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28 févr. 2023
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Paris: les marques de créateur s’affirment plus que jamais

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28 févr. 2023

La deuxième journée de défilés à Paris a une fois de plus démontré l’effervescence de la créativité dans la capitale. Défilant à l'ombre de Dior, mardi, de nombreuses marques, comme Victoria/Tomas, Dawei, Anrealage et Mame Kurogouchi, ont montré qu'elles avaient tout à fait leur place sur les podiums. Ayant assis leur notoriété ces dernières années, elle ont confirmé leur talent en se centrant chacune sur son identité avec de belles collections.
 

Victoria/Tomas, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Pour l'hiver prochain, Victoria / Tomas revient à ses fondamentaux en poussant encore plus loin le thème masculin/féminin. La femme prend une attitude plus virile, tandis que l’homme s’adoucit. On retrouve les trenchs, les sweaters les pantalons cool, les robes-chemises, mais revus dans de nouvelles proportions et un style essentiel. "Ce sont les pièces qu’on aime porter. Nous sommes revenus à ce qu’on aime faire avec les deux visions homme/femme", explique Victoria Feldman en backstage, qui est associée depuis dix ans dans cette aventure avec Tomas Berzin.
 
"En même temps, c’est beaucoup plus sexy, court, transparent. Nous sommes allés vers quelque chose qu’on n’osait pas faire avant. C’est une nouvelle étape pour nous", poursuit-elle. La collection alterne les longueurs. D’un côté, le maxi, avec ces supers trenchs noirs et camel descendant droits jusqu’aux pieds, ceinturés à la taille, décorés d'anneaux métalliques, ou avec ces sweat-shirts molletonnés tout confort qui se prolongent en robe jusqu’au sol.

De l’autre, le mini. A commencer par ce soutien-gorge lilliputien formé par deux petits rectangles de métal présenté en ouverture du show. sans oublier les microshorts en cuir noir frangés de chaînettes, les jupettes ras des fesses, qui disparaissent sous des blousons et doudounes oversized. La plupart des hauts (duvet, hoodie, veste militaire) aussi sont raccourcis sous la poitrine, tels des crop-tops. L’allure est définie par la casquette de bad boy et des bottes de motard, à alterner avec sandales dorées et chaussettes en laine.
 
L’homme endosse des ensembles en voile transparent et des costumes pyjamas en satin, y superposant parfois pantalon en tulle. Les mannequins portent en bandoulière quelques-uns des parfums emblématique de Caron, avec qui la marque a réalisé une originale collaboration, où Tabac blond (1919), Pour un homme (1934) et la dernier né Musc Oli sont endossés comme des accessoires.
 

Dawei, automne-hiver 2023/234 - © ImaxTree


Dawei aussi se concentre sur ce qu’il sait faire le mieux. Des pièces essentielles aux coupes et détails travaillés, qui se portent au quotidien avec une déconcertante facilité. Son chic urbain à la touche romantique est accentué cette saison par une touche victorienne XIXe siècle, avec des bustiers portés en simple top ou en corsets matelassés enserrant une veste, des robes-jupons évasées et des corsages froncés aux manches bouffantes.
 
Tout se joue sur la silhouette et les volumes avec des jupes comme gonflées qui descendent jusqu’à la cheville. Des modèles mi-longs en tweed sont construits pas une stratification de tissus carrés retombant en pointes. Ailleurs, le carré d’étoffe se superpose à un pantalon ou est plaqué sur le devant d’une chemise en forme de volants ou encore sur un manteau prenant des allures de basques sur les côtés.
 
Dawei Sun s’amuse aussi avec les plissés, qu’il multiplie, des plus fins aux plus épais, agencés dans des directions opposées. Ils bordent tops et jupes en ondulations mouvantes, ils s’ouvrent en éventail élargissant un manteau à chevrons. La doublure s’enfile sur une jupe plissée avec un effet "robe panier". Un tissu poids plume à microplis sert à réaliser des ensembles diaphanes au teintes pimpantes comme enflés par la brise. Plus loin, manteau-cape, hauts et jupes semblent prêts à se déployer comme des parachutes. Le créateur chinois fait défiler aussi plusieurs modèles masculins habillés d’élégants costumes ou portant la jupe.
 

Anrealage, automne-hiver 2023/24 - DR


La maison Anrealage renoue elle aussi avec les prouesses technologiques, qui ont fait sa renommée dans le passé. Le créateur japonais Kunihiko Moriniga a convié ses invités au théâtre de la Madeleine pour une démonstration magique et époustouflante. Comme un prestidigitateur, il a d’abord fait défiler une série de tenues d’un blanc immaculé. Manteaux portés à l’endroit ou à l’envers, noués par un grand nœud, costumes avec veste d’homme extralarge sur chemise et cravate, pardessus fourré, ainsi que toutes une série de robes un peu rétro, en dentelles, à manches à volants, ou évasées et cintrées à la taille.
 
Les mannequins aux cheveux cachés par un bonnet fourré se représentent une deuxième fois sur la scène, toujours deux par deux, s’immobilisent au centre, les yeux fermés. Une sorte de néon projetant des d'ultra-violets descend alors du plafond, balayant leurs vêtements photosensibles de haut en bas et le miracle se produit devant les yeux ébahis du public, qui applaudit à tout rompre. Les habits se couvrent, en effet, de couleurs au fur et à mesure.
 
L’effet est d’autant plus prodigieux, qu’apparaissent soudain, bien nets, les milles et un détails des vêtements dans une palette étendue de vert, rose, jaune, bleu, mauve, etc. à travers carreaux écossais, motifs géométriques, rayures, damiers, et jusqu’aux fourrures, qui se teintent de turquoise ou de mauve. Les créations prennent tout à coup une autre dimension.

Cette teinture par procédé photochromique n'est toutefois qu'éphémère puisque le vêtement retrouve sa couleur initiale en quelques minutes. Et le spectacle peut recommencer pour le grand final, suscitant le même émerveillement.

Mame Kurogouchi, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree

 
Adepte d’une mode délicate et tactile, Mame Kurogouchi signe une collection élégante trouvant le juste équilibre entre un design sobre et savoir-faire artisanal. Elle structure sa collection en deux volets. La première égrène des silhouettes minimales aux manches doucement arrondies, tout comme le dos de certains boléros.
 
De grandes vestes asymétriques sans boutons apparents, conçues comme des tuniques, sont associées à des pantalons taille haute, droits, ou à de longues jupes fendues ou des modèles à plis larges. De doux manteaux en cachemire sont assortis à des robes en fine maille transparentes. Des sacs en feutre ton sur ton, attachés au torse en diagonale ou à la taille, semblent intégrés au vêtement comme des poches.
 
La deuxième partie fait la part belle à des techniques ancestrales de tressage et d’impression. La styliste Maiko Kurogouchi poursuit son exploration autour des antiques paniers en bambou, reproduisant leur tressage dans des tricots élaborés, avec des points en relief, qui créent des effets texturés, ou à travers des imprimés abstraits sur des manteaux fourrés ou des pièces en mohair, qui imitent leurs effets d’ombres et lumières.
 
Elle s’intéresse aussi cette saison aux filets qui servent à enserrer le jambon. Elle a demandé à des artisans spécialisés de lui confectionner des rubans tressés selon la même technique, qu’elle utilise pour border des tops et jupes en savantes rosaces et volutes bariolées.
 

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