Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
30 mars 2022
Temps de lecture
6 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Tanya Golesic (Mackage) : "Notre flagship parisien ouvrira ses portes rue Saint-Honoré en septembre"

Traduit par
Paul Kaplan
Publié le
30 mars 2022

De toutes les catégories de prêt-à-porter, c'est celle des vêtements de plein air qui connaît l'essor le plus remarquable, comme en témoignent les millions de doudounes vendues chaque année à travers le monde. Mais rares sont les marques à avoir su combiner performance et élégance avec autant de virtuosité que le label canadien Mackage, qui vient de signer le bail de son premier flagship à Paris.


Tanya Golesic, PDG de Mackage - DR


Fondée par Eran Elfassy en 1999, Mackage ne chôme pas ces derniers temps. Ce mois-ci, la marque a dévoilé sa dernière campagne, fruit d'une vision innovante qui met en scène le mannequin écologiste Quannah Chasinghorse, une Amérindienne née sur le territoire de la communauté Navajo en Arizona.
 
Les photos ont été prises par le talentueux Tyler Mitchell, un photographe originaire de Brooklyn qui a déjà travaillé pour Loewe et J.W. Anderson, connu pour ses portraits de personnes de couleur, empreints de noblesse et d'optimisme.

Cette campagne printemps-été 2022 distingue clairement Mackage, qui semble vouloir se démarquer du peloton de ses rivales du point de vue de son image comme de ses produits. La marque canadienne est sur le point d'obtenir la certification B Corp, qui atteste du respect de normes strictes pour garantir de bonnes conditions de travail pour ses employés, de bonnes pratiques tout au long de sa chaîne d'approvisionnement et la traçabilité de ses matières premières.
 
Il y a trois ans, la griffe a bénéficié d'une mise à jour grâce au designer Fabien Baron, qui a créé un logo original. Le nom de la marque provient d'une erreur de prononciation du mot "maquillage" par la nièce d'Elfassy.
 
L'été dernier, Mackage a engagé Tanya Golesic au poste de PDG. Cette dernière a rejoint la marque forte d'un CV impressionnant, qui comprend des passages chez Ralph Lauren, Marc Jacobs et Jimmy Choo. Grâce à Zoom, nous avons pris un café matinal avec la New-Yorkaise afin d'en savoir un peu plus sur ses objectifs pour Mackage.


Le mannequin Quannah Chasinghorse dans la campagne automne-hiver 2021 de Mackage - Photo : Mackage - DR


Fashion Network : Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec Quannah Chasinghorse pour votre campagne PE 2022? 

Tanya Golesic : Nous avons entamé notre collaboration avec Quannah à l'automne 2021, au moment où elle lançait sa carrière. C'est une femme forte et indépendante qui défend la préservation des territoires, mais c'est aussi une personnalité qui attire beaucoup le monde de la mode. Depuis, elle a réussi à s'y faire une place en défilant pour Gucci et Chanel et en participant au Met Gala. Pour le printemps 2022, nous avons fait appel à Quannah pour lancer notre collection durable, afin qu'elle apporte cette puissance authentique qu'elle dégage naturellement — comme deux forces qui s'unissent. Et en retour, nous avons soutenu la cause environnementale de son choix.
 
Lorsque j'ai pris mes fonctions ici en juillet 2021, je me suis entretenue avec notre fondateur, Eran Elfassy, pour examiner certains tissus et évaluer la part durable déjà présente dans nos collections. Le problème, c'est que nous n'avions jamais communiqué sur ce sujet. Nous n'en avions jamais parlé. À vrai dire, nombre de marques de mode s'efforcent d'atteindre les objectifs que nous avions déjà atteints. Pour être concret, nous espérons très prochainement obtenir la certification B Corp. Rares sont les entreprises de mode qui y parviennent. Cela demande des années et des années de travail et de préparation. Il y a des centaines de cases à cocher, c'est un processus long et ardu. Mais nous nous rapprochons de ce but, en espérant l'atteindre cette année.
 
FNW : Et pourquoi avez-vous voulu travailler avec Tyler Mitchell?

TG : Nous avons pensé que Tyler serait un excellent partenaire pour photographier Quannah car nous adorons ses portraits, plus que son travail pour la mode d'ailleurs. Il dégage une force tranquille et une belle constance qui conviennent parfaitement à notre époque. La collection présentée sur Quannah est composée à 100% de duvet recyclé et certifié responsable. Il s'agit de la première d'une série de campagnes responsables, qui se poursuivra probablement l'année prochaine.
 
FNW : Comment définissez-vous l'ADN de Mackage?

TG: L'esthétique de la protection, je dirais. Notre produit est beau mais aussi protecteur et ces deux attributs sont super importants. Une haute performance qui ne fait pas de compromis sur le style et le savoir-faire.
 
FNW : Quels sont vos principaux concurrents?

TG: J'adorerais vous répondre Moncler. Mais ce serait à la fois vrai et faux, car Moncler évolue dans sa propre sphère, tout en adoptant une démarche similaire, entre style et performance. Les autres marques auxquelles je pense sont plus axées sur la fonctionnalité.


Photo : Mackage - DR


 
FNW : Quelles leçons apprises chez Ralph Lauren, Jimmy Choo, Canada Goose et Marc Jacobs espérez-vous appliquer chez Mackage?

TG : Ce que j'ai compris chez Jimmy Choo, Marc Jacobs et au début de ma carrière chez Ralph Lauren, c'est le principe nécessaire pour construire une marque. Chaque entreprise avait un ADN de marque spécifique auquel elle restait fidèle. Chez Mackage, ce qui manquait vraiment, c'était le storytelling, qu'il fallait renforcer en particulier dans le numérique. C'était vital. Jimmy Choo proposait des chaussures et des sacs, Ralph Lauren proposait un lifestyle complet, tout comme Marc Jacobs. Aujourd'hui, puisque Mackage propose également des vêtements de ski et même des chaussures, nous aussi nous nous transformons en marque lifestyle.
 
FNW : Quelle est votre prochaine initiative en matière de vente au détail?

TG: Notre flagship parisien ouvrira ses portes au 418, rue Saint-Honoré en septembre. Nous disposons d'une distribution de gros très performante en Europe, d'un magasin à Londres, et nous distribuons nos collections dans des boutiques spécialisées et des magasins comme Selfridges. Mais Paris est l'épicentre de la mode! Et comme vous le savez certainement, dénicher un emplacement rue Saint-Honoré n'est pas une mince affaire — nous avons signé notre bail il y a un mois. Nous avons l'intention de proposer des collaborations, des exclusivités et des événements de lancement pendant la Fashion Week de Paris.


 


FNW : Combien de magasins exploitez-vous?

TG:  Nous en posséderons 20 d'ici la fin de l'année 2022, en comptant celui de Paris. Nous comptons environ 700 points de vente et sommes bien distribués en Chine et au Japon. Nous venons tout juste de lancer notre marque en Corée. Et nous espérons ouvrir prochainement des boutiques à Milan et à Beverly Hills.

FNW : Votre chiffre d'affaires annuel?

TG: Nous sommes une entreprise privée, nous ne communiquons donc pas de chiffre d'affaires annuel. J'aimerais vraiment pouvoir vous le dire, mais je ne peux pas.
 
FNW : Alors, quelle est la part de votre canal de vente au détail?

TG: Là encore, j'aimerais pouvoir vous répondre. Ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes vendus dans plus de 40 pays. Et que notre plateforme de e-commerce s'est considérablement développée au cours de la crise sanitaire. Elle représente aujourd'hui entre 20 et 30% des ventes.

FNW : Qui contrôle Mackage aujourd'hui, et serait-ce amené à changer prochainement?

TG : Notre fondateur Eran Elfassy et les fonds d'investissement se partagent à peu près équitablement les parts de l'entreprise. Et oui, nous envisageons différentes opportunités, parmi lesquelles une introduction en Bourse. Ou la possibilité pour LVMH ou Kering de nous racheter. Différentes possibilités sont actuellement à l'étude, mais rien dans l'immédiat.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com