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11 oct. 2022
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Sista veut financer l’entrepreneuriat féminin en créant son fonds de 100 millions d'euros

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11 oct. 2022

Cent millions d'euros: tel est l'objectif de collecte de Sista, une organisation non gouvernementale (ONG) française, pour la création du Sista Fund, son premier fonds d'investissement. Créé il y a quatre ans, ce collectif - dont le nom signifie sœur en anglais - œuvre pour réduire les inégalités de financement entre les entrepreneures et entrepreneurs. Trente millions d'euros ont d'ores et déjà été récoltés. Afin de promouvoir l'entreprenariat féminin, Sista s'associe à l'accélérateur de start-up 50 Partners. Ce fonds d'investissement en capital-risque investira dans des entreprises (co)fondées par des femmes, qui sont en phase d'amorçage et en série A, afin de les aider à financer leur accroissement interne et externe.


L'équipe fondatrice du Sista Fund, de gauche à droite: Jérôme Masurel, Alice Groth, Hortense Deronchaine, Maxiem Précourt et Tatiana Jama - Sista Fund


Aux manettes de Sista: Tatiana Jama. Une "serial entrepreneure" doublée d’une "business angel" (ou "investisseur providentiel" en français) qui depuis 2011 investit des fonds dans de jeunes sociétés présentant un fort potentiel, pour les aider à éclore. Afin de promouvoir des start-up lancées par des femmes, cette diplômée de HEC a cofondé en 2018 avec Céline Lazorthes et Valentine de Lasteyrie le collectif Sista. Quatre ans plus tard, le fonds d'investissement du même nom, le Sista Fund, a été créé pour accompagner de jeunes et prometteuses entreprises dans leur croissance.

"Nous avons 4 secteurs de prédilection: la healthtech (santé digitale), les fintech & insurtech (finance, assurance), les SaaS (logiciels) et les start-up consumer [ndlr biens de consommation], précise sa co-fondatrice Tatiana Jama. Nous investirons uniquement dans des entreprises ayant une composante technologique."

Pour chaque société candidate sélectionnée (en phase d'amorçage ou en série A), un budget d'investissement allant de 250.000 à 3 millions d'euros leur sera alloué. Une aide financière nécessaire pour de jeunes start-upspour les aider à concrétiser leur projet: tout d'abord pour recruter des collaborateurs, pour ensuite se développer suffisamment et viser la rentabilité, puis pour les entreprises qui génèrent déjà du chiffres d'affaire pour leur permettre de recruter du personnel qualifié et de s'internationaliser pour tester leur produit sur de nouveaux marchés. 

Financer 25% de start-up (co)fondées par des femmes



L'ONG Sista peut compter sur de puissants soutiens à l'image de BNP Paribas, de la Française Des Jeux ou encore de L'Oréal Paris, et sur l'appui de personnalités reconnues de la French Tech. Parmi elles on trouve des dirigeantes engagées pour la parité comme Céline Lazorthes, également fondatrice de la plateforme de cagnottes en ligne Leetchi, Nathalie Balla qui a remis à flots La Redoute ou encore des entrepreneurs comme Steve Anavi à la tête de Qonto (une solution de financement européenne), Adrien Nussenbaum, le cofondateur de Mirakl un pionnier dans le modèle de la marketplace et Nick Hernandez le PDG de 360Learning une pépite de l’éducation collaborative en France.


Tatiana Jama, "serial entrepreneure" et co-fondatrice du Sista Fund un fonds d'investissement pan-européen - Sista Fund



"Avec le collectif Sista et en partenariat avec le Conseil National du Numérique, nous avons publié une Charte d’engagement pour favoriser la mixité dans le numérique, détaille Tatiana Jama. Cette charte a été signée par plus de 350 VCs, CVCs et accélérateurs qui s’engagent à avoir 25% de start-up cofondées par des femmes dans leur portefeuille d’ici 2025!" 
 

Féminiser davantage l’écosystème entrepreneurial



Si le gouvernement français a fait un premier pas avant, en matière de mixité, avec la loi Copé-Zimmermann votée le 27 janvier 2011, cela n’a pas suffi à briser le plafond de verre en France. Dix ans après son entrée en vigueur, le Sénat soulignait que moins d'un quart des postes à responsabilités des grandes entreprises cotées à la bourse de Paris (au SBF 120) était détenu par des femmes.

Du côté des petites et moyennes entreprises, en moyenne, les entrepreneures recevaient 2,5 fois moins de fonds que leurs homologues masculins. L'édition 2021 du baromètre Sista publié avec le Boston Consulting Group et le Conseil National du Numérique soulignait que 88% du montant des levées de fonds en France sont captés par des équipes entièrement composées d'hommes.

"Nous avons lancé Sista en 2018 avec pour mission de réduire le funding gap, les différences de levées entre les entrepreneures et les entrepreneurs, détaille cette ancienne avocate au Barreau de Paris reconvertie dans la tech. Les femmes doivent autant que les hommes participer à la conception des usages et services de demain, c’est une exigence sociétale mais aussi de performance."

Au lendemain du lancement de la levée de fonds pan-européenne Sista Fund, Tatiana Jama espère récolter "le plus tôt possible" les 70 millions d'euros restants pour les investir dans les projets candidats. Son équipe reçoit "une dizaine de dossiers par jour". La majorité des sociétés réside en France et en Europe, quelques unes sont domiciliées aux États-Unis. La féminisation de la gouvernance et de la direction opérationnelle des entreprises est en effet devenue un enjeu majeur d'une bonne gestion économique et financière des start-up et entreprises de demain.

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