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23 févr. 2019
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Roberto Cavalli, sur le point d’être vendue, renoue avec son ADN

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23 févr. 2019

Roberto Cavalli retrouve son esprit flamboyant et sexy, mais en mode contemporain. Avec cette quatrième collection féminine qu’il signe pour la maison italienne, Paul Surridge semble avoir trouvé le juste équilibre entre une sensualité luxueuse et solaire et une rigueur plus quotidienne et moderne. Une manière de remettre la griffe sur les rails, alors que son principal actionnaire, le fonds italien Clessidra, serait sur le point de céder une participation majoritaire à un nouvel investisseur.


Roberto Cavalli, automne-hiver 2019-20 - ph Dominique Muret


Selon les révélations publiées vendredi, soit la veille du défilé, par le quotidien milanais Il Sole 24 Ore, le designer allemand Philipp Plein serait sur les rangs, épaulé par un fonds, probablement Blue Skye Investment Group. Il pourrait monter jusqu’à 70 % au capital de Roberto Cavalli, les autres 30 % restant aux mains de Clessidra. Mais comme le souligne le journal économique, Philipp Plein n’est pas le seul candidat en lice. Seraient intéressés à la griffe aussi un groupe américain et Renzo Rosso, à travers sa holding OTB, qui gère déjà depuis 2011 la licence de la ligne jeune Just Cavalli. L'opération pourrait se concrétiser début mars.

S’il n’a pas souhaité commenter ces informations, le CEO de Roberto Cavalli, Gian Giacomo Ferraris, a indiqué à FashionNetwork.com, en marge du défilé, que la marque « avait besoin d’investissements ultérieurs ». « Le problème était de stabiliser l’entreprise, dont les ventes étaient en baisse. C’est ce que nous avons fait. Pour 2018, le chiffre d’affaires devrait s’inscrire en légère progression », nous a-t-il précisé.

En 2017, Roberto Cavalli avait vu ses ventes reculer de 1,8 %, à 152,4 millions d’euros, tout en réussissant à réduire fortement sa perte opérationnelle, passée de 26,2 millions d’euros en 2016 à 7,1 millions un an plus tard. Après une importante restructuration, avec plusieurs licenciements à la clé, la réduction du réseau de distribution et une réorganisation de son offre et de sa production, la marque a poursuivi son repositionnement en termes d’image et de style, en relançant notamment le menswear l’été dernier, dont la nouvelle collection pour l’automne-hiver 2019-20 a défilé samedi à Milan avec la femme.

Les deux vestiaires offraient des similitudes dans la palette, les motifs graphiques et les matières, avec des pièces interchangeables pour lui et pour elle, chaque collection affichant toutefois son propre caractère. Les hommes en bottes blanches endossent des costumes amarante, vert pétrole ou sauge délavée avec des chemises en soie aux couleurs flamboyantes et des tricots effet python.

Les femmes portent des cuissardes stiletto au fin talon métallique doré, alternant de longues jupes plissés et robes en soie fluides avec des robes tricots ajourés en laine sombre ou en fils de lurex et strass colorés. Longues ou ultra-courtes, elles moulent son corps, dénudant parfois le dos.


Paul Surridge réinterprète en couleurs le motif animalier de Roberto Cavalli - ph Dominique Muret


Le motif animalier, cher au fondateur éponyme de la maison, parcourt toute la collection, restitué dans un graphisme contemporain aux tonalités intenses (turquoise, jaune d’or, mauve, pourpre) un peu à la manière de la palette lumineuse de la peintre art déco Tamara de Lempicka. Ce « tigre lifestyle », comme le définit Paul Surridge en coulisses, s’empare non seulement des robes fluctuantes, mais aussi de pantalons, costumes, jumpsuit bustier, tops en velours, manteaux fourrés et doudounes.

Pour le soir, l’homme enfile une veste recouverte de paillettes argentées sur un pantalon noir, tandis que chez la femme, une pluie dorée ruissèle sur le haut d’une robe allant couvrir en partie les imprimés de ses motifs animaliers.

La collection fait la part belle aux manteaux taillés avec grande rigueur : des mini-redingotes, des modèles en python bleuté, d'autres en cachemire ultra-light coulant avec délicatesse sur le corps, sans oublier les austères, mais non moins superbes, manteaux en cuir noir.

« J’ai repris les codes de la maison comme les motifs animaliers, mais avec des imprimés très modernes. Dans le même ordre idée, j’ai modernisé le côté sexy en le rendant plus sophistiqué. L’idée dominante est ce pouvoir du luxe, comme statut, insufflé sur toute la collection à travers les matières, la recherche des couleurs et des imprimés, les finitions artisanales, tout en gardant une certaine rigueur », résume le designer.

Le retail via 28 boutiques représente 40 % des ventes de Roberto Cavalli, le wholesale 30 % et les licences 30 %. L'Europe est son premier marché avec 45 % des parts (l'Italie pesant encore pour 20 % des ventes), suivi par les Etats-Unis (27 %).

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