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Un tailleur colombien investi de la "mission divine" d'habiller le futur pape

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28 févr. 2013

CALI (Colombie), 28 fév 2013 (AFP) - Après avoir confectionné pendant des décennies des uniformes militaires, un tailleur a été investi d'une "mission divine" en Colombie, celle de coudre sur sa vieille machine "Singer" les vêtements dorés que revêtira le successeur du pape Benoît XVI.

Benoît XVI. Photo AFP.


"Cela fait des semaines que j'accomplis cette mission divine de coudre ces tissus qui m'ont été envoyés depuis Rome: la mitre, la chasuble, l'étole et l'aube que portera le futur souverain pontife", s'exclame Luis Abel Delgado, originaire de Cali, la troisième ville colombienne située à 500 kilomètres au sud-ouest de Bogota.

Ce tailleur n'oubliera jamais le jour du 11 février, lorsque le chef suprême de l’Église catholique surprit le monde entier en annonçant, à 85 ans, qu'il prendrait sa retraite à la fin du mois en raison de son âge avancé.

"Ce matin-là, le saint père m'a confié qu'il se retirait car il se sentait fatigué, que ses jambes étaient douloureuses et qu'il s'épuisait facilement", se rappelle ce petit homme sec de 44 ans, qui est depuis 2007 l'un des tailleurs au service du pape en compagnie de deux sœurs d’Équateur et du Guatemala résidant au Vatican.

A peine Benoît XVI abandonnera-t-il ce jeudi son pontificat que débuteront les "congrégations", les réunions des cardinaux afin de déterminer son successeur, que la communauté catholique espère voir investi avant la célébration des fêtes de Pâques prévues fin mars.

"Il m'a aussi dit qu'il aura le titre de pape émérite et qu'il s'habillera en blanc. J'espère pouvoir continuer à travailler pour lui et le Vatican, car cela m'inspire dans mon travail, c'est une bénédiction", ajoute le tailleur colombien.

"Dès vendredi, je vais envoyer une partie du costume et mardi prochain, le reste", assure encore le couturier, tout en brodant à la main une croix doré, avec un soin et une application millimétriques.

Autre souvenir gravé dans sa mémoire, ce jour d'octobre 2007: il entre au Vatican rendre visite à Benoît XVI auquel il offre un "drapeau de Colombie brodé à la main".

Le pape allemand l'avait fait venir après avoir apprécié, lors d'un voyage quelques mois plus tôt au Brésil, la qualité d'une mitre confectionnée par ce tailleur et qui lui avait été offerte par deux évêques colombiens.

"C'est triste maintenant de savoir que sa santé est fragile, mais j'ai confiance en Dieu, il ira bien. J'aide à mon humble façon le successeur de Benoît XVI et l’Église qui m'a tant apporté", glisse Luis Abel Delgado.

Engagé dans une course contre la montre, le tailleur s'affaire jour et nuit sur sa "Singer", une machine vieille de 170 ans, en compagnie de son neveu et de ses deux chiennes, Lola et Shakira, sa seule famille depuis la mort de son épouse et de sa fille il y a plus de dix ans.

"La couture m'a toujours intéressé, et en particulier les broderies à la main car cela demande un sens du détail, de la patience et de la créativité dans tous leurs aspects", poursuit-il dans son appartement, rempli de tableaux et de figurines à la gloire de Marie et de la vierge Guadalupe.

Qu'il exauce ou non son rêve de continuer à travailler pour le Vatican, Luis Abel Delgado n'est en tout cas pas près de se retrouver au chômage, compte-tenu de son carnet d'adresse.

Pendant 30 ans, il a non seulement réparé les uniformes de la brigade de Cali, mais il a aussi brodé les insignes sur les écharpes présidentielles portées par une vingtaine de chef d’États, en Colombie, en Argentine, au Chili, en Équateur, au Mexique, au Panama, au Pérou et aux États-Unis.Par Luis ROBAYO

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