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Traduit par
Marguerite Capelle
Publié le
19 sept. 2017
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Erdem : jazz royal au château de Windsor

Traduit par
Marguerite Capelle
Publié le
19 sept. 2017

« J'aime l'idée d'échanger les rôles. Voici donc une chanteuse de jazz dans un palais royal ou bien la reine dans une boîte de nuit », a sourit Erdem Moralioglu après avoir mis en scène un défilé remarquable à Londres.


Photo: Instagram - Erdem


La capitale anglaise a été inondée par un vent de couture ce lundi humide et chez Erdem plus que partout ailleurs. Le créateur a passé du temps cet été à faire des recherches dans la garde-robe personnelle de la reine elle-même au château de Windsor.

Là-bas, il est tombé sur une photo datant de 1958 et montrant la reine rencontrant Duke Ellington à Leeds (endroit particulièrement surprenant s'il en est) : un cliché qui a ouvert les vannes de son inspiration. Apparemment, le roi George VI, père d'Elizabeth, était un grand fan de Duke.

Il a abouti à un résultat à la fois audacieux et très distingué. Son lookbook résumait brillamment l'ambiance, avec des clichés de la reine en train de danser et de la chanteuse de jazz Dorothy Dandridge en robe de soie incandescente.

La collection elle-même était digne des meilleurs ateliers de couture parisiens, tandis qu'Erdem jouait avec les références britanniques comme les chardons, les poireaux et les roses, qu'il a intégrées dans de merveilleuses robes de bal. Celles-ci s'inspiraient des robes portées par les demoiselles d'honneur lors du couronnement de la reine, mais coupées un peu bizarrement au dessus de la cheville et laissées inachevées.


 


Il a aussi présenté des robes manteau à l'évasé spectaculaire, avec des imprimés jacquard assez dingues, ainsi que plusieurs magnifiques manteaux Prince de Galles aux teintes passées, avec d'audacieux nœuds verticaux. Le tout complété par des talons hauts et des espadrilles en satin allongées, couvertes de perles.

« Je voulais prendre le formalisme et le mettre sens dessus dessous », expliquait le créateur turco-canadien en coulisses, insistant pour remercier Caroline de Guitaut, responsable des arts décoratifs de la Royal Collection Trust, pour avoir rendu cette collection possible.
 
L'oeuvre que propose Erdem est limitée. Pas un seul pantalon dans ce défilé. Mais la collection était d'une beauté hallucinante. Présenté dans un garage abandonné, réagencé en bar de jazz décadent des années 1950, il a été salué par un tonnerre d'applaudissements.

« Duke Ellington s'était tellement amouraché de la reine après l'avoir rencontrée qu'il a écrit ce morceau de musique incroyablement sexy et puissant. Il avait été perdu par le Smithsonian et n'a été joué que récemment, en 2002. Après n'avoir été joué qu'une seule fois ! » s'enthousiasmait Erdem, dont le final était présenté sur la Suite de la Reine de Duke Ellington et de son orchestre.

« Je pensais donc à Duke, au Cotton Club et à Dorothy Dandridge, à Ella Fitzgerald et Billie Holiday. Je voulais un échange incroyable, un renversement des rôles. Comme si la reine avait dansé toute la nuit. Deux mondes extrêmement différents qui se télescopent. Après cet été, nous avions besoin de quelque chose de festif », concluait-il après avoir présenté le premier véritable moment de mode de cette saison à Londres.

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