêt-à-Porter des Couturiers et des Créateurs de Mode reste plus que jamais indétrônable. Avec ses neuf journées, à raison d’une douzaine de shows quotidiens, sans compter les présentations et les défilés off, Paris offre le programme le plus riche et le plus intéressant.
 
« Lorsque Paris était en phase de recul il y a 15 ans, la Fédération a ouvert ses portes aux Japonais et autres Margiela, en devenant le vrai centre du monde ! Résultat : aujourd’hui, les Français dominent, aussi bien en termes d’image que de business », analyse Riccardo Grassi, propriétaire d’un des plus grands showrooms de Milan.

Ce dernier a ouvert une antenne à Paris depuis deux ans, active chaque saison durant la semaine de la mode. « J’ai ouvert ce showroom temporaire avenue Hoche, parce qu’il y a 200 boutiques très fashion dans le monde, en particulier des détaillants asiatiques et américains qui ne se déplacent qu’à Paris. C’est la place incontournable au niveau commercial. Mais c’est aussi la seule vraie capitale de la mode, avec une image internationale et une sélection très élevée », souligne le fashion business man.

« A Paris, l'exception demeure le talent particulier des Maisons à créer de l'émotion. C’est la semaine de la mode la plus importante aussi en termes de vibrations, énergie, surprises, acuité et sophistication », enchérit Jean-Jacques Picart.


Fatima Val, l’un des tout nouveaux noms figurant dans le calendrier milanais - PixelFormula


Le calendrier parisien accueille plus de 20 nationalités, des plus grands noms de la mode et du luxe aux jeunes marques. Ces dernières années, la capitale s’est notamment ouverte aux noms émergents, à qui elle consacre pratiquement les deux premières journées de son programme, reflétant l’importance croissante de l’apport de la jeune création dans le panorama actuel de la mode.
 
Plus axées sur un public et des acteurs locaux, les trois autres Fashion Weeks ont indéniablement moins d’aura. Milan, réputée pour son offre plus « commerciale », fruit d’un équilibre typiquement italien entre industrie et créativité, s’est imposée comme l’un des rendez-vous les plus courus après Paris.

Doté de nombreux grands noms, de Giorgio Armani à Prada, en passant par Gucci, Versace, Roberto Cavalli, etc., elle s’est ouverte elle aussi ces dernières saisons aux jeunes talents, mais il lui manque le côté international, ce qui, dans un monde de plus en plus global, constitue une limite.

Londres a pris du poids au fil des ans. Ne comptant que Burberry comme très grosse pointure, elle a mis l’accent dès le départ sur les jeunes stylistes talentueux sortis de ses prestigieuses écoles, bénéficiant d’un soutien important de la part des institutions. Mais excès et créativité exacerbée y prennent souvent le dessus sur le vrai vêtement.


Un look du show de Peter Pilotto à Londres en février dernier - PixelFormula


Enfin, New York. Même si une nouvelle génération de créateurs pimente désormais une semaine considérée « moins ennuyeuse », cette Fashion Week, très axée sur une mode industrielle plus que créative, semble se chercher encore. D'autant qu'elle est en pleine refonte.

Avec une pléthore de marques pas toujours à la hauteur, elle attire un public fidèle, car « c’est l’endroit le plus cool du monde avec ses 1 000 fêtes, la grande presse et beaucoup d’argent », observe un habitué.

Elle est aussi le lieu où il faut se montrer lorsqu’on a des ambitions sur le continent nord-américain. Une étape incontournable, alors que le marché du luxe est en plein boom aux Etats-Unis, comme en témoignent les innombrables ouvertures de boutiques de marques européennes de ce côté-ci de l’Atlantique.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le défilé de Givenchy, qui se tiendra exceptionnellement à New York cette saison. Alors que le très cool label new-yorkais The Row des sœurs Olsen fera le chemin inverse, venant chercher à Paris une visibilité internationale. Et une forme de reconnaissance au-delà du simple business...

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