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Troyes, terreau encore fertile de l'industrie textile française

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18 sept. 2018

Troyes, 18 septembre 2018 (AFP) - Petite culotte centenaire, chaussettes pour l'armée, maillot du XV de France : ancienne capitale de la maille, Troyes (Aube) et sa région vivent toujours au rythme de l'industrie textile, portée par quelques fleurons.


Dans l'usine Petit Bateau - AFP/François Nascimbeni


« Troyes, c'était la maille, le textile... ça l'est moins qu'avant parce que les usines ferment et que les petites boutiques ont mis la clé sous la porte mais nous, nous sommes restés en France », confie John Bredemestre, responsable teinture et finition, dans le vacarme des machines de l'usine historique de Petit Bateau. Vingt-sept ans que ce salarié travaille sur ce site niché au coeur de Troyes depuis 1893, où sont développées et produites de nombreuses pièces de la marque, propriété du groupe français Rocher.

En 1914, la bonneterie auboise représentait « la moitié de la bonneterie nationale, en chiffre d'affaires comme en effectifs » et en 1930, l'Aube comptait « 40 000 employés dans ce secteur d'activité », selon le département. La filière textile-habillement n'embauche désormais plus que 2 124 salariés, selon les chiffres de juin 2018 fournis par la CCI de l'Aube.

Aujourd'hui, seuls quelques poids lourds du textile subsistent dans la cité champenoise : hormis Petit Bateau, Lacoste fait toujours tourner son usine historique et Absorba -vêtements pour enfants- y a son siège social. A une quarantaine de kilomètres, le Coq sportif a relocalisé une partie de sa production dans ses ateliers de Romilly-sur-Seine (Aube), dont les maillots du XV de France.

A l'usine Petit Bateau, qui emploie 250 ouvriers rien que pour la production, les machines tissent, lavent, tendent, sèchent, teintent et brodent les vêtements. Précision dans l'atelier de sérigraphie, concentration des ouvrières sur leur machine à coudre: Petit Bateau résiste encore aux sirènes de la délocalisation pour certaines collections à forte valeur ajoutée, comme ces pièces empaquetées, bientôt acheminées au Japon, son premier marché à l'export.

« Nous avons un outil industriel à conserver et nous voulons garder notre savoir-faire, ce qui nous différencie de nos concurrents », explique Guillaume Coquelet, directeur de la production France, au milieu des machines à tricoter. La marque réalise toutefois une partie du tricotage et la majorité de l'assemblage des pièces dans son usine de Marrakech, au Maroc.

Trois millions de chaussettes

La marque fête d'ailleurs les 100 ans de l'invention de sa célèbre petite culotte, notamment à travers une exposition visible jusqu'au 30 décembre au musée de la Bonneterie, à Troyes. Avec des pièces d'époque et d'anciennes campagnes publicitaires, l'exposition retrace avec malice la révolution de ce bout de tissu inventé en 1918 par Etienne Valton, fils de la famille troyenne fondatrice de Petit Bateau.

« C'est la capitale du textile parce que, contrairement à d'autres villes, on a créé les machines, les produits spécifiques et les marques. Tout s'est fait ici », explique Anthony Cardoso, assistant de conservations aux musées de la ville.

Si Troyes n'a pas échappé à la désindustrialisation du nord-est de la France, un agrégat de PME tire son épingle du jeu, sous-traitantes pour les grandes marques ou créatrices de leurs propres lignes pour se démarquer des textiles à bas coûts.

C'est le cas de Tismail, 48 salariés pour environ 6 millions de chiffre d'affaires, qui produit plus de 3 millions de paires de chaussettes par an, pour des domaines spécifiques comme la police, l'armée, la grande distribution. « Nous avons aussi lancé notre marque, La Chaussette de France, il y a cinq ans, et on enregistre une croissance de 40 % en 2018 », indique Benoît Seguin, PDG de Tismail, qui va « agrandir l'usine » et cherche à recruter.

D'autant qu'il reste ici « une histoire et une petite économie, car les fournisseurs de fils et de machines sont encore là », note ce patron qui rappelle que tous ces produits sont « 100 % fabriqués à Troyes ». Mais l'attractivité actuelle de la ville repose surtout sur ses magasins d'usine aux prix cassés, des villages de marques qui, selon la CCI, drainent près de 2,5 millions de consommateurs par an.

Par Fanny Lattach

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