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18 déc. 2014
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Recyclage textile : un avenir, mais sous quelle forme?

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18 déc. 2014

Le 18 décembre était organisé à la Maison de la RATP le colloque « Recyclage textile : la vague porteuse », dont l’objectif était de faire le point sur la croissance connue par cette activité, et son potentiel à exploiter.

Représentants de Decathlon, Happychic (Jules, Brice…) ou l’Herbe Rouge sont venus échanger leur vision avec les dirigeants de l’Union des industries textiles (UIT) et de la direction générale des entreprises (DGE). Près de 200 personnes étaient présentes.

Le colloque « Recyclage textile : la vague porteuse » - Photo : MG/FM


« Le textile est régulièrement cité dans les 34 pôles de compétitivité. Et il y a chez les consommateurs une appétence certaine pour l’achat de produits textiles recyclés », a rappelé Yves Dubief, président de l’UIT. « Je forme le vœu que celui-ci deviennent un facteur clef de la filière ». Un optimisme qui repose notamment sur la présence d’acteurs de la collecte et du recyclage prêt à communiquer et collaborer dans l’innovation, la recherche et le développement. De plus, « le cadre législatif français est extrêmement incitatif » pour le président.

« Il n’y a pas qu’un problème de financement » confirme Marc Dufau, chef du bureau des écotechnologies à la Direction générale des entreprises (DGE), pour qui ces incitations pourraient prochainement évoluer. « Il ne vous a pas échappé que l’on parle beaucoup de simplification, actuellement. Il est probable que certaines nomenclatures viennent ainsi à changer dans les prochains mois.

Pour Jean-Luc Bartharès, directeur R&D et relations adhérents de l’organisme Eco TLC, trois grands axes s’imposent pour la réussite de cette filière : la confortation et le développement des débouchés existants ; l’encouragement des applications émergentes ; et l’exploration de la voie de la valorisation énergétique. « Hier, 50 000 tonnes étaient recyclées », rappelle le responsable. « Aujourd’hui, nous sommes à 150 000. L’objectif est d’atteindre les 300 000 tonnes triés et valorisés, soit 50 % du gisement ».

« Nous allons vers une compétition sur les matières premières : ce contexte bénéficie au recyclé » analyse de son côté Raffaele Duby, chef de projet écoconception chez Décathlon. « En tant qu'eco-concepteur, le meilleur coton pour moi est celui qu'on ne produit pas. Et, en tant qu’industriel, je pense que cette filière peut bénéficier à la relocalisation des emplois du secteur. D’autant que nos collectivités ne sont pas de plus en plus riches, et les déchets ont un coût. C’est dans ce cadre qu’ils nous contactent ».

Des attentes en terme de design

« Le textile n’a jamais été anodin dans les évolutions industrielles » rappelle Arielle Levy, co-fondatrice de L’Herbe Rouge. « C’est en travaillant des matériaux de qualité que l’on arrivent à avoir une certaine logique dans la valorisation de ces déchets. Il faut aussi se projeter : comment valoriser ces textiles recyclés si nous les intégrons à des pièces dont certains éléments ne sont eux pas recyclables ? Montrons qu’il y a là un modèle probant ».

« Nous avons proposé notre premier sweat recyclé en 2012. Les ventes n’ont pas été au rendez-vous car, reprenant tous les éléments d’un jean, il était multicolore, et ressemblait il faut bien le dire à une serpillière », pour Christelle Merter, en charge de la Gentle Factory d’Happy Chic (Jules, Brice, Bizzbee). « Donc, pour que cela se vende, il faut que cela réponde à des attentes en terme de design. Aujourd’hui, nous nous interdisons d’utiliser le recyclage comme argument d’achat, car il ne doit pas être autre chose qu’une valeur ajoutée ».

« Nous avons en France des critères environnementaux et sociaux très exigeants. Beaucoup de PME y voient une contrainte. Mais l’affichage environnemental est une manière de montrer que ces processus sont porteurs de valeur », pour Eric Boel, du réseau d’industriels éco-responsables Alter-tex. « Il nous faut une finesse de tri suffisamment importante pour avoir derrière un panel de fils suffisant pour mettre sur le marché une offre extrêmement diversifiée ». 

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