Chiffres-clés 2008 :

• Population : 65,5 millions d'habitants
• Emplois Textile-Habillement : 1,08 million de personnes
• Exportations françaises textile-habillement vers la Thaïlande : 32 millions d’euros
• Importations françaises textile-habillement depuis la Thaïlande : 238 millions d’euros

Industries textiles :

Entré en récession...

La Thaïlande va connaître en 2009 sa première récession depuis la crise asiatique de la fin des années 90. De 5 % de croissance annuelle en 2006 et 2007, le PIB du pays a décéléré en 2008 (+ 2,6 %) et devrait subir un recul de l’ordre de 3 % cette année. La consommation des ménages, qui constitue le principal pilier de l’économie thaïlandaise, a connu une légère contraction, de même que l’investissement des entreprises. Un plan de relance devrait toutefois permettre au pays de redémarrer en 2010. La situation politique confuse accentue ces difficultés. Le coup d’Etat de 2006 contre Thaksin, son exil, le retour de ses partisans au pouvoir, le blocage de l’aéroport de Bangkok fin 2008, puis l’instauration de l’état d’urgence sont autant d’incidents qui ont eu des conséquences négatives sur une économie thaïlandaise de plus en plus axée sur le tourisme.

...le pays parvient à moderniser son industrie textile

Dans ce cadre, le secteur textile, s’il occupe un poids moindre qu’il y a quelques années, semble plutôt bien résister aux aléas conjoncturels. Le pays conserve un poids relativement stable dans les échanges mondiaux de textiles (1,3 % en 2008 selon l’OMC). La Thaïlande apparaît comme un fournisseur important de tissus pour ses voisins moins développés et encore spécialisés dans la soustraitance de confection (Viêt-Nam, Laos, Birmanie, Cambodge). La zone ASEAN est désormais la première destination des tissus thaïlandais.

De surcroît, le coût du travail dans le textile amont est plus élevé en Thaïlande (1,80 $ de l’heure en 2008) que dans la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, ce qui a conduit les entreprises à monter en gamme. Les tissus de fibres synthétiques représentent ainsi une part croissante des exportations du pays. Il convient d’ailleurs de relever qu’au premier semestre 2009, les livraisons de tissus synthétiques étaient toujours bien orientées vers les pays de l’ASEAN dans un contexte où les exportations totales de tissus sont en recul (- 8 %).

Industries de l'habillement :

Fortement dépendantes du marché américain...

La crise actuelle a également eu des conséquences sur les confectionneurs thaïlandais : leurs exportations de vêtements ont affiché un repli de 14 % au premier semestre 2009. Le déclin du marché américain, principal débouché pour les exportations thaïlandaises, est pour beaucoup dans cette mauvaise performance : les livraisons y ont diminué de 8 % en 2008 puis de 29 % sur les six premiers mois de l’année 2009.



L’élimination des quotas d’importation depuis la Chine au 1er janvier 2009 a clairement joué en défaveur des producteurs thaïlandais, dans la mesure où l’Empire du Milieu est l’un des très rares pays à voir ses exportations d’habillement progresser vers les Etats-Unis en 2009. Cette prise de parts de marché s’est opérée au détriment d’autres zones de sourcing en Asie. Mais à vrai dire, la plupart des débouchés des entreprises sont en repli. L’Union européenne à 15, qui compte pour 30 % dans les exportations, a également vu ses importations en provenance de Thaïlande diminuer depuis le début 2009 (- 4 % sur six mois) après avoir bien résisté en 2008 (+ 13 %).

...les industries de l'habillement connaissent des performances dégradées

Outre la crise et la concurrence accrue au sein de l’Asie, les entreprises thaïlandaises ont subi le contrecoup de l’appréciation du baht. Un dollar américain valait plus de 40 bahts en 2005, contre environ 33 à l’heure actuelle. Cette évolution implique un renchérissement des produits thaïlandais pour les acheteurs américains.



En conséquence, la production d’habillement du pays a connu une sensible diminution, déjà amorcée avant la dégradation de la conjoncture mondiale. Déjà en 2007, la production des confectionneurs avait connu une baisse de 13 % par rapport à l’année précédente. De plus en plus, les entreprises thaïlandaises ont recours à des sous-traitants de confection dans les pays voisins à bas coût salarial ou peuvent même y ouvrir des succursales. Elles y trouvent une réponse à leur perte relative de compétitivité, ainsi qu’une stabilité politique plus favorable aux affaires. Dans le cas du Viêt- Nam, elles bénéficient de surcroît d’un accès facilité aux marchés américain et européen. On voit donc clairement poindre un désengagement progressif de ce secteur à forte intensité de main-d’oeuvre de la part de la Thaïlande.


FRANCK DELPAL