Publié le
4 mars 2023
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Paris: pleins feux sur la création japonaise avec Junya Watanabe, Noir et Comme des Garçons

Publié le
4 mars 2023

La recherche créative et le design d’avant-garde demeurent l’apanage des stylistes japonais. Comme l’ont prouvé samedi, à la Fashion Week féminine de Paris, trois des plus emblématiques maisons nippones. A savoir Junya Watanabe, Noir du styliste Kei Ninomiya et Comme des Garçons, qui ont subjugué avec des collections originales à grand impact.
 

Junya Watanabe, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Premier créateur à défiler samedi dans la matinée, Junya Watanabe a livré une collection d'une grande puissance, presque entièrement centrée autour de l’iconique blouson en cuir. L'allure pour l'hiver-automne 2023/24 est celle de la guerrière urbaine, à la longue natte tournoyant dans le dos, en total look black, le visage protégé par un masque de catcheuse.

L'accent est mis sur les pièces à manches, assorties à des pantalons ultra moulants ou des jupes plissées. Les anoraks ou pardessus hybrides sont construits dans un patchwork de différentes matières (cuir, nylon, laine, mesh, néoprène et autres tissus techniques) bardés de sangles, harnais et protections. Le noir domine, illuminé par quelques rares flashs de couleurs, inserts de rouge, bleu ou orange.

Les vêtements font penser à des cuirasses comme ce maxi tablier en cuir ou ces vestes aux volumes boursouflés, résultats de savants coups de ciseaux et recompositions. Le cuir lisse, en relief, ou même bullé est pincé, froncé, gonflé, frangé, clouté, agrémenté de boucles, fermetures à glissière ou clips dorés, tandis que poches et sacoches de motard sont assemblées en des blousons puzzles origami.
 
A l’arrivée, un show très rock inspiré par Kashmir de Led Zeppelin, où il est question d’une longue route traversant le désert. "La chanson m'a poussé à créer ce défilé. C'est un hommage aux paroles et à cette sensation de voyager dans le désert", selon les mots de Junya Watanabe.

Noir Kei Ninomiya, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree

 
Pour l’hiver prochain, Noir Kei Ninomiya prend des couleurs printanières, dans les teintes rose, lilas, myosotis, bleuets, coquelicots… Les fleurs sont présentes dans la palette, mais pas seulement. On les retrouve aussi et surtout dans la structure même du vêtement, décorant ou composant des tenues féériques, comme certaines robes bouquets. Des fantasques modèles ovoïdes ouvrant le show, hérissés de délicates fleurs en plastique et métal réfléchissant, au look final s’apparentant davantage à une anémone de mer, le corps étant couvert de la tête aux cuisses d’une structure organique transparente aux milles tentacules ponctuées de micro-boules colorées.
 
Plus loin, une myriade de délicats pompons rouges, roses, bleus et noirs bourgeonnent sur un manteau boulle zippé sur le devant. Les mêmes, en format géant et fluctuant de pieuvre, forment une minirobe froufrou. Ailleurs de grosses fleurs en pelotes de laine et lurex constituent des gilets-tuniques à enfiler sur des leggings brillants ou des longues jupes en tulle rouge. Des fleurs sont également brodées sur des robes résille. Ce thème du filet revient comme un leitmotiv, tantôt dans des manteaux, tantôt dans des plastrons ou tuniques colliers à grosses perles rouges ou bleues, qui s'enfilent sur des manteaux noirs.
 
Des filets noirs emprisonnent aussi d’étranges sculptures aux couleurs vives, plantées en coiffe sur la tête, tels des astéroïdes tombés du ciel. Des bas étincelants de cristaux, des harnais, des couvertures frangées et de gros nœuds strassés complètent cette garde-robe, dont certains modèles de chaussures ont été réalisée en collaboration avec Repetto.

Comme Des Garcons, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree

 
C'est une performance plus qu'un défilé qu’a orchestré Rei Kawakubo pour sa ligne Comme des Garçons, où le vêtement est appréhendé dans sa fonction d'apparat. Imposant et spectaculaire. Il entrave aussi, réduisant les mouvements, contraignant souvent le corps dans des robes housses, qui emprisonnent les bras. La collection semble proposer une plongée dans l’histoire, s’égrenant entre deux silences en apparitions morcelées, à chaque fois accompagnées par une bande son différente : pop, belcanto, hard rock, sonate au clavecin, rap, etc.
 
Dans toute la solennité de la cathédrale américaine de l’avenue George V, les mannequins s'avancent à chaque scénette, par deux ou trois d'un pas lent jusqu’au centre de la scène, coiffées de vertigineux chapeaux pointus ou de chignons tout aussi démesurées s’enroulant en spirale vers le haut tel un cône inversé.  Des spaghettis de feutre multicolores composent des couvre-chefs carnavalesques.
 
Parfois les cheveux se font cotonneux comme ses perruques blanches, que l’on portait au XVIIIe siècle, et prennent la forme d’un chapeau tricorne de la même époque. Ces coiffes sont assorties à des tenues noires à grands cols ou collerettes blanches zigzagant dans la silhouette. Les robes sont toutes volumineuses, construites par accumulation d’étoffes, fourrures, fleurs et cylindres en tissu et matières insolites, tel cette sorte de laine de verre. La matière est découpée, pliée, réassemblée à l’envers, enroulée.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com