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Trois mille ans d'histoire du parfum mis en scène à Paris

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17 avr. 2019

(AFP) - Utilisé pour les rites funéraires avant Jésus-Christ, pour dissimuler les effluves malodorantes au Moyen Age, devenu attribut du luxe et du plaisir de nos jours : le parfum est mis en scène dans un nouveau musée à Paris.



Dans un hôtel particulier en face de l'opéra Garnier, la maison familiale Fragonard, basée à Grasse, raconte le savoir-faire lié à cette ville de la Côte d'Azur, berceau de la parfumerie mondiale, inscrit en 2018 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.

« Si j'amène mes enfants ici, il ne faut pas qu'ils s'ennuient. Je veux aussi que les touristes chinois qui débarquent en France aient tout de suite une vision relativement essentielle du métier », explique à l'AFP Agnès Costa descendante de la dynastie Fragonard, qui dirige la création de la maison.

Accompagnés d'un guide, les visiteurs vont découvrir un « orgue du parfumeur » avec ses 400 flacons destinés à créer des compositions et utilisée jusqu'au 20e siècle, essayeront de relier les odeurs aux fleurs dans un jeu olfactif.

Marie-Antoinette, reine « parfumée »

Le coffret de Marie-Antoinette, cette « reine parfumée » qui contrairement à ses contemporains français a gardé de son enfance passée à Vienne de bonnes habitudes d'hygiène, est parmi les pièces fortes.

Les « pomanders », ces réceptacles de métal précieux dans lesquels on mettait des éponges imbibées d'huile essentielle racontent le Moyen Age : le parfum devient synonyme de paganisme pour l'Eglise, mais on lui prête toutefois le pouvoir de repousser les épidémies que l'eau apporte. Les hommes partis en croisades reviennent avec des épices rares et autres matières à odeur.

Les « vinaigres » dans les flacons sentaient très fort pour ramener à la conscience les femmes qui s'évanouissaient à cause des corsets trop serrés.

Un renversement s'opère au 18e siècle : les parfums, plus subtils, ne sont plus là pour combattre les mauvaises odeurs du quotidien, mais pour faire plaisir.

« Aujourd'hui, on aime les parfums plus aériens, plus légers, si je vous fais sentir un parfum du début du 20e siècle, vous serez étonné. Ils étaient très lourds. Quand on disait une goutte, c'était une goutte, le geste du "pschitt" n'existait pas », souligne Agnès Costa.

Russie, Chine, Moyen-Orient : parfums forts

« C'est comme les voix à la radio, dans les années 1950 et aujourd'hui, ce ne sont plus les mêmes. »

Les goûts pour les parfums varient en fonction de la géographie, raconte Mme Costa. « Les Français aiment les eaux de toilettes, parfums légers, fleuris, les Américains les parfums capiteux, notre parfum d'enfant tartine et chocolat a eu beaucoup de succès auprès des femmes japonaises. Les Chinois sont très portés vers l'extérieur, ils aiment les choses qui sentent fort, les Russes aussi, le Moyen-Orient tout cela puissance dix. »

Les modes de fabrications et les matières utilisées ont également beaucoup changé, pour le meilleur ou pour le pire.

Les parfumeurs ne travaillent plus avec un orgue à parfums, mais avec un papier et un crayon « comme des compositeurs qui ont la musique dans leur tête », ils font leurs formules, ils écrivent, ils ont quelqu'un qui pèse pour eux.

Les lois qui interdisent ou limitent les matières susceptibles de provoquer des allergies, telles les matières d'origine animale, la bergamote ou la fleur d'oranger « complexifient » la production du parfum et brident la créativité, raconte Agnès Costa.

« On doit retravailler constamment des anciennes formules. Les gens disent "le parfumeur fait des économies, mon parfum n'est plus le même", ce n'est pas toujours la faute du parfumeur, c'est souvent la loi qui nous oblige d'enlever les matières premières qui sont trop concentrées selon les normes de l'année », conclut-elle.

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