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4 août 2016
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Un an après, la loi Macron a des effets "minimes" sur la croissance

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4 août 2016

Saluée par le FMI et Bruxelles, décriée par la gauche : la loi Macron a eu depuis un an des effets « minimes » sur la croissance poussive de la France qu'elle devait libérer, mais elle garde un caractère symbolique pour les réformistes.

Emmanuel Macron en visite au centre commercial Beaugrenelle - AFP


« Cette loi porte une série de mesures très concrètes qui ont commencé à changer le quotidien des Français », s'est félicité le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, dans une interview à La Dépêche du Midi parue jeudi, un an pratiquement après la promulgation du texte le 6 août 2015, au terme d'un parcours législatif semé d'embûches conclu par le recours au 49-3.  

« Un an après, la quasi-totalité de la loi est en application: 60 % de cette loi était directement applicable, donc en vigueur depuis un an, et les 40 % restants nécessitaient des décrets qui ont quasiment tous été pris », a-t-il précisé. 

Emmanuel Macron effectue régulièrement des points d'étape sur sa loi. En juin, il avait estimé à 1.500 les emplois nets créés dans le transport en autocar, mesure phare du texte. Il avait aussi vanté les bénéfices de l'ouverture des magasins le dimanche ou la réforme du permis de conduire qui permet d'en réduire le coût et la durée. 

Les économistes consultés par l'AFP dressent un bilan plus critique. « A part les 1.500 emplois créés par les bus, l'impact est limité. C'est infinitésimal », constate Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur Euler Hermes. Il estime à seulement un « demi dixième de point » (soit 0,05 %) l'apport de la loi à la croissance de la France, tombée à zéro au deuxième trimestre. 

« Une loi fourre-tout sans ligne directrice en termes de politique économique » dont « les résultats sont assez minimes pour l'instant », renchérit Christopher Dembik, économiste de la banque danoise Saxo, qui n'épargne que la libéralisation du transport en autocar. 

Aux yeux de Thibault Lanxade, vice-président du Medef, les bus dits Macron constituent effectivement « un succès ». « Il s'agit de l'une des avancées majeures » permises par le texte. « C'était un monopole de la SNCF, mais on a réussi à libérer le transport », assure-t-il. 

En revanche, pour le travail le dimanche, le bilan est plus discutable. « Le retour dont nous disposons de la part des commerçants est qu'il n'y a pas d'augmentation significative du chiffre d'affaires. Les dépenses de consommation sont apparemment réparties sur une durée plus longue », assure Christopher Dembik. 

Dans ce domaine, les choses mettent plus de temps que prévu à se mettre en place, beaucoup de commerces se heurtant à des résistances syndicales. 

Dans les 21 « zones touristiques internationales » créées dans le pays, les magasins sont théoriquement autorisés à ouvrir tous les dimanches et en soirée. Mais la loi Macron prévoit que ces ouvertures étendues restent soumises à un accord avec les syndicats ou à un référendum interne.

Le gouvernement a estimé fin juin que « la dynamique était enclenchée », des accords de branche (bijouterie, luxe) ayant été signés, et des grandes enseignes (Etam, Darty, Tati, Zara...) ayant trouvé un terrain d'entente avec leurs salariés. Mais le dossier reste bloqué dans les grands magasins, à l'exception du BHV, et chez des distributeurs importants comme la Fnac

Quant à la baisse des frais de notaires, également prévue par la loi, « elle est extrêmement marginale », constate Christopher Dembik, pour qui « nous sommes très loin de la dérèglementation des professions réglementées mises en avant », même si c'est "un petit plus pour les contribuables français ». 

Face à cet impact modéré, Ludovic Subran est convaincu que « le plus grand héritage de la loi sera d'avoir donné un grand coup de pied dans la fourmilière et de dire que d'autres pans économiques peuvent être dérégulés en France ». Selon lui, elle « un côté plus symbolique qu'autre chose ».  

« Auprès des investisseurs étrangers, la loi a été très importante. Elle montre un minimum de volonté » de réformer, explique Christopher Dembik. 

Le Medef, en revanche, reste sur sa faim. « Sur la simplification de la vie des entreprises, je pense que l'oeuvre est inachevée. Il aurait pu aller plus loin. On aurait eu besoin d'une loi Macron 2 qui in fine n'a pas vu le jour », regrette Thibault Lanxade.

Avec AFP

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