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Covid-19 : L’industrie du luxe pessimiste sur une reprise rapide

Publié le
4 juin 2020

La crise liée au Covid-19 laissera des traces durables dans le secteur du luxe et le retour à la croissance sera plus lent que prévu selon le rapport "A perspective for the luxury goods industry during - and after - coronavirus". L’enquête, rendue publique au cours d’une visioconférence mercredi, a été réalisée auprès de décideurs (marques, enseignes, fabricants) et consommateurs en Europe et aux États-Unis par le cabinet de conseil McKinsey & Company en partenariat avec la Chambre de la mode italienne (CNMI) et l’organisateur de salons Pitti Immagine.


L'un des derniers shows avant l'arrivée de la pandémie du coronavirus - Burberry


Mode et du luxe ont été durement touchés par la pandémie de nouveau coronavirus. Entre le 1er janvier et le 18 mars 2020, le secteur a chuté de près de 30% en Bourse (-42% pour la mode, -31% pour le luxe), les grands groupes de mode et de luxe ont vu fondre leur capitalisation boursière, leurs actions baissant de 32%, celles des grands magasins de 50%, tandis que les marques indépendantes ont mieux résisté avec un recul de la valeur de leurs titres de 26%.

Par ailleurs, est attendue pour 2020 une baisse de 20 à 60% du chiffre d’affaires des entreprises de biens personnels de luxe, tandis que les entreprises devraient essuyer une perte de leur résultat brut d’exploitation (Ebitda), selon l’étude.

Et les perspectives restent très incertaines. Selon les estimations de McKinsey, pour revenir aux niveaux de ventes de 2019, il faudra attendre le deuxième semestre 2021. Une prévision qui semble rejoindre l’opinion d’une bonne part des dirigeants du secteur. Les enquêteurs ont soumis, entre le 2 et le 10 avril, différents scénarios de reprise à plus de 2.100 managers.

80% des entrepreneurs et dirigeants du luxe évoquent un recul jusqu’à 40% de leurs ventes depuis le début de l’année



Pour 31% d’entre eux, c’est le scénario le plus sombre qui est apparu le plus plausible, à savoir celui prévoyant "une résurgence du coronavirus, un retour à la croissance sur le long terme et une reprise mondiale atténuée". Selon ce scénario, les ventes mondiales de biens de luxe devraient perdre 130 à 140 milliards d’euros en 2020 par rapport aux 390 milliards atteints en 2019, et encore de 40 à 50 milliards d’euros en 2021.

Près de 15% des dirigeants interrogés ont opté pour un scénario légèrement moins pessimiste avec "un virus contenu mais un secteur endommagé et une croissance tendancielle plus faible sur le long terme", tandis que 11% parient sur "une résurgence du virus et une croissance à long terme lente".

Seuls 16% tablent sur le scénario le plus optimiste avec "un virus contenu et un rebond de la croissance", ce qui permettrait au marché du luxe de ne perdre que 100 à 110 millions d’euros en 2020 par rapport à 2019 et de récupérer de 2 à 12 milliards dès 2021.

Entrepreneurs et dirigeants sont confrontés à "un impact significatif" de la crise, 80% d’entre eux évoquant un recul jusqu’à 40% de leurs ventes depuis le début de l’année. Ils voient par ailleurs cet impact s'étendre à plusieurs dimensions de leur entreprise.

Selon eux, les principaux risques pour l'industrie du luxe sont liés à une baisse drastique de la consommation (pour 26% d’entre eux), aux stocks excessifs (23%), aux démarques agressives de la part des revendeurs et des marketplaces (21%),  à la tension de trésorerie à gérer (13%). Certains craignent même une perte des compétences internes (9%).

Les accessoires et les cosmétiques devraient être les secteurs les plus résilients. Les difficultés devraient toucher surtout le réseau de vente en gros, avec le report des achats des consommateurs et une faible pénétration de leurs ventes en ligne, soulignent les auteurs de l’étude.

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