Par
AFP
Publié le
20 juil. 2022
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Sri Lanka: Ranil Wickremesinghe élu président avec le soutien du clan Rajapaksa

Par
AFP
Publié le
20 juil. 2022

Le président par intérim du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, a été élu mercredi chef de l'État avec le soutien du clan de son prédécesseur Gotabaya Rajapaksa, qui a démissionné la semaine dernière après avoir fui son pays en faillite. Le pays pour rappel est le douzième fournisseur d'habillement de l'Union européenne et des États-Unis et sa récente faillite pourrait rendre difficile la production de textile: l'approvisionnement y étant compliqué et les coupures de courant, entre autres, nombreuses.


Ranil Wickremesinghe, lors du dernier rassemblement de campagne du parti avant les élections législatives à Colombo, le 2 août 2020 - AFP/Archives


Ranil Wickremesinghe, qui a été six fois Premier ministre, a été désigné chef de l'Etat à une écrasante majorité par les députés avec 134 voix, contre 82 à son principal adversaire Dullas Alahapperuma et seulement trois pour le candidat de gauche Anura Dissanayake.

Il devrait officiellement prêter serment jeudi. Le nouveau président a évoqué une cérémonie simple dans le bâtiment du Parlement, placé mercredi sous l'étroite surveillance de centaines de soldats et de policiers.

"Sortir de la crise"



Ranil Wickremesinghe, dont l'ambition de toute une vie est ainsi consacrée, a bénéficié du soutien du SLPP, le parti des Rajapaksa, le premier parti au parlement en nombre de sièges.
L'ancien président Mahinda Rajapaksa, frère aîné de Gotabaya et chef du clan familial, est toujours dans le pays et, selon des sources du parti, a exercé des pressions sur les députés pour qu'ils soutiennent Ranil Wickremesinghe.

Aussitôt élu, le nouveau président a appelé M. Alahapperuma, 63 ans, à le "rejoindre afin de travailler ensemble pour sortir le pays de la crise". Il hérite d'un pays de 22 millions d'habitants ravagé par une crise économique qui provoque des pénuries d'aliments, de médicaments et de carburants.

L'île, qui a fait défaut en avril sur sa dette étrangère de 51 milliards de dollars, n'a même plus assez de devises pour financer ses importations essentielles, et espère un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI).

Ranil Wickremesinghe, élu pour la période restante du mandat de Mahinda Rajapaksa, qui se termine en novembre 2024, doit maintenant choisir un Premier ministre pour former un gouvernement. Il pourrait nommer son ancien camarade de classe Dinesh Gunawardena, un ex-ministre de la Fonction publique et fervent partisan du clan Rajapaksa.

- Promesse de "fermeté" -



Ranil Wickremesinghe est honni par les manifestants, qui le considèrent comme un allié et protecteur de Gotabaya Rajapaksa. Ce dernier a fui la colère de son peuple le 9 juillet aux Maldives avant de trouver refuge à Singapour, où il a présenté sa démission.

Devant le Bureau présidentiel - où les manifestants campaient depuis des mois avant d'obtenir le départ de Gotabaya - Damitha Abeyrathne, une actrice de 45 ans, estime que le mouvement va se poursuivre. "Nous avons perdu. Le pays tout entier a perdu", dit-elle à l'AFP. "Les politiciens se battent pour leur pouvoir. Ils ne se battent pas pour le peuple, ils n'éprouvent rien pour ceux qui souffrent".

Mercredi soir, le nouveau président a mis en garde contre le recours à des moyens antidémocratiques semblables à ceux qui ont conduit à l'éviction de son prédécesseur.
"Si on essaye de renverser le gouvernement, d'occuper le bureau du président et celui du Premier ministre, il ne s'agit pas de démocratie, et nous traiterons ceux-là avec fermeté", a-t-il déclaré après une visite dans un temple bouddhiste.

"Je ne suis pas un ami des Rajapaksa, je suis un ami du peuple", a-t-il insisté.

Les manifestants qui occupent une partie du bureau du président ont reçu l'ordre de quitter les lieux avant mercredi soir, sous peine d'être expulsés. Selon un haut responsable de la police, toute personne endommageant des biens publics sera sévèrement punie. Certains observateurs s'attendent à ce que Ranil Wickremesinghe réprime durement toute manifestation.

Mardi après-midi, des centaines d'étudiants avaient manifesté leur opposition à Ranil Wickremesinghe et promis de le chasser comme Gotabaya.

Lundi, Ranil Wickremesinghe, alors encore président par intérim, avait prolongé l'état d'urgence, qui confère à la police et aux forces de sécurité des pouvoirs étendus. La semaine dernière, il avait ordonné l'expulsion des manifestants des bâtiments officiels qu'ils occupaient dans le centre de Colombo.

Selon le député tamoul d'opposition Dharmalingam Sithadthan, l'intransigeance affichée par Ranil Wickremesinghe à l'égard des manifestants a été bien accueillie par les députés, beaucoup ayant été victimes de violences pendant les manifestations. "Ranil apparaît comme le candidat de la loi et de l'ordre", a déclaré Dharmalingam Sithadthan à l'AFP.


(Avec AFP)

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Tags :
Industrie