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29 avr. 2019
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Visite des ateliers Cop.Copine à l'heure du passage de flambeau à la direction créative

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29 avr. 2019

En 32 ans d'existence, la griffe Cop.Copine, fondée par les frères Alain et Léon Nédélian, a bien changé. Une évolution visible au siège de la société, installé à Romainville en Seine-Saint-Denis depuis 2007, où une pièce surnommée "le musée", retrace sur une dizaine de portants l’histoire créative de la marque. L’inspiration années 80 est partout, avec des crop tops en maille côtelée rivalisant de couleurs vives et des vestes en similicuir qui se déclinent en orange vif, moumoute sanguine sur le col et les poignets. Pour Marie José de Oliveira, directrice artistique de la griffe depuis ses débuts, s’y rendre signifie replonger dans un univers qu’elle est en train de quitter. Après plus de trois décennies de création, elle laisse sa place à sa consœur Tania Zekkout.


Dans le showroom Cop.Copine de Romainville - TI


Selon la créatrice historique, « Tania Zekkout a en elle l’âme de la maison ». Ces dernières années, elle a occupé différents postes au sein de Cop.Copine, d’abord celui de mécanicienne modèle puis de styliste. Des fonctions occupées à plusieurs années d’intervalles, et entre lesquelles elle s’est essayée à l’homme et aux accessoires. Depuis novembre 2018, elle est de retour à Romainville où elle a travaillé à la collection automne-hiver 2019/20 aux côtés de Marie José de Oliveira, avant d’attaquer toute seule celle du printemps-été 2020.
 
Nommée "Au-delà du rêve", la collection hivernale comprend quelque 200 références de vêtements, auxquels s’ajoutent des bijoux, des sacs et depuis deux ans des paires de chaussures. La production est à 90 % effectuée en Europe et les matières se diversifient de plus en plus. Si Cop.Copine utilise depuis toujours des tissus naturels comme le lin ou le coton, la marque intègre aujourd’hui davantage la problématique de durabilité à ses collections. Première démarche : les doublures de ses toutes dernières doudounes où le duvet a été remplacé par une matière obtenue à partir de bouteilles en plastique recyclées.

« Le mantra de Cop.Copine n’a jamais changé : "Toujours graphique, un brin oblique, jamais basique". Nous laissons de la place aux détails et nos coupes se distinguent vraiment des autres. Nous nous adaptons aux demandes en suivant la mode, ce qui ne nous empêche pas d’être hors des cases et de jouer avec la différence, pour ne pas subir les tendances », explique Marie José de Oliveira. « L’idée, c’est aussi de détourner. Nous n’aimons pas les codes, nous préférons nous amuser à les réinventer, en tenant, malgré tout, compte des contraintes commerciales », ajoute Tania Zekkout.

Et de poursuivre : « Nous voulons revoir la façon dont nous communiquons, en montrant les détails de la création sur les réseaux sociaux pour être plus proche des clientes ». Autre nouveauté qu’elle souhaite mettre en œuvre au sein de la griffe : le lancement de capsules produites à plus petites échelles pour jouer sur la rareté et attirer le regard de nouvelles clientes.
 

A l'intérieur du "musée" Cop.Copine - TI


De quoi porter le nombre d'injections à sept par an, avec les deux lignes saisonnières, les quatre mini-collections premium composées de dix pièces, et une série de douze intemporels pensés comme « des pièces évidentes à toujours avoir dans son dressing ou dans sa valise ».

Pour élaborer les centaines de pièces siglées Cop.Copine qui seront en magasins les prochaines saisons, Tania Zekkout peut compter sur les 60 salariés du siège de Romainville. Y est installé l’atelier de moulage et de coupe, où l’on travaille sur des mannequins Stockman vêtus de soutiens-gorge pour se rapprocher le plus possible des corps féminins. Une fois le patron obtenu, il est digitalisé, avant d’être envoyé à l’usine avec les différentes gradations correspondant aux tailles du 36 au 42.
 

L'atelier de coupe et de modelage de Cop.Copine - TI


Jouxtant ce premier atelier, les machines à coudre s’activent en cadence dans la salle consacrée au montage, où les couturiers réfléchissent à la faisabilité des pièces imaginées par l’équipe style. « Grâce à la présence des ateliers au siège, nous avons la chance de voir un produit prendre vie et changer au fur et à mesure qu’il se construit », souligne Tania Zekkout.
 
A quelques pas des deux ateliers est entreposée la centaine de matières sélectionnées chaque saison, dans lesquelles seront faits et refaits les prototypes jusqu’à ce que les équipes trouvent celles qui collent.

Sélectionnées par le service production, elles ont toutes été lavées en machine à plusieurs reprises pour évaluer leur taux de retrait (le rétrécissement). S’il est égal ou supérieur à 12 %, elles ne passent pas le test. A l’inverse, en cas de succès, un échantillon atterrit dans « la salle des rêves » où figurent le moodboard et les mots clés de la collection en cours.
 

L'atelier de montage de Cop.Copine - TI


Le dernier contrôle revient aux deux femmes salariées en charge de la qualité. Une fois qu’un modèle est validé dans une matière, il est fabriqué en usine puis retourne à Romainville pour de nouveaux tests, avant d'être renvoyé en production pour être décliné dans les différentes tailles, le "size set". Une pièce de chaque taille est ensuite retenue par le contrôle qualité qui la passe trois fois en machine pour vérifier que les accessoires ne rouillent pas, que le tissu ne bouloche pas et que le produit ne rétrécit pas.

Les stocks des boutiques et de l’e-shop de Cop.Copine étant conservés à Romainville, les pièces contenues dans les camions, dont les arrivées se font quotidiennement, sont aussi soumises aléatoirement à des tests. En plus de ces contrôles, les chargés de la qualité se déplacent jusqu’à quatre fois par saison dans les différentes usines avec lesquelles travaille la marque.
 
Ultime bureau installé à Romainville, celui du service marketing. C’est ici qu’a été décidé le prochain plan média pour l’automne-hiver 2019/20, celui de la dernière collection pensée par Marie José de Oliveira, épaulée par Tania Zekkout. Il se concentrera sur le print, mais aussi sur le digital, parce que 2019 est l’année du numérique pour Cop.Copine. La marque prévoit ainsi une refonte de ses réseaux sociaux et de son site Internet au cours des prochains mois.
 

Les matières de l'automne-hiver 2019/20 - TI


Lancée en 2011, la plateforme en ligne effectue aujourd'hui 6 % du chiffre d’affaires de la marque. Les 58 boutiques Cop.Copine détenues en propre (55 en France, une à Madrid et deux au Luxembourg) réalisent 63 % de ses ventes. Le reste se fait via le réseau wholesale, qui compte selon la griffe 220 points de vente, dont des corners et des magasins multimarques.
 
Si la marque ne communique pas sur son chiffre d’affaires en 2018 (le dernier connu remonte à 2017 et se portait alors à 41 millions d’euros), elle précise qu’il a été affecté par une saison estivale compliquée et « une baisse sensible d’activité », sauf pour le canal digital. Un poste de responsable web a d’ailleurs été créé l'an dernier, tandis que la griffe a commencé à être distribuée fin 2018 sur Place des Tendances, et est arrivée en janvier sur La Redoute. Les magasins, eux, sont en train d’être rénovés et Cop.Copine recherche des partenaires locaux pour en ouvrir de nouveaux.
 
Une stratégie de développement qui s’accompagne de recrutements, comme celui d’un directeur retail, d’une responsable des ressources humaines, d’une autre en charge du marketing et d'une nouvelle directrice générale, Véronique Chandelon, venue récemment remplacer Christophe Bosc, qui était arrivé en 2017 au sein de l'entreprise.

Loin des chiffres, dans « la salle des rêves », l’inspiration de la collection printemps-été 2020 s’affiche en toutes lettres : ADN. Elle s’articule autour de quatre concepts clés, l’hérédité, le lien à l’autre, le retour à soi et le détail. Un hommage de Tania Zekkout au travail de Marie José de Oliveira, avec pour ambition toujours de cultiver la différence.

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