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10 févr. 2016
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Un abri portable 3 en 1 pour les réfugiés syriens

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10 févr. 2016

Des étudiants en stylisme du London’s Royal College of Art ont créé un prototype de manteau qui se transforme en tente ou en sac de couchage. Ils estiment que le vêtement pourrait apporter aux agences d’aide humanitaire une solution durable et à bas coût pour aider les réfugiés qui arrivent en Europe.

L’« abri portable » est fabriqué à partir de Tyvek, un matériau très résistant et durable qui ne se déchire pas. Il est également imperméable à l’eau, mais perméable à l’air, et laisse donc respirer la peau. Selon les concepteurs, lorsqu’il est transformé en sac de couchage ou en tente, il conserve la chaleur du corps de la personne grâce à une doublure composée d’un matériau isolant, le Mylar.

 


Plus de 1,1 million de personnes fuyant la pauvreté, la guerre et la répression au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique, ont atteint les côtes européennes l’année dernière, la quasi-totalité en direction de l’Allemagne. La plupart d’entre eux arrivaient munis des quelques effets personnels qu’ils pouvaient porter.

L’équipe du RCA reconnaît que l’abri portable n’est pas censé être une solution à long terme, mais une aide aux réfugiés pour la période entre l’arrivée en Europe et l’admission dans un centre d’accueil.

« J’ai donné comme instruction aux étudiants de penser à la façon dont un vêtement pourrait devenir une sorte d’abri pour la durée d’environ trois semaines qui s’écoule entre leur arrivée en Europe et l’admission dans un centre d’accueil. Nous nous sommes fixé trois objectifs principaux : utiliser des matériaux durables et abordables, produire le vêtement en masse sans difficulté, le distribuer rapidement et à un grand nombre d’associations humanitaires, » explique Harriet Harriss, coleader du projet.

Royal College of Art


« Nous avons contacté un grand nombre d’organismes, dont Médecins Sans Frontières, très impliqué dans l’aide aux réfugiés sur le terrain », déclare Ann Sophie Geay, codesigner. « Nous avons tout d’abord réfléchi à la façon dont on peut porter sur soi "sa maison", c’est-à-dire tous ses effets personnels ou presque. »

La conception s’est inspirée des techniques de pliage d’origami : l’objet peut se se transformer en trois structures — manteau, sac de couchage, tente — et peut être construit en moins d’une minute par une seule personne.

L’équipe de dix étudiants travaille encore sur le perfectionnement du prototype actuel et effectue des essais avec divers matériaux destinés à maintenir la stabilité de la tente, tels que des bâtons de cerfs-volants que l’on pourrait faire coulisser dans la structure.

Ils réfléchissent également à une conception qui intégrerait des éléments gonflables dans la structure. La veste style parka à capuche contient des grandes poches de rangement étanches.

« Notre préoccupation principale consistait à créer un équilibre dans la disposition des effets personnels des personnes, à répartir le poids sur tout le corps pour un confort optimal. »

Royal College of Art


« Il se transforme facilement en sac de couchage, devient un abri pouvant accueillir un adulte et deux enfants, et, évidemment, un manteau capable de transporter divers objets tels que la documentation, les téléphones mobiles ou des effets personnels », ajoute Harriss.

Le prototype final est en cours de fabrication en Chine. Notre but consiste dans un premier temps à procéder à des tests sur le terrain au début de l’été, puis à obtenir un produit viable pour que les organismes humanitaires le distribuent aux réfugiés avant la chute des températures.

Les jeunes designers ont récemment lancé une campagne d’appel aux dons sur le site Kickstarter pour aider à financer la production de masse du vêtement 3 en 1 et permettre aux organismes d’aide aux réfugiés de le transporter et de le distribuer dans les endroits qui en ont le plus besoin.

Le design à bas prix et axé sur la charité vient contredire une industrie trop souvent centrée sur les articles de luxe, selon Harriet Harriss.

Elle espère ainsi réussir à démontrer, grâce aux abris portables, que les stylistes sont capables d’apporter leur contribution à la société. « Ce projet prouve que le stylisme ne se limite pas aux objets exclusifs et coûteux, mais se soucie également des problèmes de la société, qu’il a un cœur, » déclare Harriss, tout en ajoutant : « Le stylisme doit s’impliquer davantage dans ce type de problème social. »

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