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10 juil. 2022
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Valentino fait vibrer Rome avec sa haute couture

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10 juil. 2022

Valentino a marqué un grand coup, vendredi soir, avec un défilé spectaculaire au cœur de Rome. Après Venise l’an dernier, la maison de luxe, détenue par le fonds qatari Mayhoola, a choisi de revenir à ses origines, dévoilant sa collection couture pour l’automne-hiver 2022/23, intitulée "The beginning" (Le commencement) au cœur de la capitale, entre l’emblématique place d’Espagne et la Piazza Mignanelli, où se trouve le palais historique occupé par la maison et où elle organisait ses défilés par le passé. Au programme: 102 silhouettes et 755 invités.

Le splendide escalier de la Trinité-des-Monts a accueilli le show - Valentino

 
Vers 19 heures, l’effervescence est palpable Piazza di Spagna, où une petite foule afflue derrière les barrières qui bloquent tout le quartier, tandis que les plus chanceux sont déjà installés aux fenêtres des édifices alentours. Ballet de voitures noires, robes de gala aux couleurs vives, embrassades, grands sourires… Parmi les célébrités attendues, l’actrice américaine Anne Hathaway s'est assise près de Giancarlo Giammetti, l’associé et ami historique du fondateur, Valentino Garavani qui, lui, n’a pas pu venir. Les représentants des principaux organismes de la mode sont présents également, tels Pascal Morand, Carlo Capasa, Raffaello Napoleone, ainsi que 120 étudiants d’écoles de mode.
 
La musique couvre soudain le brouhaha. Une certaine émotion se fait sentir auprès du public romain, replongé d'un coup dans les fastes de l'Alta Moda d'antan, soit de 1986 à 2003, lorsque la semaine de la couture italienne se clôturait par "Donna sotto le stelle" (Femme sous les étoiles), célèbre programme télévisé, mais aussi grand show-événement, qui voyait les plus prestigieuses maisons du made in Italy (Versace, Armani, Dolce & Gabbana, Roberto Cavalli, Valentino, Ferré, etc.), défiler sur le monumental escalier à double volée de la Trinité-des-Monts.

Tout en haut, le premier mannequin a commencé à descendre, dans la lumière dorée de cette fin d’après-midi estivale, les 137 marches du monument baroque, qui la conduiront ensuite via un long podium vers Piazza Mignanelli, où elle rejoindra le siège de la griffe, "là, où tout a commencé". Elle est emmitouflée dans une mini-cape cocon composée d’énormes roses rouges en taffetas, hommage du directeur artistique Pierpaolo Piccioli à la mythique robe Fiesta créée en 1959 par le couturier Valentino.

Suivent des blouses à volants en Gazar impalpables, de volumineuses jupes en faille ou en organza comme ce modèle rebrodé de plumes turquoise, des robes chemises fluides en crêpe aux manches ballons ébouriffées de plumes, des fourreaux moulant en Cady de soie, des robes à fines bretelles entièrement couvertes de fines plumes d’autruche prêtes à prendre leur envol, ou encore des robes vaporeuses en voile de chiffon se gonflant sous la brise.

Le premier look est inspiré du modèle de la robe Fiesta créée en 1956 par le couturier fondateur - Valentino

 
Tout est aérien et flotte, tandis que le Ponentino, ce léger vent typique de Rome, soulève les traînes avec grâce. L’impression est accentuée par ces plumes virevoltant autour des chevilles ou ces amples coiffes plumées ondulant en nuage sur la tête de certains mannequins. "J’ai voulu donner une interprétation différente du romanticisme de Valentino, en allégeant au maximum. Dans cette collection, tout est lié au mouvement", souligne le styliste face à une poignée de journalistes.

Il se remémore sa jeunesse lorsqu'il venait à Rome de Nettuno, sa ville natale, située à plus d'une heure de la capitale, pour assister au milieu du public à "Donna sotto le stelle". Il se souvient encore lorsqu'il est arrivé dans la maison en 1999, pour y dessiner les accessoires. "A l'époque, je travaillais avec Valentino. Nous avons continuellement échangé depuis. Après ces 23 ans, j’ai éprouvé le besoin d’imaginer une conversation avec lui. Une conversation idéale, orientée vers le futur, marquant un nouveau début", glisse-t-il.
 
Les références aux codes de la maison traversent la collection. A commencer par les roses. Tantôt protagonistes, en format 3D géant appliquées sur des tops, couvrant des vestes, épinglées à la boutonnière d’un pardessus ou incrustée dans des manteaux en panne, tantôt plus discrètes, enlacées à la cheville. Il y a aussi les grands nœuds et rubans resserrant la taille ou encore le noir et blanc, comme dans ce manteau entièrement construit à partir de deux rubans à contraste tressés entre eux. Sans oublier le célèbre rouge Valentino, décliné dans toutes sortes de pièces.
 
Comme à son habitude, le designer élargit sa palette à un ensemble de couleurs lumineuses et intenses (vert émeraude, menthe ou jade, rose fluo, bordeaux, prune, violet, lilas, lime, etc.) proposées dans des total looks monochromes ou associées entre elles de manière inattendue. En bas résille, dans leur robe de soirée strassée ou des ensembles pantalons à micro-paillettes, accompagnées d’une vingtaine de garçons à l’allure décontractée, vêtus de pantalons lâches et d’un simple tricot marcel sur lequel ils ont enfilés leur somptueux manteau en cachemire, parfois avec de longs gants glamour en cuir, les mannequins semblent sortir d’une fête au petit matin, tandis que le compositeur britannique Labrinth chante en live.

La légèreté traverse toute la collection - Valentino

 
Avec ce casting inclusif, composé d’une majorité de mannequins issus des minorités, mettant en avant toutes sortes de morphologies et âges, tout en mélangeant les vestiaires masculin et féminin sans leur attribuer de genres définis, Pierpaolo Piccioli a voulu lancer un clair message politique contre les préjugés et l’homophobie.  
 
"Choisir ces morphologies, c’est leur redonner de la centralité. Chacun peut finalement être libre de s’exprimer tel qu’il est. En décidant de les faire défiler dans ce monument symbole de Rome, j’ai voulu leur donner une certaine emphase et officialité. Je crois qu’avec la beauté l’on peut raconter beaucoup. C’est une idée de beauté différente, qui raconte un monde en train de changer", conclut-il. En venant saluer, le créateur n’a pas oublié de s’entourer de l’atelier au grand complet, avec toutes les petites mains de la maison, qui terminent le tour de piste sous des applaudissements nourris.
 

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